Saint-Denis, mercredi 24 octobre. Aïcha Nadiri, animatrice de sa maison de Quartier et mère de famille, craint tous les jours pour ses propres enfants. LP/Jean-Baptiste Quentin

Rixes de rue mortelles : «Aidez-nous à sauver nos enfants !» (mais qui les a éduqués?)

Aïcha Nadiri, mère de famille de la cité Floréal à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), exprime sa lassitude et ses craintes face à la violence entre jeunes dans sa ville.

C’est un petit cercueil fait de carton, de tissu, et sur lequel est inscrit un poème. Pour la deuxième fois en quelques années, Aïcha Nadiri et d’autres mères de Saint-Denis l’ont porté à bout de bras, dans les rues de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) il y a quelques semaines. « C’était une façon de dire : On ne veut pas que nos enfants terminent là-dedans », explique cette maman, âgée de 45 ans. La marche a eu lieu en écho à la mort de Luigi. L’adolescent de 16 ans a été fauché par balles le 17 septembre, dans ce qui s’apparente à une brouille entre cités.

La tragédie a saisi d’effroi toute la ville, sans épargner le quartier Floréal, où habite Aïcha. « Je me suis sentie très mal, confie-t-elle. Je ne connaissais Luigi que de vue. Il avait été dans le même collège que ma fille. Mais c’est l’un de nos enfants qui est parti. On ne peut pas accepter ça. »

Un mort pour être « pris au sérieux »

En cet après-midi de vacances scolaires, la cité Floréal offre un visage paisible. Des ados entrent timidement dans la maison de quartier et viennent serrer la main d’Aïcha, qui y travaille comme animatrice. Voilà 17 ans qu’elle habite là, après avoir « grandi en pavillon, dans le nord de la France ». Ici, dit-elle, c’est « comme une famille » : « On partage des moments conviviaux, des moments de stress, des pleurs, de la colère. »

La colère, précisément, a grandi dans le cœur d’Aïcha. « Il y a plusieurs années, les habitants s’étaient rassemblés contre les violences entre deux collèges. L’an dernier, on a marché contre les violences entre notre quartier et le quartier Allende. On a réclamé des médiateurs, on a demandé de l’aide. A l’époque, on disait : Est-ce qu’on doit attendre qu’il y ait un mort pour qu’on nous prenne au sérieux ? Et puis, c’est arrivé… »

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Dans le quartier, la mort de Luigi est dans toutes les têtes. Aïcha a le sentiment que les parents font ce qu’ils peuvent, à leur mesure. « Ils ne sont pas démissionnaires. Certains sont simplement démunis. Ils ont besoin d’être aidés. » Elle-même est en permanence sur le qui-vive, veillant de près avec son mari sur ses quatre enfants, âgés de 8 à 21 ans. Tous les soirs, confie-t-elle, elle vérifie que les baskets de son fils aîné sont bien devant la porte de sa chambre. « C’est plus fort que moi. Ça me rassure. C’est le signe qu’il est bien rentré du travail, qu’il ne lui est rien arrivé. Parce que la violence est partout, omniprésente. Et pas que dans nos quartiers… »

Elle s’insinue aussi au lycée Paul-Eluard, toujours à Saint-Denis, que fréquente l’une de ses filles : « Depuis le début de l’année, elle est rentrée plusieurs fois à la maison en disant : Les cours se sont arrêtés, parce qu’il y a eu des intrusions, des coups, un parpaing lancé à travers la fenêtre d’une classe… »

« La solution, il faut qu’on la trouve ensemble »

Elle a déroulé ces anecdotes en souriant malgré tout. Et puis le sourire s’efface, le regard d’Aïcha s’assombrit : « Je redoute la violence. A chaque fois que je vois des jeunes courir, je me demande ce qui se passe. Vendredi dernier, j’ai séparé une bagarre à la sortie du collège. Un garçon et une fille s’étaient attrapés. Je me suis interposée au moment où le garçon mettait un coup de poing, un vrai coup de poing. J’ai eu tellement peur… »

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Mais si elle peut séparer une bagarre, Aïcha sait qu’elle ne peut rien contre les expéditions punitives, les coups de feu, les explosions de violence collective… « La solution, il faut qu’on la trouve ensemble. Les parents, les élus, le président, les ministres… Aidez-nous à sauver nos enfants ! Il faut que l’Etat mette les moyens pour nous aider. On réclame depuis longtemps des médiateurs, des professionnels pour parler avec les ados. Il faut trouver des formations pour les plus grands qui traînent sans rien faire. »

leparisien.fr

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Madredios

Une seule solution : Retour au bled.

Simon

Personne ne trouve bizarre que dans un pays réputé pour sa « laïcité », une femme « voilée » puisse être animatrice dans une maison de quartier et s’exprimer librement dans les médias. Donc on considère dés à présent, que la religion musulmane peut s’afficher normalement et ostensiblement dans notre pays. Il ne faudra pas alors s’étonner de la montée en puissance du communautarisme. En France nous ne sommes pas un pays Anglo-Saxon. Le droit à la différence est une absurdité quand on veut vivre dans un nouveau pays qui vous accueille la moindre des choses c’est d’accepter de s’y intégrer, voir de s’y assimiler. Pas la peine d’y importer les habitudes néfastes qui vous ont pour la plupart fait quitter votre pays natal.

emile sebag

Vous n’avez rien fait pour éduquer vos enfants, la rue la drogue ou etiez-vous ? Vos enfants et vous devriez rentrez au bled.

Bonaparte

Ce n’est pas à l’état d’élever et éduquer ses enfants .

Elle touche les allocs , ce n’est déja pas si mal .