La journée à la mémoire des victimes de la Shoah

Le Talmud raconte le destin tragique d’un sage nommé « Honi le traceur de cercles ». Honi parvenait à faire des miracles en dessinant simplement sur le sol des cercles dans lesquels il se tenait, comme coupé du monde et de ses pairs. Mais un jour, Honi s’endormit près d’un arbre et la légende raconte qu’il dormit miraculeusement pendant 70 ans. À son réveil, plus personne ne le reconnut, ni ses enfants ni ses élèves, et c’est ainsi qu’il mourut, coupé de tous et ravagé par la solitude.

Dans le Talmud, ce chiffre de 70 ans correspond à l’enchaînement de trois générations, la possibilité pour un homme de rester éveillé et de voir naître des enfants à ses enfants, c’est-à-dire de voir comment ceux qu’il a vu naître transmettent à leur tour. Comment faire pour que les petits-enfants connaissent et reconnaissent l’histoire qui leur a donné naissance ? Comment savoir qu’on a su transmettre ? 

Pour la pensée juive, donc, 70 est aussi le chiffre de la transmission ininterrompue.

Le Zohar affirme que la Torah a 70 visages, c’est-à-dire une multitude de facettes qu’il convient d’explorer, dans la conscience, que chaque individu doit offrir au monde une lecture inédite.

Raconter l’histoire des victimes de la Shoah, rappeler leur vie, c’est se souvenir de ce qu’ils auraient dû nous apprendre, de l’absence et du vide que rien ne pourra combler, et du devoir qui est le nôtre de ne jamais nous « endormir » mais de veiller sur leur mémoire.

N’OUBLIE JAMAIS : Un clip rap  pour marquer le Yom Hashoah

יום השואה, yom ha-shoah « Journée de la Shoah », officiellement dénommée Yom ha-zikaron laShoah vèlaGvoura (יום הזיכרון לשואה ולגבורה « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme ») est une date qui a été fixée par l’Etat d’Israël.

Cette journée rend initialement hommage aux insurgés du ghetto de Varsovie (19 avril 1943, 13ème jour de la révolte) et autres partisans juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, considérés comme autant de frères d’armes et précurseurs des pionniers de la nation israélienne, elle s’étend à mesure de la compréhension du phénomène à l’ensemble des victimes de la politique nazie d’extermination du peuple juif.

Chaque année, depuis 1951, Yom Hashoah est commemoré le 27ème jour du mois de Nissan.

La commémoration de Yom Hashoah aura lieu le 16 avril.

Puis viendront Yom Hazikharone (3 Iyyar, 22 avril), jour dédié aux morts israéliens, et Yom Haatsmaout (4 Iyyar, 23 avril), qui commémore l’anniversaire de la création de l’État d’Israël.

yom hashoah timbre 1

Yom Hashoah donne lieu en Israël à diverses cérémonies civiles, la principale se tenant à Yad Vashem, et à d’autres coutumes, dont les sirènes du souvenir qui retentiront à 8H45 en Israël et la marche des vivants, observées par l’ensemble de la population juive israélienne, à l’exception de certains milieux orthodoxes et haredim.

Le 12 avril 1951, le rabbin Mordékhaï Nurock, doyen de la Knesset, parlementaire du parti Mizrahi et survivant de la Shoah, au nom de l’unité nationale, proclame au nom de la première Knesset « le 27 nissan de chaque année Yom Hashoah OuMered HaGhettaot (Jour de la Shoah et de la Révolte des Ghettos) – un jour éternel de commémoration pour la maison d’Israël ».

Cette date, qui n’est au goût de personne, a été choisie car elle « coïncide avec la plus grande partie du massacre des Juifs d’Europe et avec la révolte du ghetto qui a eu lieu en Nissan ». Elle se tient certes en Nissan mais une semaine après la période de Pessah, au cours de la période de l’omer.

Yom HaShoah devient la commémoration des précurseurs de l’état d’Israël, et symbolise le passage de la destruction à la renaissance (MiShoah lèTkouma) de la nation juive.

Cependant, le souvenir de la Shoah passe, à cette époque, au second plan dans l’exubérance et les contingences liées à la construction de l’état; l’état lui-même souhaite le contenir au maximum car David Ben Gourion — dont l’opinion sur la question est particulièrement polarisée — craint de donner l’image d’une nation faible, n’existant que par la compassion du monde à son égard.

La Shoah revient périodiquement sur le devant de la scène lorsque Ben Gourion, en recherche de fonds, décide d’accepter les réparations proposées par l’Allemagne de l’Ouest en 1952, suscitant aussitôt des critiques de tout bord ou lorsque Rudolf Kastner, membre important du Mapaï, est accusé par un pamphlétiste de collaboration avec les Nazis. Ces affaires ne sont pas sans retombées puisqu’elles suscitent notamment la Loi Yad Vashem en 1953, la construction du mémorial du même nom, qui entend restituer à chacune de ces vies un nom et un visage, et la chute de cabinet ministériel.

En 1959, Mordekhaï Nurock a pris acte du peu d’effet de la proclamation de la commémoration sur les consciences et, appuyé par une centaine d’associations de survivants, dépose le projet de la Loi de la Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme.

Promulguée par le président de l’État, Yitzhak Ben-Zvi, et son premier ministre David Ben Gourion, elle réitère la proclamation du 27 Nissan comme Yom Hashoah Vehagvoura («Journée de la Shoah et de l’Héroïsme»), sauf si la date devait avoir lieu le vendredi, auquel cas elle serait reportée la veille afin de permettre le respect du chabbat. La notion d’héroïsme a été élargie à la sanctification du nom divin, la résistance «passive», la dignité devant la mort, englobant donc l’ensemble des victimes; l’on commémore désormais «le désastre dans lequel les Nazis et leurs collaborateurs ont fait plonger les Juifs d’Europe, ainsi que les actes d’héroïsme et de révolte en ce jour». Deux minutes de silence sont décrétées dans l’ensemble du pays ainsi que la mise en berne des drapeaux et la tenue de cérémonies commémoratives dans les casernes et les institutions éducatives.

En Israël, la commémoration débute au coucher du soleil par une cérémonie d’état dans la cour du ghetto de Varsovie à Yad Vashem à Jérusalem. Les drapeaux sont mis en berne, Le président de l’État d’Israël et le premier ministre font des allocutions, six survivants de la Shoah allument six torches qui symbolisent les six millions de Juifs exterminés par l’Allemagne nazie et ses collaborateurs. Le Grand Rabbin d’Israël récite des prières dont le Kaddish.

Le jour de Yom HaShoah à 8H45 heures du matin, les sirènes retentiront pendant deux minutes à travers tout Israël. Les voitures, les bus s’arrêtent et les passagers en sortent. Les piétons s’arrêtent également et respectent deux minutes de silence. Pendant ce jour les lieux de loisirs et la plupart des établissements publics sont fermés conformément à la loi. Les chaînes de télévision et de radio diffusent essentiellement des programmes documentaires à propos de l’Holocauste et des interviews et reportages sur les commémorations et de la musique triste. Aucune publicité n’est diffusée.

Les enfants vont traditionnellement à l’école habillés en bleu et blanc, les couleurs du drapeau national, où ils assistent à des cérémonies. Des commémorations ont également lieu dans les lycées, où les étudiants écoutent les témoignages des derniers survivants et discutent de cette période en classe. À Auschwitz, des milliers de personnes commémorent ce jour par la Marche des Vivants par opposition aux marches de la mort de l’Holocauste. Ces évènements font partie de l’enseignement scolaire sur la Seconde Guerre Mondiale et sont subventionnés par le Ministère de l’éducation.

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Les 15 et 16 avril 2015, jour de Yom HaShoah, le Mémorial de la Shoah, le Mouvement Juif Libéral de France (MJLF), l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF) et le Consistoire de Paris, organisent ensemble la lecture des noms des déportés juifs de France devant le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah.

Au cours de cette lecture publique ininterrompue de 24 heures, sont prononcés, un à un, les noms de chaque homme, femme, enfant juifs déportés entre 1942 et 1944, convoi par convoi.

Cette année sont lus les convois n°44 à n°84.

Quelques 200 personnes, personnalités, anciens déportés, parents, bénévoles, lisent à tour de rôle, à partir des listes issues du livre Mémorial de la Déportation de Serge Klarsfeld, les noms de « ceux dont il ne reste que le nom » (Simone Veil).

Programme des manifestations organisées pour Yom Hashoah 2015 en France :

yomhashoah.fr

fr.wikipedia.org

aish.fr

terredisrael.com

tenoua.org

 Recueil : Florence Cherki

ZYNGIER Abram

Abram Zyngier (à Pithiviers?)

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