Il est sidérant qu’en la semaine même qu’Israël marque le 20e anniversaire de l’assassinat du Premier Ministre et Ministre de la défense Yitzhak Rabin, le président de l’Autorité palestinienne et chef de l’OLP Mahmoud Abbas se soit rendu devant la Commission des droits de l’homme et ait demandé à l’ONU d’établir «un régime spécial de la protection internationale » des Palestiniens contre Israël.
« Inutile de perdre du temps dans les négociations pour le simple plaisir de négocier. Ce qui est nécessaire c’est la fin de l’occupation conformément à la légitimité internationale », a déclaré l’homme qui n’a jamais mené de bonne foi des négociations avec Israël et a même refusé de faire semblant de les tenir pendant les sept dernières années.
Il est ironique qu’Abbas ait publié cette dernière salve de sa guerre diplomatique contre Israël durant la semaine qui marque l’assassinat de Rabin en Israël. Tandis que notre présumé partenaire à la paix nous calomnie sur une autre scène internationale, notre introspection autour de l’anniversaire de l’assassinat nous démontre que nous avons très peu appris au cours des 20 dernières années.
Pour sa part et coutumièrement, la gauche emploie le meurtre de Rabin aux fins d’accuser la droite tant pour l’assassinat que pour l’échec du processus de la paix avec l’OLP.
Les commentateurs nationalistes réaffirment le fait évident qu’ils répètent chaque année : Il y a un monde de différence entre une sollicitation au meurtre et un différend politique.
L’Auto-flagellation nationale annuelle d’Israël autour de l’anniversaire de l’assassinat de Rabin est un double travestissement. C’est une parodie d’abord parce que cela nous empêche de venir aux faits de la véritable cause de l’échec d’Oslo. Et c’est aussi un simulacre, car il déforme le dossier jusqu’à la non-reconnaissance de Rabin comme leader et son dévouement continu à la sécurité nationale d’Israël.
La revendication de la gauche qu’ Yigal Amir a tué non seulement Rabin, mais les chances de paix, repose sur l’hypothèse que, contrairement aux cinq hommes qui ont servi en tant que Premier ministre depuis que Rabin a été tué, Rabin aurait atteint un accord final avec Yasser Arafat, s’il avait vécu jusqu’au terme de son mandat.
Cette affirmation ne tient pas compte de la nature du processus d’Oslo et déforme la position de Rabin le concernant.
Contrairement à ce que les architectes et les partisans d’Oslo prétendent, le processus d’Oslo aurait pu ne jamais culminer en paix entre Israël et les Palestiniens. Il n’aurait jamais engendré la paix parce que l’OLP n’en était jamais intéressé.
Juste après avoir conclu l’accord initial avec Israël en Septembre 1993 Yasser Arafat prit le vol de Washington pour l’Afrique du Sud. Là, il déclarait à un public musulman que le processus de paix était une fraude. Arafat expliquait que le processus d’Oslo affaiblirait Israël tout en renforçant les Palestiniens. Ils utilisent (Arafat et les palestiniens) cette position améliorée pour atteindre leur objectif de destruction d’Israël par le djihad.
Ce ne fut pas l’unique chute de grâce de la part de M. Arafat. C’était son message cohérent à la fois au monde musulman au large et aux Palestiniens.
Après qu’Israël ait lancé ce qu’il considérait comme processus de paix avec l’OLP, le ministère de l’Éducation avait commencé à changer le programme scolaire. À partir de 1994, les enfants israéliens apprenaient que l’OLP est une force modérée et un partenaire à la paix.
De l’’autre côté, suite à la formation de l’Autorité palestinienne en 1994, les Palestiniens changeaient leur programme scolaire pour endoctriner leurs enfants et ne voir en les Israéliens que des sous-hommes et leur assassinat, la plus haute vocation morale. Les kamikazes pour la période 2000-2005 ont été les produits de ce programme scolaire.
Ainsi, alors que le gouvernement israélien de Rabin embrassait le mouvement de la paix, l’OLP pourchassait et assassinait les dénonciateurs Palestiniens qui coexistaient pacifiquement avec Israël. Entre autres, ils aidaient Israël à mettre la main sur les terroristes et prévenir leurs attaques contre ses citoyens. L’Autorité Palestinienne glorifiait les terroristes de toutes les manières possibles, les présentant comme héros nationaux, allant jusqu’à imprimer des cartes gendre base-ball avec leur effigie au lieu des stars du sport.
La situation n’a fait qu’empirer sous le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas. Sous Abbas, les Palestiniens qui se livrent simplement au commerce avec des Israéliens ou achètent des produits israéliens sont arrêtés et discrédités.
En d’autres termes, Oslo n’a pas échoué parce que Rabin a été tué. Oslo a échoué – et continue d’échouer – parce qu’il avait été fondé sur de fausses hypothèses concernant les Palestiniens et la nature de leur conflit avec Israël.
Mise à part la foi qui faisait d’Arafat un artisan de la paix, Oslo assumait que l’absence de paix découlait de l’absence d’un état palestinien et était donc la faute d’Israël. Si Israël voulait tout simplement donner suffisamment de terrains à l’OLP pour le rendre heureux, alors la paix sera là.
Mais comme Shlomo Ben-Ami, qui avait servi comme ministre des Affaires étrangères lorsque le processus d’Oslo prit fin au Camp David en Juillet 2000 – déclarait, cette hypothèse était également fausse. Les Palestiniens n’étaient jamais intéressés à régler leur différend avec Israël en tout terme.
Ben-Ami expliquait au journal Haaretz en Septembre 2000, « la concession d’Arafat vis-à-vis d’Israël [à Oslo] était une concession formelle. Moralement et conceptuellement, il n’a pas reconnu le droit d’Israël à exister. Il n’a pas accepté l’idée de deux états pour deux peuples. Ni lui, ni le mouvement national palestinien ne veulent nous reconnaitre … Leur désir de nous éliminer est beaucoup plus grand que celui de posséder un état ».
En d’autres termes, Oslo n’a jamais été un processus de paix, parce que les Palestiniens y ont vu, non pas comme un moyen de construire leur propre patrie nationale, mais une opportunité de détruire Israël. L’idée que le processus de paix est mort avec Rabin est absurde parce que le processus de paix n’a jamais réellement existé en dehors de l’imagination de la gauche.
Cela nous amène à la deuxième parodie au cœur du festival annuel d’auto-haine d’Israël. Non seulement elle déforme la nature du processus d’Oslo, mais aussi la vie et le legs de Rabin.
Rabin n’était pas un pacifiste. Il n’était pas un idéologue ébloui. Rabin était un faucon de sécurité qui avait consacré sa vie à la défense et à la sécurité d’Israël. Certes, Rabin croyait que l’absence de paix avec les Palestiniens était à la racine du rejet d’Israël par le monde arabe au large. Mais il croyait aussi qu’il y avait une limite à ce qu’Israël pourrait offrir aux Palestiniens.
Rabin prévoyait que les grandes lignes d’un accord final avec les Palestiniens se limiteraient plus ou moins à celles définies par Yigal Allon, dans son plan de paix de 1967. Rabin croyait que l’état final du processus de paix impliquerait une autorité autonome de direction palestinienne plutôt qu’un état présidant sur environ la moitié de la Judée et Samarie, et une grande partie de la bande de Gaza.
Jérusalem, à son avis, devrait rester unie sous la seule souveraineté israélienne. Les communautés israéliennes de Judée, Samarie et Gaza resteraient en place. Israël maintiendrait son contrôle sur les zones non cédées aux Palestiniens, dont les frontières internationales avec l’Égypte et la Jordanie, à perpétuité.
Sans trop insister là-dessus, la vision de Rabin d’un accord final ressemblait beaucoup au plan diplomatique de Bayit Yehudi qu’à la position du Parti travailliste.
Rabin n’était également pas épris d’Arafat ou de l’OLP.
Rabin n’était pas l’architecte du processus d’Oslo.
Shimon Peres et ses associés ont négocié l’accord initial à Oslo derrière le dos de Rabin.
Rabin s’était senti contraint d’adopter leur accord parce qu’il avait promis aux électeurs durant la campagne électorale de 1992, qu’il allait poursuivre la paix avec les Palestiniens. Une fois que Peres et ses associés avaient progressé avec l’OLP à Oslo, le processus de paix que Rabin avait supervisé (et connaissait) à Washington n’avait aucune chance de réussir. Rabin aurait perdu la confiance de ses électeurs s’il avait rejeté l’accord d’Oslo de Peres.
Mais même en l’adoptant, il maintenait un sain scepticisme de ses chances de succès. Et comme les attaques terroristes se multipliaient durant les mois d’après la cérémonie de signature sur la pelouse de la Maison Blanche, Rabin commença à envisager l’annulation du processus.
Amnon Abramovich, commentateur gauchiste expliquait dans une interview peu de temps après l’assassinat de Rabin, « Rabin préférait le fait que l’accord d’Oslo ne soit pas un fait accompli, contrairement à un accord avec la Syrie qui serait irréversible. Rabin avait souligné le fait qu’Oslo était un processus qui pourrait être inversée à chaque étape ».
À la veille de son assassinat, qui survenait à cause de l’ascension du terrorisme palestinien, Rabin envisageait sérieusement d’abroger entièrement le processus d’Oslo.
Dans une interview au 15e anniversaire de l’assassinat de son père, Daliah Rabin expliquait que son père était sur le point d’annuler la transaction et revenir en arrière. Dans ses termes, «les gens qui étaient proches de mon père m’avaient dit à la veille de son assassinat, qu’il considérait terminer le processus d’Oslo ».
Rabin n’était pas un homme aveugle qui avait sprinté vers l’avant ».
Les actions d’Abbas à l’ONU cette semaine, réclamant du monde la protection des Palestiniens contre Israël, et poursuivant simultanément à son retour chez lui ses appels aux Palestiniens à s’armer de couteaux et faire de leurs véhicules des béliers pour assassiner des israéliens, ne doivent pas nous surprendre.
Elles sont une pièce de la politique précédente de manigances diplomatiques de l’OLP de 2000 à 2003 dans le sillage de sa guerre terroriste contre Israël.
Ces manigances ont mené les États-Unis à former le dit Quatuor avec l’ONU, la Russie et l’UE et d’embrasser la feuille de route pour la paix – document diplomatique le plus anti-israélien qui ait jamais vu la lumière du jour en 2003.
Aujourd’hui, Abbas utilise le terrorisme de maison afin de convaincre les Nations Unies de dicter les termes de la reddition israélienne en Judée, Samarie et à Jérusalem en faveur de l’OLP.
Abbas et Arafat ont réussi il y a 12 ans et peuvent réussir aujourd’hui pour un certain nombre de raisons indépendantes de la volonté d’Israël, mais aussi pour une raison qu’Israël contrôle.
Abbas est en mesure de réussir à l’ONU, en partie parce qu’Israël refuse de reconnaître qu’il n’y a jamais eu de processus de paix. Arafat nous a menti et a menti au monde sur ses intentions réelles, alors que nous nous mentons sur la nature de la guerre palestinienne contre nous. Tant que nous continuons à jouer avec cette vieille charade, nous serons incapables de concevoir et de mettre en œuvre une défense diplomatique cohérente et efficace contre les montagnes de mensonges et d’assassinats sur lesquelles l’OLP a fondé sa guerre contre Israël durant les 55 années dernières.
Israël contribue au succès diplomatique de l’OLP à l’ONU parce qu’il refuse de faire ce que Rabin avait reconnu nécessaire il y a 20 ans.
Le temps est venu de rendre justice à Rabin et de mettre fin au processus d’Oslo une fois pour toutes.
Caroline Glick Adaptation de Thérèse Zrihen-Dvir
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