Une gauche de brutes: le franc-parler de Caroline Fourest
par Caroline Fourest
Une certaine gauche a décidément le sens des priorités. Quand elle ne fait pas l’apologie du voile, elle défend… l’apologie du terrorisme ! C’est le sens d’un manifeste lancé cette semaine. Par un syndicat qui n’a donc rien de mieux à faire, la CGT, et une vieille dame sous tutelle : la LDH.
Depuis que ses avocats, soumis aux islamistes au prétexte d’être insoumis politiquement, ont mis la main sur son héritage, elle ne sert plus qu’à accuser l’État de tous les maux : d’« islamophobie » ou de porter atteinte aux droits de l’Homme dès qu’il se défend. Dernière cible en date ? Les procès pour « apologie du terrorisme ». Dénoncés par ce texte comme une « police de la pensée », ils ne serviraient qu’à « bâillonner l’expression des protestations sociales, démocratiques et écologiques ». Sans les nommer, on parle de militants écologistes qui appellent à tout casser, au lieu de protester pacifiquement, et de responsables politiques ou syndicaux convoqués pour avoir salué les massacres et les viols du 7 octobre comme des faits de résistance… Aux côtés des premiers comme des seconds, le manifeste légitime clairement le recours à la violence, pudiquement baptisée « protestation sociale ».
Alors que nous parlons de convocations pour avoir applaudi des pogroms en Israël, il ajoute : « Comme eux, face aux crimes et aux massacres commis au Moyen-Orient, nous pensons que la violence et que la vengeance se payent de toujours plus de sang. » Un renversement écœurant, qui peint le terrorisme en légitime défense. Sans surprise on retrouve au bas de ce manifeste le défilé habituel : Cécile Duflot, Rony Brauman, Étienne Balibar, Nancy Huston, Laurence De Cock, Éric Fassin, Pascal Boniface… Un mélange de militants propalestiniens et d’intellos fascinés par le modèle américain. Les deux se rejoignant pour soutenir la loi du plus fort, façon Hamas ou Elon Musk, contre la régulation à la française. Puisque c’est l’enjeu. En dehors du style des Jeux olympiques, deux tests permettent de mesurer l’océan culturel qui sépare l’Amérique de la France : la laïcité et la liberté d’expression.
Aux États-Unis, où la liberté a été conquise pour protéger le religieux, tout est toléré, même inciter à la haine ou à la violence. En revanche, il est mal vu de blasphémer ou de fâcher les croyants. En France, où la liberté a été arrachée à l’Église, on a conquis le droit de froisser les bigots, de contester les idées et les croyances. La seule limite est d’inciter à la haine ou à la violence physique. Un réglage subtil et à défendre. Car il protège dans ce Far West numérique où le lancer de fatwas et de javelots racistes menace des vies, et nos démocraties. Qu’un fondamentalistes du Premier Amendement comme Musk, hostile à la moindre régulation, peste d’être rappelé à quelques règles par un commissaire européen ne surprend pas. Que des militants et des intellectuels se réclament du progrès pour défendre ce monde de brutes, sans limites et sans filtre, faire l’apologie du voile, et maintenant du terrorisme, n’étonne plus, mais afflige.
JForum.fr avec www.franc-tireur.fr

Caroline Fourest
Essayiste, écrivaine, éditorialiste, scénariste et réalisatrice. Diplômée de l’EHESS, elle a enseigné à Sciences Po. Ses nombreux ouvrages, consacrés à l’analyse des doubles discours extrémistes, à l’égalité, l’universalisme et la liberté d’expression, ont reçu de nombreux prix et sont traduits dans plusieurs langues.
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