Tsav-Chabbat Hagadol: un feu continu sur l’autel (vidéo)

Cette section de la Torah, Tsav, nous entretient d’un autre aspect de la tâche du Cohen. La Torah rapporte que HaShem a demandé à Moïse « d’ordonner »  à Aharon et à ses fils ; les  Sages notent que ce n’est pas ainsi qu’il faut le comprendre mais dans une acceptation différente : se hâter להזדרז.

Le fait de se hâter, de s’empresser,  signifie que l’homme met toute sa volonté et tout son amour pour HaShem. Rabbi Moshé Hayim Luzzatto[1] en évoquant le zèle précise que la personne qui ne serait pas zélée risque bien souvent de se priver de l’accomplissement  de mitsvoth qui pourraient fort bien ne plus se représenter et en conséquence, avoir négligé l’accomplissement d’une mitsva ou d’un acte quelconque pourrait manquer à cette personne au moment de rendre des comptes le moment venu,  car les choses qui pourraient paraître insignifiantes sont, en réalité, complémentaires les unes des autres.

Manquer l’occasion de faire ce qui se présente et de le faire en temps voulu, empêche la personne de réussir, ainsi qu’il est dit :  זריזות היא חצי מזל  le zèle est la moitié de la chance.

L’essentiel de cette péricope est l’accent mis sur la volonté de l’être humain à sublimer ses instincts et son penchant. Si l’on est persuadé qu’une étincelle divine se trouve dans chaque être humain, il revient à dire que pour chacun, l’effort – pour faire revivre cette étincelle et la transformer en flamme – est minime.

Il suffit d’un peu d’amour et de lumière pour faire revivre cette étincelle et la transformer en flamme.  C’est en se référant au verset suivant de notre parasha que nous en percevons la promesse (lévitique VI, 6)  :

« אש תמיד תוקד על המזבח לא תכבה »

Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre.

En cela il faut comprendre que c’est par la volonté humaine et par l’action humaine que se produit cet entretien qui maintient le feu, l’éclat, la chaleur.

Si ce verset est répété c’est parce qu’il fait allusion à quelque chose: le sens est que l’étincelle  de l’âme juive ne s’éteint jamais et c’est pour cela qu’à n’importe quelle occasion, même dans les situations les plus désespérées, l’âme s’éveille et s’ébranle faisant repartir et étinceler à  nouveau les feux les plus mourants.

C’est ici une parabole car c’est en entretenant le feu par l’ajout de bois par le Cohen que les flammes continuent à se consumer. Sur un autre plan, en mystique juive, l’autel sur lequel on allume le feu, où sont offerts les sacrifices, et où est balancé l’encens, est un haut lieu du Saint des Saints.

Le Temple tout entier correspond au corps humain et le Saint des Saints correspond  à ce que l’homme compte de très précieux : sa tête, siège de ses pensées, de sa réflexion, de ses intentions.

En donnant la Torah à l’homme D. permet à la créature de pouvoir guider et diriger ses pensées et de les canaliser.  L’être humain ne peut pas toujours se dominer et ne parvient pas obligatoirement à s’obliger à avoir des pensées adéquates.

Le corps de l’homme sert de rempart à l’âme et, tant que le corps vit, l’homme peut corriger son âme, la parfaire, et la renforcer, car, a-t-on coutume de s’exprimer en mystique juive, l’âme est un « produit brut » qu’il est possible de façonner tant que l’homme évolue dans ce monde mais… dès que l’homme se retrouve « dans son milieu originel » (la terre), il ne lui sera plus possible de modifier quoique ce soit et il restera tel qu’il aura été perçu sa vie durant.

« Tout ce qui se présente à toi fais le car, il n’y aura ni activité, ni projet, ni science, ni sagesse dans le shéol (tombeau) vers lequel tu te diriges »[2].

Si donc, le corps sert de rempart à l’âme, il n’est pas permis pour autant d’attenter au corps humain comme entailler son corps, ou y faire des tatouages.

Le Rambam, Maïmonide, en parle largement, et, aujourd’hui la science permet à ceux qui, dans leur jeunesse se sont laissés tenter par cette mode, et le regrettent par la suite, d’effacer d’une manière ou d’une autre.

Dans la cabale, l’on précise qu’en faisant un tatouage, une cicatrice profonde marque l’âme[3]. Il n’est pas question que de ceci mais aussi des différentes modes qui consistent à insérer des objets divers sous la peau ou dans le lobe des oreilles, sur la lèvre inférieure (femmes à « plateaux ») etc….

La médisance, la colère, la rancune, la vengeance sont des comportements inadaptés à l’âme juive et les sages précisent pour renforcer cette idée : כל המעביר על מידותיו, מעבירים לו על כל פשעיו  Rashi sur Guemara Rosh Hashana 17 a  c’est-à-dire que dans le ciel on juge l’homme tel qu’il  s’est conduit avec ses semblables et,  en conséquence, s’il a été conciliant, patient, s’il a pardonné volontiers, cela lui sera « rendu ».

Caroline Elishéva REBOUH

[1]Désigné sous l’acronyme Ramhal (né à Padoue en 1707 et mort à St Jean d’Acre –Ako- en 1746) était rabbin, cabbaliste, poète et écrivain, réthoricien. Auteur du «Sentier de Rectitude » et d’une quarantaine d’autres œuvres en Cabbale et philosophie mais aussi des œuvres littéraires profanes.

[2] Le Roi Salomon l’Ecclésiaste IX, 10. כל אשר תמצא ידך לעשות – עשה……

[3]Il n’est pas question ici des tatouages forcés faits de force sur les victimes du nazisme en déportation.

 

HAFTARA  TSAV  SHABBAT  HAGADOL

Etant donné que parashat tsav tombe souvent sur l’une des quatre shabbatot   spéciales entre Pourim et Pessah, on n’a que peu souvent l’occasion de lire le texte de cette haftara  qui se trouve dans la prophétie de Jérémie  (chapitre VII, et le tout début du chapitre VIII).

A vrai dire, la nature humaine n’apprécie pas toujours d’être réprimandée et d ‘entendre de durs reproches bien qu’ils soient mérités. Objectivement, l’histoire a prouvé que le peuple juif a souvent fauté et a été infidèle au point de rompre tout engagement vis-à-vis de D et rompre toutes les attaches. Jérémie admoneste sévèrement le peuple.

A quoi bon ces sacrifices offerts alors que, par ailleurs la conduite du peuple est inconvenante se lamente le prophète ?  Ce peuple qui fut le témoin des bienfaits divins n’a de cesse que de contrevenir aux paroles de la Torah qui sont éternelles et qui devraient servir de guide pour la vie tout entière.

S’adonner à l’idolâtrie de cette façon peut-il être pardonné par des sacrifices ? Ces sacrifices pourraient-ils être agréables à l’Eternel ? Jérémie  souhaite parvenir à secouer le peuple afin qu’il se conduise conformément à la promesse des Pères. Ces reproches, réprimandes et admonestations ne sont pas adressées uniquement par Jérémie mais, nous l’avons déjà vu, Isaïe l’a déjà fait et bien d’autres ont désavoué ce peuple ingrat et à la nuque roide.

Caroline Elishéva REBOUH

 

Le Guèt



« Ainsi ont fait Aharon et ses enfants. » (8, 36)
Rachi : pour les louanger, ils n’ont pas changé un seul détail.
Celui qui accomplit les paroles d’Hachem sans changer un seul détail, est capable littéralement de briser un mur de béton et de percer le cœur de l’homme qui se trouve en face de lui.
Le Rav Ye’hiel Vilansky, Av Beth-Din de Tel Aviv, a été pour plusieurs raisons obligé de forcer un mari à donner le Guèt à sa femme à l’occasion d’un divorce. Cette méthode n’est pas reconnue de tous les décisionnaires, mais peut être utilisée dans des cas très particuliers.
Le mari récalcitrant fut donc obligé de donner le précieux document, puis quitta le Beth-Din précipitamment.
Lorsque le Rav Vilansky décida de lui courir après pour l’informer de quelque chose d’important, l’homme continua son chemin sans vraiment comprendre ce que lui voulait le Rav. Peu de temps après, le Rav réussit tant bien que mal à le rattraper : « J’ai une demande particulière à te faire. Comme certains décisionnaires n’acceptent pas ce processus du divorce et que mon monde futur dépend de cela, je te demande à présent de donner le Guèt à ta femme de plein gré. Quelle différence cela fait-il pour toi, puisque tu l’as déjà donné ? Peux-tu faire cela pour moi ? »
L’homme, très étonné de voir une telle crainte d’Hachem, accepta immédiatement et retourna au Beth-Din pour donner le Guèt de plein gré.

La pièce de 10 shekels

« La viande du sacrifice de remerciement sera mangé le jour même. » (7,15)
Le sacrifice de remerciement (Korban Toda) était amené suite à un miracle personnel. Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour s’apercevoir des miracles quotidiens dont nous gratifie Hachem.
Hiver 2003. Un autobus qui reliait Beth Chémech à Bné Brak glissa en dehors de l’autoroute et de nombreux passagers furent blessés. Le responsable de la compagnie de bus raconta que l’un des plus grands érudits en Torah de la ville de Beth Chémech se trouvait à l’arrêt du bus pour se rendre à Bné Brak. Lorsque le bus arriva, il sortit de sa poche les 13 shekels nécessaires au prix du ticket de bus, mais à sa grande surprise il ne trouva que 3 shekels. La pièce de 10 shekels avait disparue de sa poche.
Il décida alors de retourner chez lui pour chercher de l’argent. Un voisin qui conduisait sa voiture, passa à proximité de l’arrêt de bus et s’étonna de le voir rentrer chez lui et de ne pas monter dans le bus. Lorsqu’il raconta qu’il avait perdue une pièce de 10 shekels, le voisin lui proposa de l’accompagner jusqu’à Bné Brak. Sur le trajet, ils constatèrent avec effroi comment le bus avait glissé le long de l’autoroute.
L’érudit en Torah qui se trouvait du côté passager, et qui aurait dû monter dans l’autobus, commença à pleurer. Il sortit alors son mouchoir et découvrit la pièce de 10 shekels…
Interdiction de le faire rentrer…

« Le pain au levain… » (7,13)

Celui qui se conforme aux directives d’un Rav peut recevoir de lui une forte influence, et ceci même pour plusieurs générations.
Une jeune fille rentra un jour dans le bureau du Rav Mikhael Horowitz afin de poser une question. C’était la veille de la Bdikat ‘Hamets, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’ elle constata que dans sa maison, aucune agitation particulière, et le ‘Hamets se trouvait toujours dans la maison.
Le Rav constata l’étonnement de la jeune fille, et lui dit : « Sache que toutes les préparations et les fatigues de ce jour-là correspondent à des notions très élevées, et j’y attache une importance particulière. A condition de ne pas en arriver à se mettre en colère.
Car au moment où rentre la colère dans la maison, toute cette élévation spirituelle tombe à l’eau. Ma femme est gravement malade, mais le fait de lui demander de respecter toutes les exigences et restrictions sur le ‘Hamets peut provoquer de la colère entre nous et que son état de santé s’aggrave. Mais lorsque le moment de la Bdikat ‘Hamets arrive, je prends mon balai afin de retirer le ‘Hamets. Et ceci afin d’empêcher de faire rentrer le ‘Hamets le plus dangereux, qui n’est autre que la colère. »
Ces quelques paroles ont eu un formidable impact sur la jeune fille. Car la Torah est une Torah de vie, et ses commandements permettent à l’homme de diriger sa vie à chaque étape.
Celui qui a le mérite de puiser l’eau de la Torah auprès d’un vrai Rav, comprend immédiatement qu’il ne se trouve pas au même niveau, et annule sa volonté pour se mettre entre les mains de notre sainte Torah.

Rav Mordékhai STEBOUN

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