Près de 60 millions de déplacés à l’intérieur même de leur pays en 2021. C’est l’effrayant bilan dressé par plusieurs ONG et publié ce jeudi.

Les conflits et les désastres naturels sont les deux principales causes mises en avant. Sur ces dix dernières années, 2020 et 2021 occupent respectivement les deux premières places en termes de nombre record de déplacements. En 2020, l’HCR, le Haut Commissariat aux Réfugiés, dénombrait 82 millions de déplacés et réfugiés (voir tableau joint). On peut relever que les Palestiniens dénombrés à hauteur de 5,7 millions de personnes sont les seuls à bénéficier d’un organisme spécifique dédié l’UNRWA avec depuis sa création, plus de 100 milliards de dollars versés.  Quant aux 20 millions d’autres réfugiés dépendant de l’HCR, et aux 48 millions de « déplacés internes » aucun organisme ne semble leur être consacré.

Les « déplacés internes »

Selon l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), près de la moitié de ces personnes avaient moins de 18 ans. D’année en année, ce chiffre – qui ne tient donc pas compte des réfugiés à l’étranger – ne cesse de croître. Un nouveau record devrait être établi en 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a commencé le 24 février. Plus de huit millions de personnes étaient ainsi déplacées à l’intérieur de l’Ukraine, plus de deux mois après l’invasion du pays par la Russie, selon l’ONU.

 » Le monde s’écroule »

Le secrétaire général du NRC, Jan Egeland est alarmiste. Il affirme que la situation dans le monde « n’a jamais été aussi mauvaise » et assure que « le monde s’écroule ». « La situation aujourd’hui est réellement incroyablement bien pire que ce que notre chiffre record suggère. Nous avons besoin que les dirigeants mondiaux opèrent un changement titanesque de leur mode de pensée pour éviter et régler les conflits, afin de mettre fin à cette montée en flèche de la souffrance humaine », a-t-il dit.

L’Ethiopie, l’Afghanistan et la Birmanie pâtissent du climat et des conflits

L’Afrique subsaharienne est région qui a enregistré le plus grand nombre de déplacements internes en 2021. L’Ethiopie, en proie à une grave sécheresse et au conflit qui a éclaté en 2020 dans la région du Tigré, compte à elle seule plus de cinq millions de déplacés. Le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans un seul pays. L’Afghanistan a également enregistré un record en raison du retour au pouvoir des talibans conjugué à la sécheresse. En Birmanie, les militaires qui ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en février 2021, ont poussé de nombreuses personnes à fuir leur foyer.

Le Moyen -Orient

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont en revanche enregistré les niveaux les plus bas de nouveaux déplacements en dix ans, les conflits en Syrie, en Libye et en Irak ayant connu une certaine désescalade, mais le nombre total des personnes déplacées dans la région reste élevé. En ce qui concerne les déplacements internes en raison d’un conflit la Syrie comptait toujours le plus grand nombre, soit 6,7 millions fin 2021. Viennent ensuite la RDC (5,3 millions) et la Colombie (5,2 millions), ainsi que l’Afghanistan et le Yémen (4,3 millions chacun).

94 % des déplacements causés par les catastrophes naturelles

Bien que les personnes déplacées par les conflits soient toujours plus nombreuses, les catastrophes naturelles restent la raison principale pour laquelle les gens se voient obligés de fuir de chez eux. Pas moins de 94 % de ces déplacements ont été attribués à des catastrophes météorologiques et climatiques, telles que les cyclones, les inondations et la sécheresse, des phénomènes toujours plus fréquents et plus intenses en raison du changement climatique dont près de 70% en Chine, aux Philippines et en Inde. Mais, de plus en plus, conflits et catastrophes naturelles vont de pair, a relevé Jan Egeland. Dans des endroits comme le Mozambique, la Birmanie, la Somalie et le Soudan du Sud, les crises se chevauchent, ont un impact sur la sécurité alimentaire et aggravent la vulnérabilité de millions de personnes.

Qu’est-ce qu’un réfugié palestinien?

Faute de directives de l’Assemblée générale des Nations Unies, et en l’absence de définition clairement établie au niveau international, l’UNRWA a élaboré sa propre définition du « réfugié palestinien ». Selon celle-ci, un réfugié palestinien est une personne dont le lieu de résidence normal était la Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948, et qui, en raison de ce conflit, a perdu à la fois son foyer et ses moyens de subsistance. Autres critères pour avoir droit aux aides : la personne doit être enregistrée auprès de l’UNRWA et avoir trouvé refuge dans l’un des pays où l’UNRWA opère. Au fil du temps, cette définition a connu de multiples modifications ou extensions. Le besoin d’assistance a ainsi parfois été un critère supplémentaire et la pratique a fait que les générations suivantes ont elles aussi été enregistrées comme réfugiés. Sur ce point, l’UNRWA ne se distingue que peu du HCR, qui enregistre lui aussi plusieurs générations de réfugiés (on peut citer comme exemples l’Afghanistan et la Somalie). À l’origine, l’UNRWA limitait l’enregistrement des descendants de réfugiés
palestiniens à la lignée masculine. Mais depuis 2006, les femmes palestiniennes ayant épousé un non Palestinien peuvent elles aussi demander à être enregistrées auprès de l’UNRWA, de même que leurs descendants (lignée féminine). Elles peuvent bénéficier des prestations de l’UNRWA, mais ne sont pas comptées dans la population des réfugiés palestiniens. De son côté, le HCR ne fait pas de différence entre les descendants des lignées féminine et masculine. Contrairement au HCR et à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, l’UNRWA ne prévoit aucun motif de perte du statut de réfugié, hormis le décès. Pour le HCR, par exemple, le droit à l’assistance s’éteint lorsque les réfugiés ont obtenu des droits civiques ou la nationalité de leur pays d’accueil. Dans le cas de l’UNRWA, un tel principe serait lourd de conséquences. La grande majorité
des 2,2 millions de réfugiés enregistrés auprès de l’UNRWA vivant en Jordanie possèdent un passeport jordanien. Donc selon les modalités du HCR, ces 2,2 millions de palestiniens auraient dû perdre leur titre de réfugiés

Le droit au retour

L’UNRWA lui-même n’a pas de mandat relatif à la mise en œuvre du droit au retour. Cependant, sa propre résolution fondatrice, la 302, ainsi que les différentes résolutions adoptées par l’Assemblée générale de l’ONU en vue de renouveler son mandat font référence à la résolution 194 de l’ONU sur le droit au retour, et ce dès son préambule. De nombreux réfugiés palestiniens considèrent l’UNRWA comme le garant de leur droit au retour et évaluent les actions de l’agence à cette aune. L’UNRWA lui-même pose pour acquis qu’il continuera à assumer ses tâches jusqu’à ce que la résolution 194 soit appliquée ou qu’une solution « juste et durable » soit trouvée au problème des réfugiés

 

L’Unrwa un frein à la possibilité d’une solution?

Le reproche selon lequel l’UNRWA joue un rôle trop politique porte principalement sur deux aspects. Premièrement, il est reproché à l’organisation de s’accrocher au « droit au retour » et de cimenter par là même l’un des principaux points de discorde dans le conflit au Proche-Orient. L’UNRWA est accusé d’outrepasser son mandat et de rendre la recherche de solutions encore plus difficile. De son côté, l’UNRWA rappelle que c’est l’Assemblée générale des Nations Unies, et non l’Office, qui a instauré le droit au retour. Mais il est vrai aussi que depuis quelques années, l’UNRWA a renforcé son action en faveur des droits des réfugiés palestiniens dans le cadre de sa politique de protection. Son rôle est donc devenu plus politique, ce qui l’expose à des critiques dans ce domaine.
Deuxièmement, ses détracteurs font valoir le fait que l’enregistrement par l’UNRWA des réfugiés de deuxième et troisième générations entrave l’élaboration de solutions politiques. À ce sujet, il a déjà été exposé dans le premier chapitre qu’un tel enregistrement est parfaitement conforme à la pratique internationale et à celle du HCR. La multiplication du nombre de réfugiés est avant tout due au fait qu’aucune solution n’a pu être trouvée à ce jour au conflit du Proche-Orient..

Pendant que « le monde s’écroule » et que l’année 2021 a vu 60 millions de personnes réfugiées et déplacées, 36 familles palestiniennes de Batan Al Hawah et Sheikh Jarrah ne cessent d’occuper les médias depuis des années. La construction par Israël de logements ou d’extensions d’appartements étant un sujet de préoccupation majeure.

Malgré les différentes décisions de justice dont celle de la Cour Suprême israélienne ayant décidé de leur expulsion, ce qui serait mis en oeuvre dans tout autre pays,  36 familles de Batan Al-Hawa et Sheikh Jarrah s’accrochent à leurs maisons sans titre de propriété. Avec une attention minutieuse, l’ONU estime qu’au moins 970 Palestiniens risquent d’être expulsés de force en raison d’affaires portées devant les tribunaux israéliens. Les réglementations locales rendent également difficile pour les Palestiniens d’agrandir leurs maisons. Entre 1991 et 2018, 9 536 logements ont été approuvés pour la construction dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, contre 21 834 dans les quartiers israéliens, selon Peace Now. Et à cause des obstacles bureaucratiques, de nombreux travaux de construction sont effectués illégalement, entraînant des démolitions par les autorités israéliennes. On souhaiterait que les 60 millions de personnes enregistrées par le HCR bénéficient d’un seul pour cent de l’attention portée aux palestiniens. Le mandat de l’UNRWA actuel se termine en 2023, n’est-il pas temps d’effectuer un changement sérieux?

JForum – 20 minutes – UNRWA – Rapport du Conseil fédéral Suisse

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