Les leçons à tirer de la rhétorique de Trump et des réactions outragées qu’il a provoquées

Le candidat présidentiel Donald Trump a appelé à « une fermeture totale et complète de toute entré des Musulmans aux Etats-Unis jusqu’à ce que les représentants de notre pays puissent comprendre ce qui est en train de se produire… Notre pays ne peut être victime d’attentats horribles par des gens qui ne croient qu’au djihad et n’ont aucune sens de la raison ni le moindre respect pour la vie humaine »[1] . Cette déclaration exprime une islamophobie extrême et stéréotypée de tous les Musulmans, au lieu d’identifier les propagateurs spécifiques d’incitation à la haine qui alimentent la violence au sein de la communauté am&ricaine musulmane et à l’étranger. La déclaration de Trump a essuyé de telles critiques justifiées et largement partagées qu’il n’y a rien à ajouter.

En revanche, certaines réactions à ce discours de Trump méritent d’être examinées avec plus de détail. Elles sont d’un grand intérêt pour Israël, du fait de l’anti-Israélisme forcené de certains quartiers musulmans, autant aux Etats-Unis que de la part de visiteurs incitateurs de haine. Une autre raison concerne le fait que la rhétorique de Trump démontre une fois encore que, parfois, des remarques négatives peuvent avoir plus d’impact que de formuler des choses positives.

Ce qui rend la déclaration de Trump tellement importante, c’est qu’elle s’est avérée représenter des opinions très répandues au sein de la population américaine. De récents sondages démontre que nombreux sont les américains qui ont une vision négative des Musulmans en général. Un sondage de CBS a montré que 29% de l’électorat  a une opinion défavorable de l’Islam, alors que 24% s’y déclarent favorables. Le reste est sans opinion ou n’en a pas entendu suffisamment pour se faire un point de vue. 36% de tous les sondés pensent que les Etats-Unis devraient temporairement interdire aux Musulmans étrangers de visiter les Etats-Unis et 58% s’opposent à une telle interdiction. Cependant, 54% des Républicains sont favorables au bannissement des Musulmans provenant d’autres pays, alors que 38% d’entre eux pensent qu’on ne devrait pas les refouler. En outre, 44% de tous les Américains considèrent que le gouvernement fédéral devrait entretenir une base de données contenant les noms de tous les Musulmans des USA, alors que 46% s’opposent à la conservation de tels enregistrements[2].

Les résultats d’un sondage téléphonique de Rasmussen se sont avérés encore plus négatifs concernant les Musulmans. De tous les sondés, 46% étaient en faveur d’une interdiction temporaire des Musulmans en visite et 40% contre. Parmi les électeurs républicains, 66% s’affirmaient favorables à une interdiction[3].

Ces attitudes fortement anti-Musulmanes se sont probablement développées sur toute une période de près de 15 ans. On peut retrouver leur origine dans les meurtres de masse du 11/09. Dix-neuf membres arabes d’Al Qaïda, dont 15 étaient citoyens saoudiens, sont venus aux Etats-Unis pour y propager la mort de masse[4]. A la suite des attentats du 11/09, même ceux qui voulaient blanchir les crimes musulmans les plus extrémistes n’ont trouvé que peu d’opportunités de le faire. Face à une telle horreur, leurs argumentaires mensongers traditionnels ne collaient plus. Les assassins n’étaient ni pauvres, ni aliénés dans les marges de la société américaine. Ils n’étaient pas victimes de la société américaine ; au contraire, leurs actes de violence ont conduit des milliers d’Américains à devenir les victimes de leurs crimes. 

Lorsqu’une infrastructure porteuse d’opinions négatives à propos d’un groupe minoritaire survient au sein d’une société, à la suite d’un massacre à l’échelle de celui du 11/09, les meurtres suivants, sur une plus petite échelle commis par les individus du même groupe, provoquent un intérêt renouvelé pour le problème. C’est ce qu’on démontré des événement, tels que les assassinats perpétrés par Nidal Hasan à Fort Hood en 2009[5], les deux frères assassins du Marathon de Boston Dzhokhar et Tamerlan Tsarnaev en 2013[6] et les meurtriers de San Bernardino, Syed Rizwan Farook et Tashfeen Malik[7], en Décembre 2015.

Un dignitaire arabe opulent a aussi réagi au discours de Trump. Le Prince saoudien Al-Waleed bin Talal a attaqué Trump en tweetant : « Vous êtes un déshonneur, non seulement pour le Parti Républicain, mais pour toute l’Amérique. Retirez-vous donc de la course à la Présidence américaine, parce que vous ne l’emporter jamais[8] « . Les attaques du Prince ont offert à Trump une occasion supplémentaire de jeter un peu d’huile sur le feu. Il a répondu par Tweet : « Le Prince endormi… veut contrôler nos hommes politiques avec l’argent de papa[9]« . 

Après le 11/09, Al-Waleed a offert un chèque d’une somme de 10 millions de dollars au Maire de New York à l’époque, Rudy Giuliani. Giuliani a refusé cet argent, après les suggestions de Waleed sur « l’équivalence morale ». Il déclarait que les USA « doivent répondre à certaines questions qui ont conduit à ces attentats criminels…  » et plus encore que les Etats-Unis « devraient ré-examiner leur politique au Moyen-Orient et adopter une posture plus équilibrée en faveur de la Cause palestinienne[10]« .

On peut déduire certains enseignements des points de vue tenus par des visiteurs musulmans aux Etats-Unis, à partir d’un sondage de Pew mené après le 11/09. Il démontrait qu’une majorité de Musulmans en Egypte, Turquie, territoires palestiniens, Jordanie, Liban, Israël, Indonésie et Pakistan ne croyaient pas que les attentats du 11/09 aient pu être commis par des Arabes. En Egypte, la courbe était de 75% et en Turquie de 73%[11].

Le Secrétaire d’Etat John Kerry a accusé Trump de mettre en danger la sécurité des Etats-Unis[12]. Cela offre deux options possibles :

1) si Kerry a raison, cela impliquerait qu’une personne qui n’est ni un responsable élu ni un employé du gouvernement peut mettre en danger la sécurité des Etats-Unis au moyen de petites phrases publiques et sans dévoiler aucune information confidentielle. S’il en va ainsi, la liberté d’expression est la seule coupable ici et le Premier Amendement de la Constitution américaine devrait être amendée en conséquence. 

2) L’autre possibilité est que Kerry ait tort. Dans ce cas, Obama devrait lui dire de fermer sa bouche, puisque ce qu’il dit correspond au point de vue de l’Administration américaine.

La déclaration de Trump est un reflet saisissant de nombreuses réactions du Président Obama à propos des Musulmans en général et des crimes commis par des Musulmans en particulier. Alors que Trump a adopté une vision extrêmement négative envers les Musulmans, Obama a constamment brouillé les cartes ou minoré de façon drastique le facteur islamique musulman en matière de criminalité perpétrée par des Musulmans. Dans un discours du 10 septembre 2014, Obama a insisté pour affirmer que l’Etat Islamique « n’est pas islamique ».Il a ajouté : « Aucune religion ne ferme les yeux sur le meurtre d’innocents »[13].

Dans un article d’opinion publié au début de l’année 2015, Obama déclarait que « Des groupes comme al Qaïdaz et l’Etat Islamique promeuvent une interprétation tronquée de la religion qui est rejetée par la très vaste majorité des Musulmans dans le monde. Le monde doit continuer à élevé la voix des dignitaires et érudits musulmans qui enseignent la véritable nature pacifique de l’Islam… »[14] Obama évite l’emploi d’expressions telles que : « terrorisme islamique » ou « extrémistes islamiques », préférant, tout comme dans cet éditorial, décrire les partisans de l’Etat Islamique comme « des individus de diverses religions » qui pratiquent « des idéologies emplies de haine[15]« .

Il y a aussi fort à apprendre de la levée de boucliers entourant les déclarations de Trump, concernant l’impact de ce genre de rhétorique. Une seule remarque négative de Trump s’est attirée plus d’attention publique que les nombreuses remarques positives d’Obama à propos de l’Islam et de son évitement fréquent de toute mention des aspects relatifs à l’Islam dans les crimes commis par des Musulmans.

Hors des Etats-Unis, les réactions contre Trump ont été les plus virulentes au Royaume-Uni. Une pétition appelant à ce que Trump soit interdit d’entrer en Grande-Bretagne a recueilli 556.386 signatures au moment d’écrire cet article[16]. Pourtant, en 2004, l’Angleterre a autorisé l’entrée sur son territoire du guide spirituel musulman bien connu en tant qu’incitateur à la haine, Yussuf al Qaradawi.[17]. A cette époque, il avait pourtant déjà été banni des Etats-Unis. Cet idéologue en chef des Frères Musulmans était invité et a alors été reçu par le Maire de Londres, Ken Livingstone du Parti Travailliste[18]. Il n’y a eu que très peu de protestations contre un homme qui incite au meurtre, ce que Trump n’a jamais fait. 

Plus tôt la campagne présidentielle de Trump se terminera et mieux cela vaudra. Pourtant les paroles de Trump sont du domaine public et leur résonance subsistera. Lors d’une brève déclaration à caractère radical, il a mis sur la table une opinion qui est partagée par des dizaines de millions d’Américains.

Même les statistiques plus fortes montrant un soutien répandu à l’idée d’une base de données sur les Musulmans débouchent sur une question différente, mais également valable, à mettre en lumière : le besoin de dévoiler et de dénoncer l’incitation à la violence et d’autres crimes, autant parmi les éléments de la société musulmane américaine que du côté des régions les plus éloignées du monde musulman. Le soutien important recueilli aux Etats-Unis par la position radicale de Trump sur les Musulmans signifie aussi que l’attention publique sera fortement attirée par les attitudes de divers courants musulmans, à l’intérieur comme à l’extérieur des Etats-Unis, pour tout ce qui sera en lien avec des événements terroristes futurs et l’extrémisme dans l’incitation à la haine. On doit s’y attendre aux Etats-Unis, mais cela s’exprimera tout aussi bien dans d’autres pays occidentaux.

CWNLvJrWoAAzRiE

Par Manfred Gerstenfeld

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

Notes :

 


[1] Donald J. Trump, “Statement on Preventing Muslim Immigration,” www.donaldjtrump.com, 7 December 2015.

[2] Anthony Salvanto, Jennifer De Pinto, Sarah Dutton and Fred Backus, “Poll: Solid opposition to ban on Muslims entering US,” CBS News, 11 December 2015.

[3] “Voters Like Trump’s Proposed Muslim Ban,” Rasmussen Reports, 10 December 2015.

[4] “September 11th Hijackers Fast Facts,” CNN, updated 24 August 2015.

[5] Robert D. McFadden, “Army Doctor Held in Ft. Hood Rampage,” The New York Times, 5 November 2009.

[6] Ann O’Neill, Aaron Cooper and Ray Sanchez “Boston Marathon bomber Dzhokhar Tsarnaev sentenced to death,” CNN, 17 May 2015.

[7] “What Investigators Know About the San Bernardino Shooting,” The New York Times, 10 December 2015.

[8] Emma Graham-Harrison, “Donald Trump is a disgrace to his country, says billionaire Saudi prince.” Guardian, 12 December 2015.

[9] “Trump’s name restored at Dubai golf complex”, Jerusalem Post, 13 December 2015.

[10] “Giuliani rejects $10 million from Saudi prince,” CNN, 12 October 2001.

[11] “Pew Survey: Arabs Not Responsible For 9/11, Say Majority In Muslim Nations,” Huffington Post, 21 July 2011.

[12] Nicki Rossoll, “Sec. John Kerry: Donald Trump’s Comments on Muslims ‘Endanger National Security’,” ABC News, 13 December 2015.

[13] Michael McGough, “Sorry, Obama, religion has condoned killing innocents,” LA Times, 11 September 2014.

[14] Barack Obama, “President Obama: Our fight against violent extremism,” LA Times, 17 February 2015.

[15] Chris Perez, “Obama defends the ‘true peaceful nature of Islam’,” New York Post, 18 February 2015.

[16] “Block Donald J Trump from UK entry,” Petition.parliament.uk.

[17] “Sheik Yusuf al-Qaradawi: Theologian of Terror,” ADL, 15 March 2011.  

[18] Vikram Dodd, “Controversial Muslim cleric banned from Britain,” The Guardian, 7 February 2008.

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Maguid

Si je comprends bien Monsieur Manfred Gerstenfeld, ce
n’est pas parce qu’il y a des terroristes djihadistes qu’il y a
des islamophobes, mais c’est parce qu’il y a des islamophobes qu’il y a des terroristes djihadistes. C’est bête, mais je n’y avais pas pensé. Suis-je bête? Merci monsieur Gerstenfeld.

Sandy

C’est sympa de nous dire que Donald Trump est un méchant « raciste », parce qu’il ose dire la vérité et de se soucier des citoyens de son pays, ce que les autres dirigeants du monde y compris en Israël ne font pas.

Car effectivement, le Califat, Al Qaïda, les terroristes musulmans du Hamas, Fatah ou d’ailleurs, disent qu’ils agissent criminellement sur ordre du Coran et au nom d’Allah. Et si on lit le Coran on retrouve toutes ces horreurs que commettent les petits soldats du Coran et d’Allah.

Mondo

70% des prisonniers sont musulmans alors qu’ils ne representent que 15% de la population. Il n’y a pas d’islam modere.
Nous avons ete chasses d’Egypte en 1957 alors que nous etions pourtant nes dans ce pays. La nationalite egyptienne n’etait pas donnee aux juifs et chretiens. Sur mon passeport italien il est marque « Aller sans retour » en arabe. Ou trouvez-vous un islam modere? Ils font semblant de baisser la tete jusqu’au jour ou ils seront majoritaires. La democratie sera mulsulmane. Ou voyez-vous une democratie dans leurs pays?
FOUTAISES. Il vous faudrait souffrir un peu plus pour comprendre, alors vous ne tendrez plus l’autre joue.
Ouvrez donc les yeux. Je veux bien etre un saint mais pas un martyr.

Elie de Saint Cloud

STOP AUX MENSONGES !
Les sourates criminelles sont partout dans le Coran !

Tout le monde peut les lire, je vous garantis que c’est l’abomination des abominations, le meurtre, la torture, la lapidation des femmes, la décapitation sont ordonnés par Allah, la pédophilie est souvent la récompense offerte aux assassins après leur mort, de sorte que les soldats d’Isis, de Daesh, les Al-Nosra, les Salafistes…etc, sont en réalité ceux qui respectent le Coran à la lettre et non ceux qui le transgressent, ce que tentent de faire croire les Médias français.

Parce que le Coran est le livre de tous les musulmans sans exception.

Le Mein Kampf à côté est le livre d’un d’apprenti ! Le Coran est non seulement le livre de la haine, mais un livre ou Allah ordonne de tuer le mécréant, c’est à dire les non-islamistes, quitte à se faire tuer, les meurtres au couteau et à la hache ne sont pas une invention des Palestiniens et ne résultent pas de la misère ni de la frustration, ils viennent du Coran, en outre, les Palestiniens reçoivent des indemnités et des titres pour chacun de leur crime, c’est pourquoi, ils sont de plus en plus nombreux.

Les banlieues de France donnent aux assassins d’israéliens des noms de rues.
Les politiques et les Médias français ont longtemps caché les versets criminels, mais aujourd’hui l’ordinateur dispach les versets criminels sur la toile jusqu’au fin fond de l’Afrique.

Aucun arabe ne peut être nommé « modéré » quand le Coran ordonne à tous les musulmans de tuer et au besoin se faire tuer (sourante du repentir), pour avoir droit au paradis d’Allah « Sourate 9 verset 111 avec explications verset 38 et rien n’empêchera jamais le fils le plus gentil des familles musulmanes d’exécuter les ordres d’Allah, « tuer et se faire tuer ».

Seul Donald TRUMP n’a pas peur de dire le vrai sur les musulmans et le peuple américain lui donne raison.
Il faut stopper les barbares et le plus tôt sera le mieux,

L’avenir de la France est sombre parce qu’en France, Les médias et la gauche « pasdamalgamiste’ ont longtemps caché la réalité de la guerre civile qui a déjà commencé.

Les Arabes sont en lutte contre la République, pour la défendre, tout gouvernement devra détruire les mosquées et interdire le Coran.