QUEL SENS PREND LE BRAS DE FER DE TRUMP CONTRE LA COMMUNAUTÉ DES RENSEIGNEMENTS AMÉRICAINS POUR LES SERVICES SECRETS ISRAÉLIENS?

Comment les services de renseignement israéliens devraient-ils réagir à la scission croissante entre Trump et ses chefs du renseignement?

Le président américain Donald Trump prononce un discours devant les troupes américaines lors d'une visite non annoncée à Al Asad Air B

Le président américain Donald Trump prononce un discours devant les troupes américaines lors d’une visite non annoncée à la base aérienne d’Al Asad, en Irak, le 26 décembre 2018. (crédit photo: REUTERS / JONATHAN ERNST)

Les services de renseignement israéliens ont suivi de près le bras de fer qui a eu lieu, cette semaine, entre le président américain Donald Trump et ses chefs des services de renseignements. La raison? Parce que l’incroyable coordination du renseignement entre Israël et les États-Unis pourrait être négativement affectée.

Mercredi, Trump a interpellé la directrice de la CIA, Gina Haspel, et ses autres chefs du renseignement, en les traitant de naïfs, après que leurs évaluations du renseignement au Congrès ont porté atteinte aux aspects essentiels de sa politique étrangère.

Le point crucial du désaccord entre Trump et ses services de renseignements concernait l’Iran et la Corée du Nord, des menaces qu’Israël suit de près.

Les services de renseignements américains ont défini l’Iran comme l’une des quatre principales menaces. Mais ils ont minimisé la menace nucléaire actuelle en mettant l’accent sur le respect par l’Iran de l’accord sur le nucléaire de 2015.

Cette minimisation était une décision consciente, car ils auraient pu plutôt souligner les lacunes de l’accord, ce qui pourrait permettre à la république islamique d’avancer vers l’arme nucléaire sans violer les dispositions de l’accord.

La critique de Trump à l’égard de ses chefs du renseignement reposait sur cette distinction. Les partisans de sa ligne dure contre l’Iran ont énuméré les points que les chefs auraient pu souligner. Cela inclut l’incapacité du pays à expliquer les dossiers nucléaires accablants que le Mossad s’est approprié en Iran en janvier 2018, des questions non résolues concernant son installation nucléaire d’Arak et d’autres problèmes.

Aux États-Unis, l’examen bipartite des commentaires de Trump indique qu’il a franchi la ligne, par son hostilité envers ses propres chefs du renseignement et qu’il a montré un mépris pour les faits établis par des professionnels du renseignement non partisans.

Les initiatives de Trump en Corée du Nord inquiètent Israël, car s’il leur accordait un traitéclément sur leur programme nucléaire, une telle initiative pourrait saper la pression exercée sur ce programme.

JUSQU’À MAINTENANT, il y a eu deux courants de pensée au sein de la communauté du renseignement israélien au sujet de Trump.

Une école vante ses positions pro-israéliennes et anti-iraniennes et affirme que, même si sa personnalité imprévisible et ses tweets peuvent déclencher l’alarme, cela peut être négligé, car il s’agit essentiellement d’un problème américain interne qui ne concerne pas Israël.

Cette école préconise également le partage illimité du renseignement et la coordination de la défense avec Washington.

Le meilleur exemple est celui où Israël a révélé son opération déjà mythique du Mossad, qui s’appropriait les secrets nucléaires de l’Iran à Téhéran, et que Trump avait immédiatement saisi l’information pour justifier son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien.

L’autre école apprécie son soutien pro-israélien, mais le considère avec une profonde suspicion en raison de ses révélations impromptues, en Russie, concernant une opération de renseignement israélienne au sein de l’Etat islamique, en mai 2017.

Ce groupe a été influencé par les avertissements que les responsables du renseignement de l’ancien président Obama ont adressés aux Israéliens à la fin de 2016 – notamment l’ancien directeur du Mossad Tamir Pardo – à propos de la nouvelle administration de Trump.

Enfin, si le groupe plus favorable à Trump a minimisé l’importance du retrait prochain de la Syrie par les États-Unis, l’autre groupe a réagi au retrait avec consternation et sentiment de trahison.

COMMENT les services de renseignements israéliens devraient-ils réagir au fossé croissant qui se creuse entre Trump et ses chefs des services de renseignements?

Si les responsables des services de renseignements américains perdent leur influence, les services de renseignements israéliens devraient-ils travailler en les contournant et tenter d’accéder plus directement à la Maison-Blanche?

Cette question pourrait être encore plus prégnante si Israël voulait adopter une ligne de conduite plus dure envers l’Iran, en accord avec Trump et vis-à-vis de laquelle la communauté du renseignement américaine est moins engagée.

Mais ce n’est pas si simple.

Mettez la Corée du Nord dans l’équation, et les services de renseignements israéliens sont beaucoup plus proches de leurs homologues américains, qui doutent que Pyongyang ait l’intention de totalement dénucléariser.

Cela signifie qu’Israël appuierait la ligne de démarcation des services de renseignement américains avec la Corée du Nord, par opposition à la volonté apparente de Trump d’accorder des concessions au Nord tant qu’il continuera à geler les tests de missiles.

Et tandis que Trump parle durement de l’Iran, s’il cède la Syrie à Moscou et à Téhéran, est-ce qu’Israël doit s’inquiéter du partage des renseignements avec la Maison Blanche sur ce front?

Il existe également des préoccupations à long terme si les services de renseignements israéliens se joignent à Trump.

D’une manière ou d’une autre, Trump sera éliminé d’ici deux ou six ans.

Si les services de renseignements israéliens sont perçus comme partisans aux États-Unis, certains membres de la CIA et d’autres responsables se souviendront peut-être de cet affront pendant des décennies après le départ de Trump.

Donc, il n’y a pas de réponses faciles.

La vérité est que la seule règle claire pour Israël est qu’il devra faire des heures supplémentaires pour marcher sur la corde raide entre les deux camps.

Même si cela fonctionne parfois plus étroitement avec l’une ou l’autre des parties, les services de renseignements israéliens devront essayer de convaincre Trump et la communauté des services de renseignement américains que cela ne dépend que d’eux.

PAR YONAH JEREMY BOB
 1 FÉVRIER 2019 01:35
Adaptation : Marc Brzustowski

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