La situation entre factions arabes et kurdes luttant contre l’Etat islamique se détériore sévèrement. Soutenus par les Etats-Unis, différents groupes en viennent à s’affronter sur le terrain. Washington regarde la situation de près.

Le 12 juin, un groupe de l’Armée syrienne libre aurait tiré un missile guidé sur une position des Unités de protection du peuple (YPG). C’est ce que clame le groupe de combattants kurdes.

L’accusation témoigne du degré des tensions actuelles entre les différentes factions soutenues par les Etats-Unis. Alliés contre l’Etat islamique, l’Armée syrienne libre et les Unités de protection du peuple poursuivent des buts différents. Si les premiers font du départ de Bachar el-Assad une priorité, les seconds pensent à consolider leur zone de contrôle dans le nord-est du pays.

Méfiance à tous les étages

Sur un théâtre de conflits, poursuivre des buts différents n’est jamais très productif. Ainsi, chaque camp s’accuse mutuellement de pactiser avec l’ennemi et porte le conflit sur le terrain ethnique.

S’ils veulent la guerre, ils la perdront

Arabes et Kurdes ne se font pas confiance. «Les divisions sont très fortes entre eux, explique le chef du politburo de Jabha Shamiya, l’un des groupes les plus importants de l’Armée syrienne libre dans la région d’Alep. Si une solution politique n’est pas trouvée très vite, nous irons tout droit vers une escalade.» Du côté des Kurdes, Redur Xelil, porte-parole des Unités de protection du peuple, se montre enclin à négocier mais ferme : «S’ils veulent la guerre, ils l’auront.»

Le problème principal reste l’objectif politique des Kurdes qui est d’obtenir l’autonomie dans la région du nord-est syrien. Les Arabes voient celui-ci comme un projet séparatiste. Ils ne leur font pas confiance pour stabiliser les zones qu’ils prennent sous contrôle. Les forces arabes anti-Assad comparent les Kurdes aux chiites, qui luttent également contre l’Etat islamique mais à qui ils n’accordent aucun crédit.

Jeu d’échec risqué

Aux Etats-Unis, on est parfaitement conscient de la situation. La puissance de feu des Kurdes est la pièce maîtresse des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition formée en octobre dernier et qui regroupe des factions luttant contre Daesh. «Il y a un énorme manque de confiance vis à vis des intentions et du contrôle des territoires. Nous sommes très sensibles à cela», a rapporté un officiel de l’armée américaine cité par Reuters.

L’autre point de friction entre Kurdes et Arabes demeure les relations avec Damas et la Russie. Les premiers semblent moins hostiles au pouvoir en place que les seconds. Des groupes rebelles ont accusé les Unités de protection du peuple d’avoir agit en coordination avec le gouvernement syrien et l’armée russe dans la région d’Alep. Les Kurdes nient formellement.

Il en va de même pour les relations avec la Turquie. La porosité entre certains groupes rebelles et les islamistes font que les premiers sont vus d’un bon oeil par Ankara, qui n’hésite pas à les soutenir. Les Kurdes syriens, proches de leurs homologues du PKK en Turquie, sont des ennemis jurés du gouvernement d’Ankara.

Ce n’est pas la première fois que Washington se retrouve en difficulté avec les groupes qu’elle soutient. Récemment, Jurgen Todenhofer, le premier journaliste à avoir eu accès à Daesh, a accusé les Etats-Unis de jouer sur plusieurs tableaux pour «diviser la Syrie»

Sans compter qu’une partie non négligeable des rebelles entraînés et armés par la CIA a rejoint les islamistes. Ces alliances ont notamment poussé des milices chiites, pourtant alliées des Etats-Unis en Irak, à combattre aux côtés des troupes de… Bachar el-Assad.

RT

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