Yamina siégerait dans l’opposition, se préparant pour «le lendemain de Netanyahu»

La décision aurait été prise après des négociations avec le Likoud. D’autres observateurs pensent que ce ne sont que des menaces, dans une surenchère pour arracher quelques postes : notamment, pourquoi pas : la Santé à Bennett et l’Education à Shaked, le poste de vice-ministre de la Défense pour Rafi Peretz…

Naftali Bennett et Ayelet Shaked de la Nouvelle Droite partent après que les sondages de sortie montrent qu'ils n'entreront pas dans la 21e Knesset (crédit photo: MARC ISRAEL SELLEM)
Naftali Bennett et Ayelet Shaked de la Nouvelle Droite partent après que les sondages de sortie montrent qu’ils n’entreront pas dans la 21e Knesset (crédit photo: MARC ISRAEL SELLEM)

Le parti Yamina a déclaré dimanche matin qu’il siégerait dans l’opposition à la Knesset à l’avenir, accusant le nouveau gouvernement d’être « de gauche » et disant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait fait preuve d’un « manque de respect flagrant » envers le parti de la droite de droite.

Dans une déclaration amère et belliqueuse à la presse annonçant sa décision, Yamina a attaqué les lettres de créance (ou le crédit) de Netanyahu sur le système judiciaire et les politiques envers le Hamas à Gaza, et a déclaré qu’il se préparait pour l’ère politique post-Netanyahu.

«À la lumière de la composition du gouvernement et de ses politiques apparentes en tant que gouvernement de gauche dirigé par Netanyahu et à la lumière du manque de respect flagrant du Premier ministre envers Yamina et ses électeurs, Yamina a décidé de servir le public depuis l’opposition dans les prochains mois, et de se battre à partir de là pour le camp nationaliste », a déclaré le parti dans un communiqué à la presse.

Le parti a déclaré que la décision avait été prise après des négociations approfondies avec le Likoud qui, selon lui, «avait choisi de démanteler le camp de droite et ses partenaires de droite.

Dans une série de piques acerbes contre Netanyahu, le parti a déclaré qu’il « se préparerait au lendemain de Netanyahu » en disant que cette parole se réaliserait « dans six mois » et qu’il s’agit de former une « véritable alternative de droite » au Likoud pendant son opposition.

« Une droite qui n’est pas prête à vendre le système judiciaire à gauche pour sa survie personnelle », a déclaré Yamina dans sa déclaration en référence aux concessions que Netanyahu et le Likoud ont faites à Bleu et Blanc sur le contrôle du ministère de la Justice et son influence sur les nominations judiciaires et celles de hauts responsables de l’application des lois.

La déclaration de Yamina a également attaqué Netanyahu pour ce qu’il a décrit comme sa volonté de gagner les faveurs au Hamas et au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et l’a accusé de « vendre le judaïsme à des politiciens » en référence à la déférence du Premier ministre envers les ultra-orthodoxes sur les questions de religion et d’État.

Le Likoud a demandé avec causticité en réponse si oui ou non Yamina serait entrée au gouvernement si elle avait reçu un autre portefeuille ministériel, comme il l’avait demandé.

Le Likoud a déclaré dans son communiqué de presse: «Ce sera le premier gouvernement de l’histoire de l’État qui appliquera la souveraineté sur la Judée et la Samarie et il est dommage que Yamina ne fasse pas partie de cela juste à cause des combats internes sur l’attribution des portefeuilles ministériels. Nous espérons que Yamina retrouvera son sang-froid, fera preuve de responsabilité nationale et entrera dans un gouvernement qui dirigera un processus historique dans l’histoire du sionisme. »

Avec Jpost
La politique est ainsi faite, qu’après les grands affrontements électoraux incarnant le conflit, comme sur le champ de bataille, vient l’heure des négociations et de la recherche du compromis optimal, sans mettre en péril ses principes fondamentaux.
Netanyahu a dû batailler ferme avec Gantz pour construire un gouvernement d’union, sans y laisser toutes ses plumes et son scalp. Le résultat est injuste : presque le même nombre de postes ministériels pour le bloc de droite que pour le Bleu et Blanc alors que celui-ci est en scission d’avec la bande à Yaïr Lapid et ne représente donc plus qu’une fraction de l’ancien B&B qui s’est réellement présenté devant les électeurs.
Entre autres objets de négociation, Netanyahu a préservé la question de la souveraineté sur les blocs d’implantation, question primordiale pour l’avenir de l’Etat et des frontières ; et il a dû, en contrepartie, laisser courir la bataille pour la redéfinition des prérogatives de Justice, en abandonnant le poste à un proche de Bleu et Blanc, Avi Nissenkorn. Ce n’est certainement pas souhaitable, dans l’idéal, mais alors fallait-il remporter haut la main les élections et ne pas laisser tant de champ électoral à Bleu et Blanc.
Au lieu d’admettre les résultats de ces tractations, Yamina se réfugie dans la posture de « l’après-Bibi », de « l’après-nous le Déluge » : on est pendant Bibi, pour encore au moins 18 mois. On ne peut pas se contenter d’intransigeance symbolique, si on veut participer au processus politique et décisionnel, historique, lui-même. Le Likoud a toujours été un parti réaliste, de pouvoir et de gouvernement, et reconnaît donc les limites de sa marge de manœuvre. Il dirige donc au Centre-Droit et même sous Begin et Shamir, cela a toujours été plus ou moins le cas : négocier avec Sadate, si les Assad refusent toute avancée à l’Est du Golan. Ce n’est pas « être  « de gauche » comme le prétend abusivement Yamina, mais précisément : conservateur, au sens plein du terme : comme optimiser ce qu’il reste même quand on a « tout perdu »… C’était aussi le raisonnement de Sharon quand, Ministre des Infrastructures, il disait : je maximise l’étendue et le peuplement des implantations, pour le jour où je serai contraint de négocier ». Même calcul en lâchant Gaza pour mieux développer la Judée-Samarie…
Yamina reste dans le monde immatériel des « principes », mais est incapable de trouver la juste mesure pour faire partie du processus, du progrès en marche : notamment, n’entre, semble t-il, pas dans sa réflexion, le juste milieu de la souveraineté, quand il faudra marcher de concert avec les Américains, et, plus périlleux, les Arabes désormais moins ou non-hostiles, tels que l’Egypte et la Jordanie, les pays du Golfe… : un processus historique est en marche, ce qui suggère du doigté, de la diplomatie et de savoir comment marcher sur des œufs, sans faire exploser de mines : bref un vrai travail de commandos politiques.
Au moment où cela devient « dangereux », Yamina joue à « tout ou rien »‘, prend la poudre d’escampette et refuse de se mesurer au monde du réel. Comme s’il se contentait de sa position « sioniste-religieuse », dans un débat interne où on est tous à peu près d’accord entre nous, mais encore? … Au nom d’une réflexion nationaliste, mais sans appréhension d’un environnement diplomatique avec lequel composer si nécessaire tout en avançant quand même…
Il est donc à craindre que s’ils ne relèvent pas le challenge, le gant (z), il n’y ait point « d’après-Bibi », pas d’héritage facile de la droite, pour Yamina, mais juste des postures, des strapontins en laissant un sentiment d’incapacité à gouverner. Là précisément, où Netanyahu aura été le magicien, l’homme des équilibres et des situations imprévues. Ce que l’histoire ne lui retirera pas… Le Sionisme est plus proche de Netanyahu comme pragmatique, homme de fer et du faire, que du monde éthéré des idées, de ces Sionistes qui se disent « de droite », mais demeurent du côté du rêve et deviennent inaccessibles au moment d’atteindre et de conduire le « pouvoir ».
Marc Brzustowski

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