« Le destin d’une famille dans l’étau de l’Histoire »

Le documentaire et le livre Simone Veil et ses sœurs se penchent sur la correspondance des trois sœurs Jacob, entre 1936 et 1952. Leurs lettres témoignent du destin d’une famille niçoise, déportée en 1944, dont les parents et le frère ont été exterminés. (Simone a été déportée avec Milou et leur mère Yvonne à Auschwitz ; Denise, résistante, à Ravensbrück.)

Le 30 mars 1944, Simone Veil a 16 ans lorsqu’elle est arrêtée à Nice, transférée à Drancy, puis déportée à Auschwitz, avec sa mère Yvonne et sa sœur Madeleine (surnommée « Milou »). Son père André et son frère Jean, déportés en Lituanie, ne reviendront jamais. Sa sœur Denise, qui a rejoint le groupe de résistants Franc-tireurs à Lyon (Rhône), est arrêtée en 1944, torturée et déportée à Ravensbrück.
David Teboul est auteur d’un documentaire et d’un livre intitulés Simone Veil et ses sœurs qui retracent le destin de Simone, Madeleine surnommée Milou et Denise Jacob, à travers, notamment, leurs correspondances entre 1936 et 1952. (1) Rencontre.
À quelles lettres avez-vous eu accès ?
Ce sont, pour l’essentiel, les lettres de Milou, Denise et Simone, et quelques lettres de leurs parents, notamment au moment de leur arrestation en 1944. Puis les écrits de Milou, jusqu’à sa mort accidentelle, en voiture, en 1952.
Que livrent ces lettres ?
Les premières lettres sont celles d’une jeunesse heureuse à Nice, occupée jusqu’en 1943 par les Italiens qui ne traquent pas les juifs. Puis les textes de Milou, l’aînée,
évoquent leur retour de déportation. Ces écrits intimes racontent le destin d’une famille dans l’étau de l’Histoire, la relation très forte des trois sœurs, la place fondamentale de leur mère. Leur courage extraordinaire.
Simone a été déportée avec Milou et leur mère à Auschwitz. Être ensemble les a aidées ?
Survivre dans les camps d’extermination nazis était un « accident ». Leur destin était de mourir. À Auschwitz (Pologne), Simone Veil raconte l’arrivée des trains, la sélection, très rapide, entre ceux qui allaient être gazés immédiatement, notamment les mineurs, et ceux qui vivraient plus longtemps. Dans cette barbarie humaine, être trois leur a permis de se protéger des autres, notamment leur mère, Yvonne Jacob (qui mourra ensuite à Bergen Belsen un mois avant la libération du camp). Il faut entendre leur récit dans ces lettres et ses écrits inédits, complétés par les interviews de Simone Veil et Denise Vernay, menées à partir de 2003.
Après « les Marches de la mort », leur mère succombe à Bergen Belsen…
Êtes-vous satisfaits de la suppression annoncée de la redevance audiovisuelle ?
Yvonne a survécu à Auschwitz, puis à ce que l’on a appelé « Les Marches de la mort », jusqu’au camp de Bergen Belsen (Allemagne). Les deux tiers des personnes qui sont arrivées à Bergen Belsen ont été emportées par le typhus. Dont Yvonne Jacob, en mars 1945, un mois avant la libération du camp par les Anglais.
Où Denise a-t-elle été déportée ?
Denise Vernay, résistante, a été déportée au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne). Les conditions de détention y étaient terribles. Mais ce n’était pas la même dimension qu’Auschwitz. Simone et Milou, déportées parce que juives, sont « passées de l’autre côté de l’humain », explique Simone Veil. En 1945, les résistants sont rentrés plus tôt, ont vécu la Libération et ont été fêtés comme des héros. Les rescapés juifs n’étaient « que » des victimes, suscitant compassion, parfois indifférence.
(1) Simone et ses sœurs : un documentaire inédit, diffusé dimanche 9 octobre, à 23 h 10 sur France 5, avec les voix d’Isabelle Huppert pour Milou, Dominique Reymond pour Denise, Céleste Brunnquell pour Simone, Emmanuelle Devos pour Yvonne, leur mère et Mathieu Amalric pour André, leur père.

https://twitter.com/francetv/status/1579086776760614913?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1579086776760614913%7Ctwgr%5E1303b1721d5feeef6d8fbcee13c77b76defa44de%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.nouvelobs.com%2Fce-soir-a-la-tv%2F20221009.OBS64343%2Fsimone-veil-et-ses-s-urs-nees-jacob-une-tragedie-familiale.html

Et un livre, à paraître le 13 octobre, aux éditions Les Arènes, 22,80 €. Ce livre réunit la correspondance inédite des trois sœurs, de 1936 à 1952, le journal de résistance de Denise Vernay et de nombreuses photos.
Ouest-France  Sonia LABESSE

 

Les trois sœurs Jacob : Madeleine, dite Milou, Denise Vernay et Simone Veil.

Les trois sœurs Jacob : Madeleine, dite Milou, Denise Vernay et Simone Veil. | 10.7 PRODUCTIONS

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires