Saint-Jean-de-Luz : une enseignante meurt poignardée en plein cours dans son lycée, un élève arrêté

Une enseignante du lycée Saint Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz est décédée après avoir été poignardée par un élève ce mercredi dans la matinée, a annoncé le parquet de Bayonne. Le drame a eu lieu en plein cours d’espagnol, selon les informations de France Bleu Pays Basque. L’agresseur présumé est un élève de 16 ans scolarisé en classe de seconde. On ignore encore les raisons de son geste, mais il a été interpellé. La police judiciaire de Bayonne est saisie.

Une arme blanche cachée dans du papier

Selon le témoignage d’un élève recueilli par la reporter de France Bleu Pays Basque sur les lieux à la mi-journée, l’agresseur se serait levé en plein cours, tenant une arme blanche cachée dans du papier. Il aurait d’abord bloqué la porte de la salle avant de se diriger vers l’enseignante et de la poignarder en pleine poitrine. Les autres élèves se sont alors enfuis de la classe.

Le ministre de l’Éducation attendu

À la mi-journée, l'établissement a été évacué.À la mi-journée, l’établissement a été évacué. © Radio France – Oihana Larzabal

Il n’y a plus de danger au sein de l’établissement, selon une source proche du dossier. De nombreux secours et forces de l’ordre ont été dépêchés sur les lieux et, dans un premier temps, les élèves ont été priés de rester dans leurs classes. À la mi-journée, ils ont été évacués de l’établissement.

Une « personne discrète » et « excellente professeure »

Sous couvert d’anonymat, un membre du personnel a accepté de témoigner auprès d’ Ouest-France. La victime est décrite comme une femme souvent seule, qui donnait beaucoup à son travail. « Elle n’avait pas de vie en dehors du lycée. Elle dépensait toute son énergie pour ses élèves. » Réputée « bosseuse », elle était agrégée d’espagnol, « finissait très tard le soir et commençait tôt le matin ». Elle était passionnée de flamenco, investie dans l’organisation de voyages pédagogiques et de projets scolaires, comme les Petits Reporters qu’elle emmenait enquêter dans les festivals locaux.

Interrogée par Le Figaro, une ancienne collègue de la victime se dit « sidérée ». « Je n’aurais jamais cru qu’un cas de la sorte puisse se dérouler ici. Je l’ai connue à son arrivée, il y a une vingtaine d’années. C’était une personne discrète et qui faisait très bien son travail », confie cette dernière désormais retraitée.

L’établissement ouvert jeudi

Plusieurs élèves ont accepté de témoigner pour Sud Ouest. Un élève se souvient d’une professeur « à cheval sur beaucoup de choses mais très sympa, à l’écoute ». « Ça se voyait qu’elle aimait vraiment son métier. Toujours là, toujours à l’heure » , continue-t-il. « On a surtout tous en mémoire une phrase qu’elle prononçait à chaque fois qu’elle rentrait dans la classe. Cette phrase c’était Buenos dias a todos, sentaos (Bonjour à tous, asseyez-vous) », rapporte un autre.

Visiblement émue, la rectrice de l’Académie de Bordeaux a, elle, évoqué le souvenir d’une « excellente professeure, qui mérite toute notre attention ». « J’ai eu beaucoup de témoignages spontanés sur mon téléphone. Les inspecteurs ont fait part qu’ils connaissaient cette professeure bien installée dans cet établissement, rayonnant dans son travail », raconte Anne Bisagni-Faure, présente sur place. Elle a rappelé que « l’établissement sera bien ouvert demain [jeudi] » afin d’accueillir les élèves qui le souhaitent.

L’élève de 16 ans dit avoir « entendu des voix »

On ne connaît ni les intentions, ni les motifs du passage à l’acte de l’adolescent à ce stade mais ce dernier, né en 2007, a été interpellé. Selon nos informations, il est inconnu de la justice et aurait déclaré avoir « entendu des voix » lui disant de tuer son enseignante. Il a également ajouté être « possédé ». L’enquête a été confiée par le parquet à la police judiciaire de Bordeaux (Gironde).

D’après le procureur de la République de Bayonne, qui se rendait sur place vers 11 heures ce mercredi, l’agresseur présumé était un élève de la classe de la victime.

Ines 15 ans a du mal à réaliser ce qui s’est passé. La lycéenne était en cours d’espagnol, au fond de la classe lorsque le lycéen, assis au premier rang s’est levé et a poignardé la professeure. « Tout s’est passé très vite, il n’y a pas eu tant de cris, l’un de nous a ouvert la porte qui donnait sur une autre classe et on a couru » raconte a-t-elle auprès du Parisien. Elle ne connaissait que très peu l’auteur des faits, ne se souvient même pas de son prénom, confesse-t-elle un peu étourdie. Une fois la porte ouverte, elle a couru loin avec une amie, hors de l’établissement, au delà des parkings qui le borde, « je n’ai pas réfléchi, il fallait que je m’éloigne vite ».

Tom était aussi présent ce mercredi matin au lycée. « On était en cours et on avait deux heures d’histoire, il était aux alentours de 10 heures quand on nous a demandé de passer la récréation dans notre classe pour un soi-disant exercice de sécurité. Comme nous avions tous nos téléphones et que certaines rumeurs commençaient à tourner, on a su que l’incident était arrivé. Nous sommes restés deux heures enfermées dans la classe avant que la CPE nous ouvre la porte et nous dise de sortir. Ensuite on est sortis par un chemin bien précis, les élèves qui n’étaient pas dans les classes voisines de l’étage sont rentrés chez eux et il y avait les militaires et la police. Pour ceux qui étaient dans les classes voisines, ils sont restés et ils ont vu des psy je crois. »

« Une tragédie qui fait écho à l’assassinat de Samuel Paty »

« Immense émotion suite au décès aujourd’hui d’une professeure au lycée Saint-Thomas-d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Mes pensées pour sa famille, ses collègues et ses élèves. Je me rends sans délai sur place », a écrit Pap Ndiaye sur Twitter.

À la sortie du Conseil des ministres ce jour, le porte-parole du gouvernement a eu une « pensée terrible » pour l’enseignante mortellement touchée dans l’exercice de ses fonctions et a affiché « tout le soutien que nous portons à la communauté éducative dans son ensemble ». Olivier Véran a par ailleurs évoqué le « traumatisme que ça peut représenter à l’échelle de la Nation ».

« C’est un choc. Une tragédie qui fait écho à l’assassinat de Samuel Paty et d’autres événements de violence envers des professeurs qui se sont terminés moins tragiquement. On a besoin d’avoir davantage d’informations, regrette Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat des enseignants UNSA. Nous avons une pensée pour la famille de la victime et pour l’ensemble de la communauté éducative. »

« C’est très inattendu, étant donné le profil de cet établissement favorisé, s’étonne Serge Hastoy, délégué FEP-CFDT du Pays basque, qui se rend sur place. Rien ne laissait penser que cela pouvait arriver ici, il n’y a pas, à ma connaissance, de précédent. C’est l’horreur absolue. Ensuite, j’espère que le ministère ne nous dira pas de ne pas faire de vague. On voudra des réponses. »

« Ce n’est hélas pas une première. Ce drame montre que cela peut arriver n’importe où, s’offusque de son côté Françoise Du, responsable de l’association des professeurs de langue vivante. On s’en est une fois de plus pris à un enseignant. Il faut des états généraux du métier, des vrais ! »

JForum avec France Bleu Pays Basque,  leparisien.fr et ouest-france.fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Alex E. MÉRALI

SurtoutPasDAmalgam !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!