Rescapée de la Shoah, Madeleine Mielnicki partage son histoire aux plus jeunes

La Cherbourgeoise Madeleine Mielnicki, enfant cachée pendant l’Occupation, a raconté son parcours aux élèves du lycée Thomas-Helye de Cherbourg (Manche), le 2 février 2023.

Le jeudi 2 février 2023, des élèves de 3e « prépa métiers », et de 2nde professionnelle du lycée Thomas-Helye, ont rencontré une Cherbourgeoise, ancienne enfant cachée durant l’Occupation : Madeleine Mielnicki. Une initiative de Stéphanie Bru, enseignante de Lettres et d’Histoire-Géographie. Les élèves de troisième avaient préparé des questions en amont et les secondes ont assisté à l’entretien pour écrire un article.

Madeleine est née à Paris en 1934, ses parents juifs polonais avaient déjà fui leur pays à cause de l’antisémitisme. Elle se souvient du temps heureux de l’avant-guerre et des jeux qu’elle faisait avec son grand frère Charles.

Une enfance solitaire

Puis vient le temps du départ de son père pour la guerre, de l’étoile jaune obligatoire et des rafles. Avec sa mère et son frère, ils vivent reclus dans une petite chambre, ne sortant que pour le nécessaire. Une assistante sociale se démène pour trouver des places en famille d’accueil aux deux enfants. Sa mère voulait qu’ils restent unis, mais elle sera séparée de son frère.

Madeleine, qui a pourtant des souvenirs très clairs, ne se souvient pas de cette douloureuse séparation et du voyage qu’elle fera pour rejoindre le lieu où elle sera cachée. Elle vivra ensuite dans les Pyrénées-Atlantiques, au Préventorium d’Arbonne. Charles sera envoyé dans le Jura au sein d’une famille. Une enfance solitaire, loin des siens. Mais le plus étonnant, c’est que l’institution n’a pas rendu Madeleine à sa famille après la guerre. Son père devra aller la chercher et aura beaucoup de difficultés à la ramener avec lui.

Madeleine a retrouvé sa famille, mais il a fallu du temps pour recréer du lien après cette longue séparation. Les collégiens se sont demandés comment sa mère avait pu vivre seule dans Paris. Madeleine ne le sait pas, car après la guerre personne ne parlait, on gardait tout pour soi.

Nous sommes restés en vie tous les quatre. C’est une grande chance, c’est aussi grâce à l’assistante sociale et à un inspecteur de la préfecture, qui prévenait ma mère avant les rafles. Il s’appelait François, je ne me souviens plus de son nom de famille mais merci à lui. Madeleine Mielnicki

Les élèves émus

Les élèves ont été attentifs. On les a sentis très émus par l’histoire de Madeleine, et par la souffrance qu’elle ressent encore. Juliette, en troisième, rappelle : « C’est important de raconter car cela peut toujours recommencer, il faut éviter le retour de l’intolérance ».

Pour Madeleine, même si cela fait remonter des souvenirs douloureux, il est nécessaire de regarder le passé, de parler des sujets tabou et de transmettre. Elle ajoute que « l’intérêt porté par les collégiens me fait du bien, je trouve que cette génération est plus réceptive alors tant que je le peux je vais à leur rencontre ».

Les jeunes élèves n’oublieront pas de sitôt la rencontre avec Madeleine, et son témoignage qui illustre de manière sensible le travail fait en classe sur la période d’Occupation et sur la Shoah.

Par Rédaction La Presse de la Manche
La classe de troisième « prépa métier » avec Stéphanie Bru et Madeleine Mielnicki. (©Karen PENVERN/La Presse de la Manche)

 

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madredios

D. merci, il n’y avait acune « chance pour la Fronsse » dans la classe car il(elle) aurait pu ….