Comédien et metteur en scène prolifique, Steve Suissa, à l’actualité riche aussi bien théâtrale que télévisée et ce, dès dimanche sur France 2, a accordé une interview au Monde Juif .info :
Du 23 octobre au 1er novembre prochain aura lieu la seconde édition du Festival du théâtre français en Israël. Comment vous est venue l’idée de monter un tel événement ?
Cela fait cinq, six ans, que j’amène des spectacles en Israël. Cela a commencé avec Anne Frank, joué à Natanya et à la cinémathèque de Tel-Aviv avec Francis Huster.
L’année d’après, on a monté les spectacles de Stefan Zweig, puis en retournant à Paris, on s’est rendu compte que les francophones vivants en Israël avaient un vrai manque de culture française, et donc nous avons eu l’envie et le devoir de construire, de plus en plus fort, un pont d’amour et de culture entre ces deux pays.
L’année dernière, nous avons, avec Jean-Marc Dumontet avec lequel je partage ce risque et cette envie, créé la première édition de ce Festival du théâtre français en Israël avec des acteurs comme Pierre Arditi, Daniel Russo, François-Xavier Demaison, Francis Huster, Thierry Lermitte, et cela a été un énorme succès, des salles pleines, et là on s’est dit qu’on devait perdurer et pérenniser cet événement.
Parlez nous de cette deuxième édition…
La première édition avait pour thématique l’identité, cette deuxième édition, la transmission.
Et pour ça, je voulais des spectacles différents et forts, je voulais qu’on se rapproche encore plus des Israéliens, parce que c’est important que les francophones et les Israéliens partagent ensemble, plus que jamais, ces spectacles.
On a décidé de prendre “Le livre de ma mère” d’Albert Cohen, et humblement, de ramener Albert Cohen à la maison. Ce sera une mini-tournée puisque Patrick Timsit ira jouer ce spectacle à l’université de Tel-Aviv, au Grand théâtre de Jérusalem, au Grand théâtre d’Ashdod et au Grand théâtre de Natanya.
Pour ce spectacle, j’ai tenu à ce que ça soit sous-titré en hébreu pour les Israéliens. Le deuxième de ces spectacles sera la nouvelle comédie de Laurent Ruquier, que j’ai le plaisir de mettre en scène, “Pourvu qu’il soit heureux”, une thématique très sociétale, avec Francis Huster, Fanny Cottençon, Louis Le Barazer, et pour ce, Laurent Ruquier fera le déplacement exprès pour l’ouverture du Festival.
On aura un autre spectacle, Les Chatouilles ou La danse de la colère, qui a cartonné en France pendant deux ans. C’est un spectacle un peu difficile car c’est l’histoire vraie d’une femme qui a été victime d’abus sexuels, je trouvais que c’était intéressant de faire une soirée forte en émotion, pour dénoncer ça et que cela n’arrive plus, et surtout parce qu’il y a des associations en Israël qui font un travail énorme, nous serons d’ailleurs en partenariat avec une association très forte, qui fait un très beau travail en Israël.
Nous inviterons tous les bénévoles de cette association et toutes les femmes des plus influentes de ce pays, israéliennes comme francophones, pour marquer le travail de cette association, et surtout pour montrer qu’Israël aussi fait un travail sur cette problématique, et faire cette soirée en l’honneur de la femme.
Ensuite, nous clôturerons le Festival dans un des plus beaux théâtres en Israël, le théâtre Habima, où Richard Berry, pour la première fois, viendra jouer “Plaidoiries”, qui sont les cinq plus belles plaidoiries de l’histoire française.
Comme on le sait, les plaidoiries ne sont jamais éditées, et en avant-première, il viendra les jouer. L’effort qu’on fait pour montrer au public israélien et francophone qu’on les aime, c’est que ce soir-là, on ne jouera pas à Paris, le théâtre sera fermé et on jouera en avant-première, en Israël, pour montrer à quel point il est important pour nous de faire ce pont d’amour.
Est-ce que le ministère de la Culture ou l’ambassade de France en Israël vous aident pour pérenniser l’évènement ?
Non, mais toute aide est la bienvenue…
Est-ce que c’est compliqué de convaincre les artistes de venir en Israël ?
Il y a des artistes qui ont forcément peur par rapport aux tensions… Il y a des artistes qui sont totalement désinformés par rapport à ce qu’est ce pays et par rapport à ce qui s’y passe…
Forcément que s’est compliqué, mais ce qu’il y a de sûr, autant pour les artistes que pour les techniciens, c’est qu’une fois qu’ils viennent, ils ne repartent pas pareils. Ils repartent avec des souvenirs pleins les yeux. Ils repartent avec beaucoup d’émotions. Ils repartent des fois avec beaucoup de colère, mais de la bonne colère. La colère de voir une douceur, une fraternité entre Juifs et Musulmans, auxquelles ils ne s’attendaient pas, qu’on leur avait cachées. Et en ça, la culture est incomparable.
Justement, en parlant d’artistes, il y a quelques jours Véronique Genest a déclaré qu’elle aimerait travailler avec vous et justement jouer en Israël…
Ca me touche déjà, parce que j’aime beaucoup cette femme. Je trouve qu’elle est courageuse. Pourquoi pas l’année prochaine, avec plaisir et joie.
Début septembre, les téléspectateurs de France 2 vont découvrir “Béréchit : à l’origine”,un programme passionnant que vous produisez sur le judaïsme et le monde juif. On a vraiment hâte de le découvrir et de vous entendre à ce sujet…
Merci… J’ai eu la chance que le Grand rabbin de France Haïm Korsia, le président du Consistoire, Joël Mergui, Marc Eisenberg, le ministre de l’Intérieur et des Cultes, les gens de France Télévisions aient eu envie à l’unanimité que je prenne, entre guillemets, humblement, le relais de Josy Eisenberg, pour lequel j’avais énormément d’estime et de respect.
J’ai donc réfléchi à un concept, je voulais que cette émission soit ouverte à tous, on a trouvé l’idée du musée, un endroit ouvert pour les gens. On a donc associé le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MaHJ), tout va partir de là : les émissions, les introductions, les conclusions.
Je voulais que plusieurs rabbins la présentent pour qu’il y ait une vraie diversité de points de vue. Le judaïsme, c’est la diversité. Et sur ce, je voulais tout reprendre à zéro et à ma façon, et donc faire trois sortes d’émissions.
Une émission sur les symboles, les fêtes, les rites… tout expliquer avec des illustrations, avec des spécialistes sur le plateau. Dans une deuxième émission, lier le judaïsme avec une problématique comme par exemple le judaïsme et l’intelligence artificielle, le judaïsme et la musique, le judaïsme et le théâtre… Et dans une troisième émission, le judaïsme et un endroit incroyable, faire voyager le téléspectateur…
Vous préparez un documentaire sur l’espion israélien Eli Cohen… On est en plein dans l’actualité…
J’ai une fascination pour les destins… Anne Franck, Young Perez, Einstein, Stefan Zweig… Eli Cohen, c’est un destin tragique et à la fois fascinant… J’ai eu la chance de rencontrer sa femme, et sa fille Sophie, ils m’ont accordé une interview, et à la suite de cette interview, il m’était impossible de ne pas faire un documentaire et de ne pas partir à la recherche d’Eli Cohen.
Propos recueillis par Yohann Taïeb
Tout à fait interloqué de constater Les mélanges de mauvais goûts entre culte et culture.
France télévision à Mon avis n’est qu’un vecteur , c’est lamentable et consternant de constater que les copinages au Consistoire dont certains fraîchement parrainé en Grand rabbin et dont la stature réelle est en fait moins que petite , prolifèrent et dégringolent la crédibilité de l’institution qui se prend pour l’académie des belles lettres et nous égare dans un flou people ou showbiz qui n’a rien à voir avec le Judaïsme.
Étrange orientation que de prendre un homme de spectacle pour succéder à un rabbin. Décision éminemment politique de la part de France télévisions qui distribue les bons et mauvais points