L’armée israélienne accuse l’Iran d’escalade dans le « terrorisme au drone »

Les responsables militaires constatent un renforcement des activités liées aux drones ; Téhéran tenterait d’en fournir des milliers à ses groupes affiliés

Alors que les responsables, ces derniers jours, ont fait savoir qu’un accord sur le nucléaire potentiel conclu entre l’Iran et les puissances mondiales pourrait être en vue, l’armée israélienne a fait part, lundi, sur Internet de nouvelles accusations contre le programme de drones développé par Téhéran, avec des images d’avions israéliens abattant plusieurs drones iraniens qui n’avait jamais été diffusées.

Israël a mis en garde de manière répétée contre la menace significative que ferait planer sur la région les drones iraniens – en particulier dans la mesure où la République islamique d’Iran arme ses groupes terroristes mandataires, qui sont installés le long des frontières de l’État juif – et le pays a également souligné qu’aucune disposition sur la question posée par les drones et sur celle, plus large, des organisations terroristes affiliées à Téhéran ne figurait dans l’accord sur le nucléaire dont la conclusion pointerait à l’horizon.

Les responsables militaires ont fait savoir, lundi, que le « terrorisme par les drones » était une problématique nouvelle et qui concerne le monde entier. Ils ont accusé directement Téhéran de s’en prendre à des cibles civiles et militaires au Moyen-Orient.

Dimanche soir, l’armée israélienne a annoncé que ses F-35 avaient abattu deux drones iraniens qui transportaient des armes en date du 15 mars, l’année dernière. Selon Tsahal, qui a examiné le parcours qu’ils avaient emprunté, ces drones étaient destinés aux terroristes de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Une interception de drones similaire avait eu lieu en 2018.

Les soldats ont précisé que c’était la première fois que les jets F-35 avaient été utilisés pour abattre des drones.

L’armée a publié une vidéo (ci-dessus) de ces interceptions, en plus d’une image montrant que l’un des drones transportait plusieurs armes.

Les restes d’un drone iranien chargé d’armes à feu abattu par les forces israéliennes le 15 mars 2021, une photo transmise en date du 7 mars 2022 par Tsahal. (Crédit : Armée israélienne)

Selon les militaires, les drones étaient de fabrication iranienne, du modèle Shahed-197. Produit par les industries de la défense de l’Iran, ce drone présente une autonomie de vol de 2000 kilomètres, il peut atteindre une vitesse maximale de 200 kilomètres par heure et il a une envergure de sept mètres. Il est par ailleurs capable de porter une charge de plusieurs dizaines de kilos.

Tsahal a aussi donné de nouveaux détails sur un drone iranien qui avait été abattu le 10 février 2018 alors qu’il transportait du TNT destiné à des opérations terroristes en Cisjordanie, comme l’avait révélé l’année dernière le ministre de la Défense Benny Gantz.

Selon des estimations militaires, ce drone de type Shahed-141 qui avait été lancé depuis la base aérienne T-4 en Syrie est capable de voler à une vitesse de 185 kilomètres par heure et son envergure est de 4 à 6 mètres. Il avait été abattu par des hélicoptères de combat israélien.

Une vidéo de l’interception de ce drone, qui avait eu lieu en 2018, a aussi été publiée ainsi que des images des frappes aériennes israéliennes qui avaient eu lieu en Syrie en riposte.

De nouveaux détails sur un autre drone qui avait été lancé vers le nord d’Israël, au mois de mai 2021 – dans le contexte de la guerre d’onze jours qui avait opposé l’État juif aux groupes terroristes de Gaza – ont aussi été rendus publics.

Ce drone de modèle Sammad, qui est capable de transporter une charge allant jusqu’à 115 kilos, avait été abattu à proximité de Beit Shean, dans le nord de l’État juif. Il avait été lancé depuis le territoire irakien, apparemment par des milices soutenues par l’Iran et implantées dans ce secteur.

Les hauts-responsables militaires ont fait savoir qu’ils avaient constaté que les attaques au drone de l’Iran étaient en hausse, ces dernières années – à commencer avec le drone qui avait été abattu dans le nord d’Israël en 2018 et en passant par l’attaque massive qui avait pris pour cible la compagnie pétrolière saoudienne Aremco en 2019.

Depuis, il y a eu plus d’une dizaine d’autres incidents – survenus avec l’implication de la République islamique, pense Israël – liés à des drones qui s’en sont pris à des navires liés à l’État juif qui se trouvaient en mer, à des troupes américaines en Irak et à des cibles en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

Tsahal pense que l’Iran tente actuellement de fournir à tous ses groupes mandataires dans la région – en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen – des centaines, voire des milliers de drones en plus d’une formation militaire.

Les restes d’un drone iranien chargé d’armes à feu abattu par les forces israéliennes le 14 mars 2021, dont une partie était retombée dans un bassin du kibbutz Maoz Haim. (Crédit : Armée israélienne)

Si Israël a reconnu avoir pris pour cible les bases des forces iraniennes et des groupes terroristes affiliés à la République islamique en Syrie, ainsi que les livraisons d’armement à destination des groupes soutenus par Téhéran dans la région, le Times of Israel a appris que plusieurs frappes avaient visé très précisément des sites liés au programme de drones iranien.

Tsahal a indiqué que les trois interceptions de drones avaient été réalisées « en coordination avec les pays voisins ». Le mois dernier, une chaîne de télévision israélienne avait déclaré que l’État juif et ses alliés régionaux étaient en train de développer un accord de défense conjoint contre la menace spécifique représentée par les drones.

Le moment choisi par l’armée pour ces différentes publications et révélations serait lié aux négociations sur le nucléaire à Vienne, qui seraient sur le point de s’achever par un accord.

Les négociateurs de toutes les parties, ces derniers jours, ont fait savoir qu’un accord potentiel visant à faire revivre le pacte initialement signé en 2015 – le JCPOA (Plan d’action global commun) – était proche. La semaine dernière, Gantz avait estimé qu’un accord pourrait être signé « dans les prochaines semaines, voire peut-être dans les prochains jours ».

L’accord original de 2015 avait entraîné une levée des sanctions imposées à l’Iran en échange d’une limitation de son programme nucléaire, mais les États-Unis s’étaient retirés du pacte de manière unilatérale en 2018 sous l’administration de l’ancien président Donald Trump, qui avait remis en place de lourdes sanctions économiques.

Les restes d’un drone iranien chargé d’armes à feu abattu par les forces israéliennes le 15 mars 2021, une photo transmise en date du 7 mars 2022 par Tsahal. (Crédit : Armée israélienne)

Ce retrait avait amené l’Iran à revenir sur ses propres engagements et à enrichir son uranium à un degré de pureté guère éloigné du niveau technique requis pour fabriquer une arme atomique.

Mais les pourparlers ont essuyé les conséquences des tensions entre la Russie et l’Occident suite à l’invasion russe de l’Ukraine, à la fin du mois dernier.

Gantz a appelé, lundi, dans une publication Facebook la communauté internationale à « agir contre les agressions iraniennes », jurant qu’Israël continuerait à intervenir indépendamment d’un accord qui serait conclu entre les puissances mondiales et Téhéran.

Les efforts visant à mobiliser et à convaincre la communauté internationale pourraient s’avérer être difficiles dans la mesure où Jérusalem a rejeté, de son côté, les demandes de l’Occident de soutenir pleinement l’Ukraine, cherchant à trouver l’équilibre entre ses inquiétudes humanitaires et son désir de ne pas voir ses relations avec Moscou tourner à l’aigre.

La Russie autorise tacitement Israël à mener des opérations militaires contre des cibles soutenues par l’Iran en Syrie, et l’État juif craint que cette liberté d’action ne soit restreinte si la Russie devait aujourd’hui interdire ces interventions aériennes.

Les responsables militaires expliquent que l’armée est en état d’alerte maximale concernant la menace des drones. Toutefois, le mois derniers, les systèmes de défense antiaérienne israéliens avaient été dans l’incapacité d’abattre un petit drone entré dans le pays depuis le Liban. Le groupe terroriste du Hezbollah, soutenu par l’Iran, avait ultérieurement fait savoir qu’il était à l’origine de son lancement.

Par EMANUEL FABIAN  Times of Israël 

 

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Hervé

Quel est le pays qui possède les drones les plus performants ? C’est sauf erreur Israël. Donc au lieu de pleurnicher il faut envoyer des drones tueurs sur la tête des mollahs.