La vaste campagne de l’État islamique, intitulée « Massacrez les juifs », récemment lancée dans le sillage de la vague de violences en Israël et dans les territoires palestiniens, a eu de nombreuses répercussions. La campagne comprend tous les éléments familiers des campagnes précédentes de l’EI, y compris l’utilisation abondante des médias sociaux pour encourager les attentats, et des vidéos dans lesquelles des militants armés profèrent des menaces et appellent à l’escalade de la violence.
Cette campagne de l’EI a été largement couverte par les médias occidentaux et israéliens, l’accent mis sur les menaces qui pèsent sur Israël et les juifs et sur des détails insolites, comme le fait que deux militants des vidéos aient proféré leurs menaces en hébreu. Cette campagne, et les événements de ces derniers mois en général, ont de nouveau soulevé la question du point de vue de l’EI sur la question palestinienne et sur la guerre contre Israël.
Malgré l’existence de la campagne « Massacrez les juifs », adressée principalement aux Palestiniens, et son impact, la cause palestinienne n’est pas une préoccupation majeure pour Daech. Contrairement à de nombreux mouvements et organisations pour lesquels la libération de la Palestine, de Jérusalem et d’Al-Aqsa, ainsi que la lutte contre Israël, sont prioritaires, l’EI perçoit ces objectifs comme des objectifs à long terme. La priorité de l’EI est de combattre ce qu’il considère comme les ennemis internes de l’islam, à savoir les chiites et les régimes arabes laïcs. Pour lui, la conquête de Bagdad, de Damas, du Caire et de la Mecque prime sur la libération de Jérusalem.
En outre, l’idée d’un Etat palestinien s’inscrit en porte à faux avec l’idéal religieux et idéologique de Daech. Sa vision est basée sur l’instauration d’un califat, nullement soumis aux délimitations géopolitiques modernes, et dans lequel des Etats distincts n’ont pas leur place. L’EI rejette aussi catégoriquement les principes démocratiques et toute adhésion aux lois internationales adoptées par les mouvements palestiniens, y compris les islamistes.
L’EI est tout à fait en mesure de lancer rapidement une campagne d’information incluant des vidéos produites par les antennes de ses médias officiels, des vidéos et du matériel informatif mis au point par ses organes de presse officieux, et un très vaste discours via les médias sociaux. Par conséquent, malgré sa portée, cette campagne ne devrait pas indiquer de changement important dans les priorités de l’EI.
Soyons clairs, l’EI n’ignore pas la cause palestinienne ; il reconnaît son importance pour le monde arabe et islamique et l’exploite, à l’instar d’autres régimes, organisations et mouvements, pour son arsenal d’outils d’information et comme moyen de recrutement. En outre, il surfe sur la vague de l’attention des médias gagnée par ses menaces d’attaques contre Israël pour frapper son principal rival dans l’arène palestinienne : le Hamas.
L’EI n’a pas de présence organisée parmi les Palestiniens de la bande de Gaza ou de Cisjordanie. La plupart de ses effectifs sont dirigés vers le Sinaï et vers les arènes de combat en Syrie et en Irak, où se déroulent les entraînements et les combats. Les militants de l’EI dans la bande de Gaza sont chargés de promouvoir l’entreprise d’information de Daech en diffusant son idéologie au sein de la population.
* R. Green est chercheur à MEMRI
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