Une météorite aurait détruit une cité antique, inspirant l’histoire de Sodome

« Une pluie de soufre et de feu » qui a tout détruit : les scientifiques décrivent la catastrophe qui a complètement anéanti Tall el-Hammam, près de la mer Morte, il y a 3 600 ans

Une civilisation ancienne, dans le secteur de la mer Morte, aurait été totalement anéantie par une explosion « aérienne » d’une puissance comparable à une arme atomique qui aurait été entraînée par la chute d’une météorite, qui aurait détruit les villes et apporté du sel dans la terre il y a environ 3 600 années – rendant la région inhabitable pendant des siècles, affirment les scientifiques dans une étude publiée cette semaine. Ils ont également supposé que cet événement dramatique avait pu servir de source d’inspiration au récit biblique de la destruction de Sodome.

Les conclusions de cette étude qui, pendant des années, a été réalisée par une équipe scientifique multidisciplinaire ayant pris part au projet de fouilles jordanien de Tall el-Hammam, ont été publiées lundi dans un journal peer-reviewed sur internet, Nature Scientific Reports.

Les éléments indiquant une mort soudaine et des destructions ayant entraîné l’effondrement des bâtiments, la fonte des poteries, laissant derrière eux un paysage désert, carbonisé, ont entraîné la conclusion que les villes et les implantations humaines environnantes avaient été anéanties par une explosion aérienne plus forte que celle qui était survenue à Tunguska, en Russie, en 2008, où une météorite qui avait chuté, avait explosé avec mille fois plus d’énergie, que la bombe atomique qui s’était abattue sur Hiroshima.

Ces conclusions pourraient aider à résoudre un mystère : Pourquoi l’une des régions agricoles les plus productives, qui avait permis de répondre aux besoins de dizaines de milliers de personnes pendant plus de 3 000 ans, était-elle soudainement morte et était-elle restée déserte pendant plusieurs centaines d’années ?

Elles offrent aussi peut-être l’origine du récit biblique de la ville de Sodome, décrite dans la Genèse (19:24-25) : « Alors Dieu fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu… Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. »

Selon la Bible, Dieu avait décidé de détruire Sodome en raison de la perversité de ses habitants.

« La destruction de Sodome et Gomorrhe » de John Martin, 1852. (Crédit : Domaine public, via Wikipedia)

L’étude note qu’il y a un débat en cours pour savoir si Tall el-Hammam pourrait être la ville biblique de Sodome, disant que cette question est « au-delà de la portée de cette enquête ».

« Néanmoins, nous examinons si les traditions orales concernant la destruction de cette ville urbaine par un objet cosmique pourraient être la source de la version écrite de Sodome dans la Genèse. Nous examinons également si les détails racontés dans la Genèse correspondent raisonnablement aux détails connus d’un événement d’impact cosmique », indique l’étude, concluant que c’était probable.

« La description dans la Genèse de la destruction d’un centre urbain dans la région de la mer Morte est cohérente avec le fait d’avoir été un témoin oculaire d’une explosion aérienne cosmique », dit l’étude, notant que cela correspondait à leurs conclusions de « pierres tombées du ciel ; le feu est descendu du ciel ; une fumée épaisse s’est élevée des feux ; une grande ville a été dévastée ; les habitants de la ville ont été tués ; et les cultures de la région ont été détruites. »

L’étude note également que la description de la destruction de Sodome est unique. « Il n’y a pas d’écrits anciens connus ou de livres de la Bible, autres que la Genèse, qui décrivent ce qui pourrait être interprété comme la destruction d’une ville par un événement d’explosion. »

Sur cette photo de 1953, des troncs d’arbres jonchent le campagne sibérienne 45 ans après la chute d’une météorite sur le terre près de Tunguska, en Russie. Cette explosion survenue en 2008 aurait représenté 10 mégatonnes environ ; elle a détruit 80 millions d’arbres sur des kilomètres à proximité du site de l’impact. (Crédit : AP Photo, File)

Pour parvenir à leurs conclusions sur la cause de la destruction de Tall el-Hammam, les scientifiques ont dit avoir examiné 14 grandes lignes de preuve, y compris la découverte de poteries et de briques qui ont fondu à des températures extrêmement élevées, du carbone semblable à du diamant formé à haute pression et à haute température, et des preuves de minéraux qui ont fondu à des températures de plus de 2 500°C (4 500 degrés Fahrenheit).

L’étude a examiné d’autres causes possibles comme les guerres, les tremblements de terre et les éruptions volcaniques, mais a conclu que si elles pouvaient expliquer certaines des découvertes, seule l’explosion d’un météore pouvait les expliquer toutes.

Illustration de la destruction du palais de Tall el-Hammam. L’image A montre la reconstitution, par un artiste, du palais de 4 à 5 étages – une reconstitution faite à partir de données établies – et l’image B montre les millions de briques en boue de la partie supérieure du palais et des autres bâtiments qui manquent. (Crédit : mCreative Commons CC-BY-4.0 https://www.nature.com/articles/s41598-021-97778-3/figures/2)

Ils ont également découvert des restes humains qui, selon eux, ont été tellement détruits et dispersés qu’ils ne peuvent avoir été causés que par une explosion massive de type nucléaire.

« Les circonstances et l’état des os et des fragments humains suggèrent qu’au moment de leur mort, ces personnes vaquaient à des activités normales à l’intérieur du palais, sur le périphérique supérieur et/ou sur le rempart au-dessus de la route, où elles ont été frappées par une impulsion thermique à haute température, suivie d’une onde de souffle à hyper-vitesse provenant d’une explosion aérienne cosmique catastrophique », indique l’étude, notant que l’événement le plus similaire enregistré à l’époque moderne est l’explosion aérienne de Tunguska.

En 1908, une explosion massive près de la rivière Tunguska en Sibérie a rasé quelque 2 000 kilomètres carrés de taïga forestière inhabitée. Curieusement, aucun cratère n’a été découvert et les scientifiques expliquent cet étrange phénomène par l’explosion d’un météore à quelque 5-10 km au-dessus de la terre.

L’envergure de l’impact de la chute d’une météorite à Tunguska, en Sibérie (1908), superposée sur le périmètre de la mer Morte. (Crédit : Creative Commons CC-BY-4.0 https://www.nature.com/articles/s41598-021-97778-3/figures/52)

Le scientifique a également découvert que la raison pour laquelle la région est restée abandonnée si longtemps après l’événement cataclysmique est due à une augmentation soudaine de la salinité de la terre, qui l’a rendue impropre à l’agriculture pendant plusieurs centaines d’années.

« Cet abandon de plusieurs siècles est particulièrement déroutant, étant donné que cette région contient les terres agricoles les plus fertiles dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres à travers la Jordanie, Israël et la Palestine. La destruction a été si remarquable et si répandue que le nom de la région est devenu Abel, les ‘terres de deuil’ », note le document, affirmant qu’elle ne pouvait pas avoir été causée par un événement régulier, mais par « une catastrophe régionale mettant fin à une civilisation qui a dépeuplé plus de 500 km² du sud de la vallée du Jourdain pendant trois à sept siècles ».

L’étude émet l’hypothèse qu’une explosion aérienne au-dessus de la mer Morte, hautement salée, a pu distribuer de l’ »eau hypersaline » dans toute la région.

Le sel sur les rives de la mer Morte, le 11 janvier 2017. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)

« Les survivants de l’explosion n’auraient pas pu cultiver et auraient donc probablement été contraints d’abandonner la région », indique l’étude, qui précise que les terres n’ont pu redevenir arables qu’après quelque 600 ans.

Le pic de salinité dans la région fournit un lien supplémentaire avec le récit biblique de Sodome. Lorsque Lot et sa famille ont fui la ville, sa femme a désobéi à Dieu et s’est retournée pour voir la destruction, où elle a été punie et transformée en statue de sel.

Selon un article publié en 2013 dans la Biblical Archaeology Review par le codirecteur de Tall el-Hammam, le Dr Steven Collins, le site de Tall el-Hammam est un candidat solide pour la ville biblique de Sodome en raison d’une multitude de facteurs. La catastrophe découverte, et son emplacement précis, qu’il relie aux références bibliques de « ha-kikkar » (ou idiomatiquement, la plaine).

Collins écrit que la catastrophe massive a été gravée dans la mémoire culturelle collective et préservée dans la tradition biblique.

Le pilier qui serait, selon la tradition biblique, l’épouse de Lot sur le mont Sodome, près de la mer Morte. (Crédit : Shmuel Bar-Am)

« Le souvenir de la destruction de ha-kikkar, avec son importante population et ses vastes terres agricoles, a été préservé dans le Livre de la Genèse et finalement incorporé dans un conte traditionnel qui, s’appuyant sur la couche de cendres qui recouvrait la destruction d’une de ses principales villes, se souvenait d’un lieu consumé par une catastrophe ardente venue ‘des cieux’ (Genèse 19:24) », écrit-il. « La Bible donne le nom de la ville : Sodome ».

Cependant, d’autres chercheurs – en particulier les autorités bibliques chrétiennes – ont contesté l’identification de Tall el-Hammam et sa destruction comme le site et l’inspiration de l’histoire de Sodome, citant à la fois son emplacement et sa datation comme problématiques pour s’intégrer dans le récit biblique.

« À mon avis, il s’agit d’un exemple de preuves rassemblées pour soutenir l’identification du site comme Sodome, au lieu de laisser le site parler de lui-même », a déclaré l’archéologue Robert Mullins, président du département d’études bibliques de l’université Azusa Pacific, à Christianity Today après la publication de l’étude.

Les conclusions sur l’explosion du météore ont été tirées par une équipe de 21 scientifiques de l’Université de Californie, Santa Barbara, New Mexico Tech, Northern Arizona University, NC State University, Elizabeth City (NC) State University, University of South Carolina, East Carolina University, DePaul University, Trinity Southwest University, University of Oregon, University of Alaska Fairbanks, Charles University in Prague, Comet Research Group, US Navy, et Los Alamos National Laboratories, qui ont examiné des échantillons provenant de 15 saisons de fouilles à Tall el-Hammam.

Ils ont conclu que « cette hypothèse d’explosion/impact ferait de Tall el-Hammam la deuxième plus ancienne ville connue à avoir été détruite par une explosion/impact ayant fait de nombreuses victimes humaines, après Abu Hureyra, en Syrie », il y a environ 12 800 ans.

Amanda Borschel-Dan a contribué à cet article.

Par TIMES OF ISRAEL STAFF 10 octobre 2021, 19:14

Sodome et Gomorrhe en feu par Jacob de Wet II, en 1680 (Crédit : Creative commons)

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Miraël

Le pilier est un peu grand par rapport à la femme de Lot. Mais le reste est parfaitement crédible.