La dernière série de combats dans la région du Haut-Karabakh continue d’envoyer des ondes de choc à travers le Moyen-Orient: le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté lundi une motion au parlement – une semaine après que le président russe Vladimir Poutine a déclaré un cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan – cherchant à obtenir l’approbation de déployer des soldats de la paix pour surveiller l’accord de cessez-le-feu.

CNN Türk a rapporté que le parlement turc devrait donner au déploiement des troupes un mandat d’un an. Le projet de loi stipule également qu’Erdogan déterminerait le nombre de soldats à envoyer et la portée de leur mission et que du personnel civil pourrait également être déployé dans le cadre de la mission de maintien de la paix.

Cette décision est la réponse de la Turquie à la dernière série d’hostilités au Haut-Karabakh, qui s’est soldée par une victoire majeure pour l’Azerbaïdjan, et au refus de la Russie d’inclure la Turquie en tant que partenaire à part entière dans la force de surveillance prévue pour préserver l’accord de cessez-le-feu de cinq ans. Les Turcs ont présenté le cessez-le-feu comme une initiative conjointe entre Erdogan et Poutine, affirmant que la Turquie déciderait de l’emplacement du centre d’opérations conjoint pour les troupes russes et turques. Pour réduire les tensions entre les côtés, les troupes déployées par Ankara ne seront probablement pas positionnées à la frontière entre les Azéris et les Arméniens.

Le rythme des développements de ces derniers jours dans le contexte du conflit du Haut-Karabakh est extraordinaire. Le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh Mohammed ben Zayed, l’un des plus féroces adversaires d’Erdogan, a accueilli dimanche le président arménien Armen Sarkissian dans son palais.

« Nous avons discuté du renforcement des relations entre nos deux pays. Nous avons également exprimé notre soutien à un cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ainsi qu’à la paix et à la stabilité dans la région », a déclaré Bin Zayed dans un tweet après la réunion.

Dans l’intervalle, le ministre azéri des Affaires étrangères, Jeyhun Bayramov, s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. La Russie, on le sait, est la patronne de l’Azerbaïdjan. Bayramov et Lavrov ont discuté des plans de réhabilitation de la région après les combats, de la question de l’aide humanitaire et de la nécessité pour la communauté internationale d’aider à préserver les institutions culturelles et religieuses du Haut-Karabakh. Les Arméniens étaient censés s’être retirés de la région de Kalbajar dans le Haut-Karabakh dès dimanche, mais dans un geste de bonne volonté, l’Azerbaïdjan a accordé à la population une prolongation de 10 jours en raison des conditions météorologiques.

‘Un message direct aux Arméniens’

« Quand les Turcs disent ‘Azerbaïdjan’, de leur point de vue cela inclut le Haut-Karabakh parce que, selon le droit international, il est considéré comme un territoire azéri », a déclaré à Israël Hayom le Dr Hay Eytan Cohen Yanarocak, un expert de la politique turque contemporaine et de la politique étrangère. « Même si les Turcs ne sont pas déployés au Haut-Karabakh dans la zone qui représente la frontière avec l’Arménie, du point de vue d’Ankara, c’est toujours un message direct aux Arméniens avant le prochain round de combats. »

Selon Yanarocak, «la Turquie se prépare déjà à l’évacuation des territoires arméniens. Ce ne serait pas la première fois au cours de la dernière décennie que le parlement turc approuverait le déploiement d’une force militaire importante. Cela s’est déjà produit en Irak, en Syrie et en Libye. Dès qu’une telle décision est ratifiée, sa mise en œuvre est immédiate. Par conséquent, la question cruciale est de savoir où ils seront stationnés dans le Haut-Karabakh. Si la définition est «Azerbaïdjan», alors les zones récemment saisies aux Arméniens s’appliquent également. « 

Dans la situation actuelle, a noté Yanarocak, « Les Azéris sont entre le marteau et l’enclume. Bien qu’ils aspirent à la souveraineté, ils ont aussi besoin que le monde entier sache que » la Turquie est leur grande sœur «  » et tient les rênes.

Quant à la rencontre de Sarkissian avec le prince héritier d’Abu Dhabi, Yanarocak a déclaré: «Les Arméniens courtisent les plus grands ennemis d’Erdogan parce que leur économie ne prospère pas et qu’il y a maintenant un problème de réfugiés aigu des Arméniens sans-abri et des Arméniens vivant à l’étranger, ils essaient donc de créer un mécanisme pour un flux d’argent constant. « 

Yanarocak convient que si l’Azerbaïdjan ouvre la porte à l’armée turque, tout dépend de la Russie. Sur ce, a-t-il dit, «Les Arméniens semblent déterminés à jouer la carte des Émirats arabes unis, qui, de leur propre point de vue, veulent stationner des forces près de la Turquie. Cela dépend cependant de la Russie, en particulier après la leçon que Poutine a livrée [au Premier ministre arménien Nikol] Pashinyan, lors de la dernière série de combats pour le dissuader de flirter avec l’Occident. Il est possible que les Russes ne consentent pas au déploiement des forces émiraties dans l’arrière-cour de la Russie – et tous les plans arméniens s’effondreront. « 

israelhayom.com