Si l’on autorise le masque, il faut autoriser la burqa: l’effarante logique de Human Rights Watch

FIGAROVOX/TRIBUNE – Dans un tweet, le directeur exécutif de l’ONG, Kenneth Roth, a fait cette comparaison en postant un article du Washington Post, jugeant que la France était «islamophobe». L’essayiste Barbara Lefebvre décrypte les ressorts idéologiques de ce discours.

 

Par Barbara Lefebvre
Kenneth Roth, directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch.
Kenneth Roth, directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch. JOHANNES EISELE/AFP

Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, est l’auteur de Génération j’ai le droit (éd. Albin Michel 2018).


Pour les boutiquiers du multiculturalisme communautariste, toutes les occasions sont bonnes pour brocarder le modèle laïque français. Il faut savoir faire feu de tout bois, surtout lorsque votre cause a du plomb dans l’aile, qu’elle ne mobilise plus les foules quand tout l’espace du débat tourne en boucle autour d’un virus et ses désastreuses conséquences sociales et économiques.

En effet, la défense du voile intégral ou niqab (autrement appelé de façon impropre burqa) est véritablement un non-sujet de débat public. Et en France, depuis la loi d’octobre 2010, les défenseurs du voilement intégral de la femme ne font plus recette.

Mais on peut compter sur nos décoloniaux français biberonnés aux subventions universitaires nord-américaines et bien insérés dans les réseaux de l’ambassade américaine à Paris, pour continuer à faire croire outre-Atlantique que ce sujet occupe un espace d’importance dans notre vie intellectuelle et politique. La presse bien-pensante américaine ou canadienne aime leur donner la parole, sans contradicteur. Dans ces colonnes, nos décoloniaux s’épanchent régulièrement sur leur terrible condition de «racisés» dans une France en proie à l’apartheid (le fameux «racisme d’État») où la police tire sur les jeunes musulmans des ghettos, et où les pharmacies ne disposent pas de sparadraps adaptés aux peaux foncées. Bref, à lire certains articles de presse du New York Times ou du Washington Post, en France la vie des personnes «racisées» ressemble à celle des Noirs américains au temps de la ségrégation et du Klu Klux Klan.

Fin 2015, un sommet de chefs d’État ouest-africains réunis à Abuja au Nigéria, avait même recommandé l’interdiction du voile intégral dans toutes l’Afrique occidentale.

Ainsi, Kenneth Roth, le président de l’ONG Humans Right Watch, dont la neutralité idéologique et politique est fort contestable, cette ONG étant financée par la fondation de Georges Soros Open Society (qui finance aussi les voyages d’étude en décolonialisme aux États-Unis et Canada de nos militants racisés des «quartiers populaires»), a-t-il lancé sur Twitter: «L’islamophobie peut-elle être plus évidente? Le gouvernement français recommande les masques mais interdit encore la burqa».

Kenneth Roth

@KenRoth

Can the Islamophobia be any more transparent? The French government mandates masks but still bans the burqua. https://trib.al/OB9i204 

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Roth renvoyait vers l’article d’un journaliste du Washington Post, James Mc Aulay. Le tweet a eu son petit succès, bien davantage que l’article ignoré par les agitateurs des réseaux sociaux qui n’ont souvent pas le temps de lire (en anglais) un article et préfèrent relayer bruyamment un tweet de 100 caractères. Illustré par une photographie du président Macron portant un masque lors de son déplacement dans une école de Poissy, l’article est intitulé: «La France préconise le port des masques pour contrôler le coronavirus. Les burqas demeurent interdites». Comme au Tchad, Cameroun ou Sénégal, serait-on tenté de répondre, pays où vivent d’importantes populations musulmanes et qui ont prohibé – comme d’autres pays d’Europe – le port du voile islamique intégral… Fin 2015, un sommet de chefs d’État ouest-africains réunis à Abuja au Nigéria, avait même recommandé son interdiction dans toutes l’Afrique occidentale.

On aurait pu éclairer le journaliste et l’expert en droits de l’homme en leur rappelant que la loi de 2010 prévoit dans son article 2 que «l’interdiction prévue à l’article 1er ne s’applique pas si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires est justifiée par des raisons de santé ou des motifs professionnels, ou si elle s’inscrit dans le cadre de pratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles». Il n’y a donc ni «ironie», ni «contradictions discriminantes» pour le citer, à ce qu’en France pendant la crise du Covid-19, on puisse recommander ou imposer le port d’un masque sanitaire tout en continuant d’interdire le voilement intégral de la femme. Les deux objets ne répondent pas aux mêmes objectifs: la santé publique pour l’un, la claustration de la femme pour l’autre. L’un a un rôle sanitaire de première importance, l’autre un rôle de contrôle social autoritaire incompatible avec nos principes et notre civilisation. Le premier protège d’une menace réelle, un virus, quand le second protège d’une menace fantasmée, à savoir les intentions sinon lubriques du moins forcément sensuelles de tout homme croisant une femme. Fantasme construit depuis des siècles par les hommes d’un clan pour préserver leurs femmes des tentatives de rapt des hommes d’un autre clan ; vieilles habitudes d’un monde patriarcal où la femme n’est qu’un précieux objet domestique qu’on achète et qu’on peut aussi briser quand il ne sert plus.

Il semble désormais n’y avoir plus que la gauche progressiste anglosaxonne pour se faire encore l’écho de ces théories fumeuses.

Si l’on passe les développements du journaliste qui relaie sagement les arguments alambiqués de quelques «chercheur-es racisé-es français-es» qu’il a contactés, on ne peut que s’interroger sur la rigueur de la pensée d’un tel enquêteur. Comment peut-on sincèrement comparer un masque à vertu sanitaire dans le cadre de la régulation d’une épidémie et «un masque» à vertu religieuse visant à dissimuler de façon quasi complète le corps et le visage de la femme? Où est le progressisme émancipateur dont se targuent ce journaliste et ce président de HRW, puisqu’ils ne voient rien à redire au fait qu’on impose à une femme de se couvrir d’une bâche intégrale avec une simple fente pour distinguer le trottoir, où elle marchera souvent chaperonnée? Ces communautaristes à la Trudeau-Ocasio Cortez sont-ils indifférents au sens de la burqa, tenue imposée aux femmes par les États islamiques et les oulémas les plus rétrogrades au nom d’une pseudo pureté, notion inventée par des hommes toujours soumis à leur instinct de possession de mâle alpha?

Le plus piquant dans l’affaire est que ces décoloniaux et autres racisés, tout comme leurs thuriféraires «non racisés», se prétendent féministes, pour mieux fustiger un patriarcat blanc qui n’existe plus que dans leurs songes. Ils trouvent en revanche au patriarcat islamique, ou hindou, toutes les excuses pour perpétuer son injustice envers les femmes qui le subissent, jusqu’au cœur de métropoles occidentales où vivent des populations immigrées. Quand ils défendent le droit des femmes à se soumettre à l’ordre islamique du pur et de l’impur en se couvrant en totalité, ces acteurs du champ décolonial ne révèlent-ils pas davantage leur obsession de la pureté, leur fascination de la pureté normative islamique? Il n’est d’ailleurs qu’à écouter ou lire les propos de ces racialistes sur les personnes métisses pour saisir combien leur fond idéologique se rattache au racisme le plus banal: l’assignation de l’individu à une identité (religieuse, ethno raciale) et l’impossibilité qui lui est faite de s’affirmer hors de son groupe d’appartenance auquel il semble rattaché par des liens naturels indéfectibles. Pour eux on est «d’une race», et point final ; c’est ainsi qu’Obama ne pouvait être qu’un «président noir» alors qu’il est métis, ayant d’ailleurs grandi exclusivement au sein de sa famille maternelle blanche. Gobineau n’est jamais loin quand on prend le temps de lire ou écouter des Norman Ajari ou Houria Bouteldja. Ils auront beau user d’un vocabulaire pseudo-savant issu des sciences sociales et autres cultural studies, ou d’un logos révolutionnaire d’un autre temps, leurs fadaises racistes ne trompent personne.

Il semble désormais n’y avoir plus que la gauche progressiste anglosaxonne pour se faire encore l’écho de leurs théories fumeuses, quand en France leurs excès de langage et de pensée les ont rendus de plus en plus inaudibles. Pour autant, ils ont largement investi le monde universitaire des sciences humaines où l’idéologie a plus de poids et de légitimité que la rigueur intellectuelle des publications. La distribution de titres de «docteur-e-s-» soutenant des thèses farfelues laisse dubitatif sur l’état de notre vie savante. Et puisque Gramsci est devenu à la mode, il ne fait aucun doute que, depuis l’université et les réseaux anglosaxons communautaristes, l’ambition des décoloniaux est de percer le «front culturel» pour imposer leur représentation du monde à notre société postmoderne. À force d’avoir confié nos vies et nos âmes aux technocrates d’administration (nationales et supranationales) et aux machines, notre société n’a plus d’autre fondement que l’asservissement par la déculturation et le consumérisme. Cela crée des vies vides de sens que les décoloniaux espèrent remplir par leur projet de ségrégation généralisée, de servitude volontaire, gérée peut-être demain par ces associations antiracistes et autres ONG à la HRW qui jouent déjà leur rôle de police politique de la pensée.

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9 Commentaires
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[…] contagio, qualcuno sembra convinto che se sono ammesse le mascherine, parimenti deve essere ammesso il burqa: logico, […]

Jelaba

et si on autorise la burqua on doit autoriser la polygamie !! pourquoi pas !!

Avraham

Si ça se trouve, si les Juifs restent encore une génération en France, ils feront comme les pays Arabes :
« Le Juif ingrat qui ose quitter le France pour Israël doit laisser des bien et dire merci qu’on le laisse! »

Stéphan Cobut

La loi dit que l’ on doit avoir le visage entièrement visible et photo exposée dans les communes en Belgique ; le masque n’ est que temporaire pour éviter la contamination du virus puis ce sera le retour à la loi qui est toujours en vigueur donc applicable ; celles qui ne respectent pas la loi dehors retour à la casba .

Hugenot17

« Si l’on autorise le masque, il faut autoriser la burqa! HRW ». A condition quelle soit stérile.

Bourhis

Et que la femme le soit aussi.

Branlant

Je suis entièrement d’accord avec Ixiane ,le masque est un procédé médical qui doit être obligatoire.

LACHKAR Norbert

ELLE DEVRAIT SE CONVERTIR A L’ISLAM,ACCEPTER LA CHARIA ET SURTOUT PORTER LA BURKHA

ixiane

Les masques dans le public doivent être obligatoires ! et si la burqua doit l’être aussi , comme le préconisent les demeurés cités ci-dessus , tout le monde doit le porter , hommes comme femmes au nom de l’égalité des sexes !!!
ON vivra au Pays des manchots !!!
Imaginons notre gouvernement de manchots !!!!
Mais , voyez vous , ce gouvernement n’est pas capable de nous fournir un bout de tissu ( masque ) , je le vois bien fournir une burqua à chacun !!!!