Depuis quelques mois, les grands stratèges occidentaux nous expliquent avec nombre d’arguments et une forte conviction que l’Etat islamique, Daech, ne peut pas gagner la guerre et imposer son projet de califat sur la Syrie et l’Irak. Pourtant chaque semaine, on constate une progression des djihadistes sur le terrain, et la poursuite des atrocités dans les territoires conquis.

Lors de la prise de Palmyre, on nous a proposé une thèse d’un cynisme intéressant, selon laquelle Assad aurait volontairement abandonné la défense de la ville pour que les exactions probables  contre les sites archéologiques servent de levier à une intervention plus active des Etats occidentaux dans le conflit et assurent son maintien au pouvoir dans le cadre de cette ingérence. Il n’est pas du tout certain que le gouvernement de Damas ait fait ce calcul, mais plutôt celui d’un repli pour défendre la capitale, directement menacée aujourd’hui.

Certes, Assad dispose de moyens militaires encore importants, mais le moral de ses troupes n’est plus très élevé, et dans la crainte d’un coup d’Etat, le président est maintenant protégé par les services de sécurité iraniens et sur les axes principaux ce sont les membres du Hezbollah qui combattent, payant ici un prix très lourd.

Nasrallah a lui-même évoqué la semaine dernière, l’éventualité d’une mobilisation générale des shiites au Liban. L’impression qui ressort de ce conflit, c’est qu’au fond la véritable question n’est pas seulement la quantité des armes, le nombre de combattants, ou la qualité de leur formation, mais la motivation des acteurs.

Certes, pour nous, il est difficile de comprendre ce qui mène de jeunes paumés des banlieues à donner leur vie pour un idéal, contraire à toutes les valeurs auxquelles nous croyons, mais pourtant, comme c’était le cas dans d’autres dictatures en d’autres temps, ces hommes et femmes s’identifient à ce qu’il faut bien appeler un « ethos », une cause pour laquelle ils sont prêts à sacrifier leurs vies et celles de leurs proches.

A cet idéal de mort, il ne suffit pas d’opposer des armes sophistiquées ou des technologies de pointe, mais avant tout un « ethos » de vie capable d’insuffler à des combattants une détermination, un enthousiasme et une conviction profonde des valeurs sur lesquelles leur existence se fonde. C’est bien pourquoi, sur le terrain de la guerre en Irak et en Syrie, les seuls qui réussissent à vaincre localement l’Etat islamique sont les Kurdes, alliés de toujours d’Israël, qui aida à former les cadres de l’armée de libération de Moustapha Barzani dans les années 70.  Les Kurdes comprennent qu’ils défendent non seulement leur terre ou leur maison mais un système de valeurs pour lequel ils sont prêts à mourir.

La lutte contre Daech n’est pas seulement un combat militaire, et l’Occident ne semble pas avoir pris la mesure de cette dimension essentielle du conflit. L’enjeu réel de cette guerre, c’est qu’elle doit d’abord être gagnée sur le plan moral avant de l’être sur le champ de bataille.

Michaël Bar-Zvi – Chronique du 28 mai 2015 – Yod Be Sivan 5775

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