Le Retour des Compagnies Aériennes Étrangères en Israël : À Quel Prix pour les Droits des Passagers ?
Le paysage aérien israélien est en pleine mutation avec l’approbation récente d’un amendement à la loi sur les services aériens, également connue sous le nom de « loi Tibi ». Ce changement législatif, voté par la commission économique de la Knesset, vise à encourager les compagnies aériennes internationales à reprendre leurs vols vers Israël après un retrait massif provoqué par la situation sécuritaire. Cependant, cette avancée suscite des interrogations, notamment sur la réduction significative des droits des passagers en cas d’annulation ou de retard de vol.
Des Changements Législatifs Controversés
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, plusieurs compagnies aériennes étrangères avaient cessé leurs opérations en Israël, invoquant des risques sécuritaires et des obligations juridiques jugées trop contraignantes. Les nouvelles mesures adoptées répondent à leurs préoccupations en réduisant considérablement les indemnisations financières auxquelles les passagers pouvaient prétendre jusqu’à présent.
Concrètement, les passagers ne seront plus automatiquement éligibles à des compensations financières supplémentaires pour des billets achetés entre octobre et novembre 2023, période marquée par des tensions accrues. Par ailleurs, le délai de préavis pour prétendre à une indemnité complémentaire en cas d’annulation a été ramené de 14 à seulement 3 jours pour les vols programmés entre décembre 2023 et février 2024.
En cas d’annulation, les compagnies devront toutefois proposer des alternatives, comme des vols vers des aéroports voisins tels que Larnaca (Chypre), Athènes (Grèce) ou Dubaï (Émirats arabes unis). Mais pour les passagers affectés, ces solutions ne compensent pas toujours les désagréments causés.
Un Filet de Sécurité pour les Compagnies Locales
Dans le cadre de cet amendement, un réseau de sécurité a également été prévu pour soutenir les compagnies israéliennes, notamment Arkia et El Al, afin qu’elles augmentent leurs liaisons vers l’Amérique du Nord. Selon ce dispositif, l’État prendra en charge 50 % des pertes financières liées aux annulations de vols ou aux difficultés opérationnelles.
Cette aide financière vise à préserver la compétitivité des compagnies locales face à un retour attendu des transporteurs étrangers. British Airways, par exemple, prévoit d’ajouter 50 000 sièges dès janvier 2024, tandis que d’autres compagnies, comme Ryanair, conditionnent leur retour à la réouverture du Terminal 1 de l’aéroport Ben Gourion, prévue pour avril 2025.
Une Réforme Critiquée
L’amendement a suscité de vives critiques, notamment de la part du député Ahmed Tibi, initiateur de la loi originale. Selon lui, cette réforme affaiblit durablement la capacité des consommateurs à exiger des compensations, réduisant ainsi leurs droits face aux compagnies aériennes. Bien que cette modification ne soit valable que pour une période de six mois, certains craignent qu’elle n’ouvre la voie à des pratiques moins favorables aux passagers à long terme.
Une Opportunité Économique ou un Recul pour les Droits des Passagers ?
Le retour des compagnies aériennes internationales représente une opportunité économique pour Israël, contribuant à relancer le secteur touristique et à renforcer les connexions internationales. Toutefois, cela se fait au détriment des protections dont bénéficiaient les passagers.
Le défi pour le gouvernement israélien sera désormais de trouver un équilibre entre attirer des investisseurs étrangers et garantir des conditions équitables pour les consommateurs. Alors que les nouvelles mesures entrent en vigueur, il reste à voir si elles répondront aux attentes des compagnies aériennes tout en préservant les droits des voyageurs.
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