Pour Washington, Moscou est « responsable » du raid contre un convoi humanitaire en Syrie

La diplomatie russe a aussitôt fait part de son « indignation » et de sa « colère » concernant ce qu’elle considère être des allégations faites par des « protecteurs de terroristes et de bandits ».

Les dégâts causés par un raid aérien sur un convoi humanitaire à l’ouest d’Alep, le 20 septembre 2016.
Les dégâts causés par un raid aérien sur un convoi humanitaire à l’ouest d’Alep, le 20 septembre 2016. OMAR HAJ KADOUR / AFP

La Syrie a replongé, mardi 20 septembre, dans la guerre, pendant que Washington et Moscou s’accusaient mutuellement d’avoir fait voler en éclats la courte et fragile trêve des combats qui ravagent le pays depuis plus de cinq ans. Réunie à New York pour l’Assemblée générale l’Organisation des Nations unies (ONU), la communauté internationale a assisté, impuissante, à l’échec de la diplomatie et à la reprise des violences.

  • Passe d’armes entre Moscou et Washington sur l’attaque d’un convoi humanitaire

Le ton est monté d’un cran, dans la soirée de mardi, entre les Etats-Unis et la Russie à propos d’une frappe aérienne contre un convoi humanitaire près d’Alep, la veille. Vingt personnes, dont le responsable du Croissant-Rouge, ont trouvé la mort dans ce raid, qui a sucité une indignation planétaire et entraîné la suspension de l’acheminement par camions de l’aide de l’ONU qui avait à peine démarré.

La Maison Blanche a affirmé qu’elle tenait « le gouvernement russe pour responsable » de ce bombardement, soulignant que seuls Moscou ou le régime syrien, son allié, pouvaient en être à l’origine. Plus précis dans ses accusations, un responsable américain, sous couvert d’anonymat, avait confié que deux bombardiers russes SU-24 survolaient la zone lors de l’attaque. L’opposition politique syrienne a elle aussi incriminé Moscou et Damas.

La diplomatie russe a aussitôt fait part de son « indignation » et de sa « colère » concernant ce qu’elle considère être des allégations faites par des « protecteurs de terroristes et de bandits ». Le Kremlin, qui avait déjà démenti son implication, a précisé que l’armée « enquêtait » sur ces événements.

  • Reprise des violences, la « faiblesse » de la communauté internationale dénoncée

Sur le terrain, les violences ont repris de plus belle au lendemain de l’annonce par l’armée syrienne que le cessez-le-feu, péniblement imposé par Washington et Moscou il y a une semaine, avait pris « fin ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins 27 barils explosifs ont été largués sur Alep mardi matin. Dans la ville et dans la province, près de 40 civils ont été tués depuis lundi, selon l’organisation non gouvernementale.

De fait, la trêve, fruit d’un énième accord américano-russe scellé à Genève le 9 septembre, a fait long feu, même si les dirigeants mondiaux réunis à l’ONU ont tenté de se convaincre du contraire et multiplié les déclarations d’intention.

Un dirigeant de l’opposition syrienne, Riad Hijab, a, lui, dénoncé à New York « la faiblesse totale » de la communauté internationale face à ce conflit qui s’est internationalisé et complexifié. Depuis son déclenchement, en mars 2011, il a fait plus de 300 000 morts, des millions de réfugiés, provoqué une crise humanitaire au Moyen-Orient et en Europe, ainsi que partiellement détruit le pays.

  • Volonté américaine de « poursuivre le difficile travail de la diplomatie »

Pour son ultime discours à la tribune des Nations unies, le président américain, Barack Obama, s’est borné à promettre de « poursuivre le difficile travail de la diplomatie » dans ce dossier. Il quittera le pouvoirle 20 janvier en ayant refusé pendant quatre ans toute intervention militaire d’envergure au Moyen-Orient. Son homologue français, François Hollande – qui comptait à l’été 2013 sur des frappes américano-françaises contre le régime du président Bachar Al-Assad, avant que M. Obama se ravise –, s’est quant à lui exclamé devant l’ONU : « Ça suffit ! »

« Le cessez-le-feu n’est pas mort », a assuré de son côté le secrétaire d’Etat améicain,John Kerry, à la sortie d’une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant depuis un an 23 pays et organisations internationales. Mais aucune annonce n’a été faite après une heure de discussions « dans une ambiance dramatique et lourde », selon le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. M. Kerry et son homologue russe, Sergueï Lavrov, devraient se revoir cette semaine et le GISS se réunira de nouveau probablement vendredi, ont déclaré des diplomates.

  • Enquête américaine sur une éventuelle bavure à Deir ez-Zor

L’armée américaine enquête de son côté sur une frappe meurtrière de la coalition menée par les Etat-Unis, samedi, près de Deir ez-Zor. Cette dernière, qui visait le groupe Etat islamique, a semble-t-il touché des soldats de l’armée syrienne, faisant 90 morts. Les investigations devront notamment déterminer « qui nous pensions viser (…) et qui nous avons en réalité frappé », a expliqué le colonel John Thomas. L’événement avait mis à mal l’accord russo-américain. Damas, allié de Moscou, avait dénoncé un acte « délibéré ».

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le

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