Vladimir Poutine prépare les esprits à une guerre longue contre l’Occident
La claudicante opération militaire russe en Ukraine, qui au départ ne devait prendre dans les esprits du Kremlin que quelques semaines, est en réalité une «grande guerre».
L’anecdote a été relatée par plusieurs sources au sein des élites russes au journal britannique The Guardian. Quelque part dans Moscou en ce 31 décembre 2022, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lève soudainement son verre. Plombant quelque peu l’ambiance de la soirée de fin d’année, il déclare: «Cela va durer très, très longtemps. Et les choses vont encore se corser.»
Cela va durer très, très longtemps. Et les choses vont encore se corser Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin
Peskov évoquait évidemment la guerre en Ukraine. Sept mois plus tard, sous l’impulsion du chef Poutine lui-même, la Russie semble se préparer à un état de guerre «permanent» avec l’Ukraine et l’Occident. Comme une nouvelle réalité du pays, selon la plupart des observateurs russes. «C’est une loi prévue pour une grande guerre et, en ce moment, cela sent la grande guerre.»
C’est par ces mots, d’une candeur étonnante de la part d’un haut responsable russe, que le patron du comité défense de la Douma, l’ancien militaire, Andreï Kartapolov, commentait un nouveau paquet de lois proposé, examiné et ratifié à toute vitesse fin juillet par Vladimir Poutine.
Cela fait déjà longtemps que la claudicante opération militaire russe en Ukraine, qui au départ ne devait prendre dans les esprits du Kremlin que quelques semaines, est en réalité une «grande guerre». Mais la vie des jeunes hommes russes est appelée à être modifiée, avec ces nouveaux textes, de manière significative et pour longtemps. Ainsi au 1er janvier 2024, l’âge limite de la conscription et du service militaires sera reculé de 27 ans actuellement à 30 ans maximum.
Fin de la «mobilisation électronique»
Les hommes ne pourront plus quitter le territoire russe après avoir été appelés sous les drapeaux. Les amendes en cas de non-présentation au «voenkomat» (commissariat militaire), après envoi d’un avis d’enrôlement, passeront de 3000 à 30.000 roubles. Au mois d’avril, le président russe signait aussi une loi pour la mise en place à terme de la «mobilisation électronique», par e-mail, faisant craindre l’impossibilité désormais d’échapper au recrutement.
La guerre doit devenir une sorte de nouvelle idéologie d’État, et le vrai facteur politique pour les générations à venir
Konstantin Gaaze, sociologue et ancien professeur au Haut Collège d’économie de Moscou
Parallèlement, l’âge maximum de mobilisation a aussi été reculé de cinq années pour tous. Et loin d’être anecdotique également, les gouverneurs régionaux seront officiellement autorisés à monter leurs propres unités paramilitaires – à la manière du groupe Wagner – en temps de mobilisation ou de loi martiale.
Le Kremlin a annoncé, face aux difficultés en Ukraine, vouloir augmenter la taille de son armée de pas moins de 30 % d’ici 2026, pour atteindre le 1,5 million de soldats sous contrat ou conscrits. Mais il a pour l’instant refusé une nouvelle vague de mobilisation, après celle, partielle, de septembre 2022. Celle-ci pourrait, finalement, arriver prochainement. Toutefois, les interprétations quant au sens de ces changements divergent encore.
«Pas sûr que ces lois soient efficaces pour mobiliser, quand on connaît l’inefficacité de la machine bureaucratique militaire russe et le peu de moyens dans l’armée», commente le sociologue Konstantin Gaaze, ancien professeur au Haut Collège d’économie de Moscou. «Je crois que le but de tout ceci dépasse en fait le front en Ukraine, il est idéologique et concerne le pays intérieur. La guerre doit devenir une sorte de nouvelle idéologie d’État, et le vrai facteur politique pour les générations à venir. On dit aux jeunes hommes russes: “De vos 18 ans jusqu’à la naissance de votre premier enfant, vous vivrez avec cette crainte de pouvoir être mobilisé”.»
Gaaze ajoute qu’à l’époque soviétique, le terme de «préparation», le fait d’être toujours prêt, sur le qui-vive, était très important dans le discours étatique. Selon lui, le régime russe chercherait aujourd’hui à modifier en profondeur les esprits russes – surtout jeunes -, qui se sont habitués au temps de paix.
Le 21 février dernier, déjà, le discours sur l’état de la nation de Vladimir Poutine devant les parlementaires avait été extrêmement virulent face à l’Ouest. Beaucoup en Russie l’avaient perçu comme l’annonce de la transition du pays vers cette nouvelle ère, basée notamment sur l’opposition au modèle occidental. Un débat avait ensuite émergé parmi certains législateurs sur la nécessité de supprimer dans la Constitution russe l’interdiction de toute idéologie d’État. Mais ces amendements sont-ils uniquement à voir comme l’entrée définitive de la Russie dans l’ère de la guerre pour toujours?
«Un semblant de stabilité»
Pour la célèbre politologue Ekaterina Schulmann, l’explication se trouverait également, de manière plus pragmatique, dans l’échéance de la prochaine élection présidentielle (en mars 2024), qui reste traditionnellement importante, comme validation populaire, pour Vladimir Poutine. «On a ici deux agendas qui s’affrontent, le militaire et la société, et je pense que le Kremlin veut surtout éviter toute impopularité avant les élections, il souhaite un semblant de stabilité», analyse-t-elle. «Il s’agit donc aussi d’éviter par différents instruments une nouvelle vraie mobilisation. Alors on rend le contrat militaire plus attractif financièrement, on rend la sortie de l’armée plus difficile, on élargit le service militaire…», poursuit-elle.
Après tout, la vie quotidienne des Russes n’a pas été modifiée en profondeur…
Poutine, qui vient de subir la mutinerie du boss de Wagner, Evgueni Prigojine, cherche encore selon Schulmann à rassurer sur sa capacité à garantir la stabilité. «Il ne faut pas oublier qu’il a globalement rendu la vie des élites russes misérable en déclenchant cette guerre. Pour 2024, il doit essayer de les convaincre qu’il peut encore être un parapluie pour eux, encore soutenu par les gens alors qu’elles, les élites, sont globalement mal-aimées.»
Si la Russie a certes besoin de davantage d’hommes pour continuer son effort de guerre en Ukraine, le régime ne saurait pas encore totalement sur quel pied danser quant à l’avenir à proposer à la société russe. «On n’est pas encore sur une économie de guerre totale comme le voudraient les ultrapatriotes, je vois plutôt un Poutine qui essaie de garder les gens calmes en leur disant: “Oui c’est difficile, vous n’aimez pas beaucoup cette guerre, mais c’est possible de vivre avec, on peut se le permettre”. Et qui promet même de nouvelles opportunités de marché aux élites et des compensations pour les gens ordinaires», ajoute en conclusion Ekaterina Schulmann.
«Après tout, la vie quotidienne des Russes n’a pas été modifiée en profondeur…» En Russie, la guerre serait donc bel et bien, in fine, en train de devenir la nouvelle normalité.
JForum avec Julian Colling www.lefigaro.fr
![]() |
![]() |
Précision indispensable : Le grand Vladimir POUTINE prépare une guerre longue contre la vermine au pouvoir dans presque tous les pays occidentaux… Et nous prions pour que POUTINE écrase cette vermine.
Bel avenir pour la jeunesse russe, après le communisme la guerre perpétuelle de Poutine
poutine=hitler
Oh non, M Poutine ne ressemble pas à Hitler. Son modèle est plus probablement Staline, mais il ressemble de plus en plus à Mussolini.
La Russie est présentée comme un malheureux pays entouré de monstres qui complotent sa perte, la guerre la haine de l’étranger et le militarisme doivent devenir l’état normal de la société. Le peuple russe aime les soldats mais n’aime pas la guerre. Je pense que ça va échouer.