Le 24 janvier 1943, le quartier Saint-Jean de Marseille est évacué par les autorités françaises et allemandes.

C’est une victoire pour les victimes qui réclamaient la reconnaissance  de la Rafle du Vieux Port.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « crimes contre l’humanité » en vue de retrouver d’éventuels responsables encore en vie, 76 ans après les persécutions et le transfert forcé en 1943 d’au moins 20.000 Marseillais.

L’enquête a été ouverte le 29 mai par le pôle du parquet de Paris spécialisé dans ce type de crimes imprescriptibles, suite à une plainte déposée par un avocat marseillais, Me Pascal Luongo, au nom de survivants de cet épisode relativement méconnu de la Seconde Guerre mondiale.

Par Annie Vergnenegre

 

Marseille : des victimes de la rafle du Vieux Port portent plainte pour crime contre l’humanité

 

Plus de 75 ans après la rafle du Vieux Port et la destruction du quartier Saint-Jean, des victimes ont décidé de porter plainte pour crime contre l’humanité. Ces jours terribles de 1943 sont mal connus des Français. Il s’agit avant tout d’un devoir de mémoire.

Le 24 janvier 1943, les autorités françaises, en concertation avec l’armée allemande, ont vidé le quartier Saint-Jean, baptisé « la petite Naples », de ces habitants. 20 000 à 25 000 personnes ont été évacuées, 12 000 ont été transférées de force au camp de Fréjus, près de 1000 ont été déportées vers les camps de la mort. C’était la « rafle du Vieux Port ».

Plus de 75 ans après, des victimes réclament la reconnaissance de cet évènement historique « que peu de Français connaissent ». Elles ont décidé de porter plainte pour « crime contre l’humanité ».

Ces jours terribles de 1943 sont mal connus des Marseillais et des Français. Le Vieux Port ressemble à ce qu’il est parce que des Allemands et des Français, dans une opération concertée, ont décidé d’évacuer 20 à 25 000 personnes et d’en déporter près d’un millier vers les camps de la mort

explique maître Pascal Luongo, l’avocat des victimes de la « rafle du Vieux Port ».

La plainte a été déposée devant le procureur de la République de Paris, seul compétent pour traiter les crimes contre l’humanité.

Nous espérons une réaction positive du parquet parisien qu’il se saisisse de cette plainte en coopération avec la justice allemande. Elle semble vouloir pousser dans ce sens puisqu’elle juge en ce moment d’anciens nazis, en Allemagne

précise l’avocat.

Si cette plainte est saisie, l’enquête consistera ensuite à rechercher de possibles survivants, du côté des criminels.

Le temps a passé, les victimes n’ont plus de ressentiments très durs. Ce qu’elles veulent, c’est que leur action et leurs souffrances soient reconnues. Ça fait partie de leur histoire, elles attendent de la justice qu’on reconnaisse ce crime contre l’humanité.

Entretien avec maître Pascal Luongo, avocat des victimes de la « rafle du Vieux Port »

Entretien avec maître Pascal Luongo, avocat des victimes de la « rafle du Vieux Port »
Extrait du journal régional France 3 Provence-Alpes du dimanche 7 avril 2019.

La rafle du Vieux Port

Le 22 janvier 1943, la rafle de l’Opéra à Marseille conduit 782 juifs à la déportation et à la mort. Sur ordre des Allemands, en concertation avec les autorités françaises, dès le surlendemain, le 24 janvier, la « petite Naples », le quartier Saint-Jean sur le Vieux Port est vidé de ses habitants. Sur 20 à 25 000 personnes évacuées, 12 000 sont transférées de force à Fréjus, 800 sont déportées en Allemagne.

La police française, je précise bien, est venue nous demander de préparer nos affaires, de n’emporter que des bagages à main et de bien refermer la porte en partant

raconte Antoinette Castagno, elle n’avait que 9 ans ce jour-là.

On a entendu un grand bruit dans l’escalier, c’était la garde mobile française. On évacue, on ne sait pas pourquoi. Les Allemands étaient à l’accompagnement sur le Vieux Port. On a pris le tramway et nous sommes allés jusqu’à la gare d’Arenc, dans des trains à bestiaux. Puis on est allé jusqu’à Fréjus

relate à son tour, Robet Barone. Il avait 5 ans en 1943.

Ces deux victimes de la « rafle du Vieux Port » sont restées environ une semaine, parquées au camp de Fréjus, à dormir sur de la paille, très peu alimentées. A leur retour à Marseille, tous les appartements avaient été ouverts. « Ça a été vandalisé, pillé, saccagé » se souvient Antoinette.

Entre le port et la place de Lenche, entre l’église Saint-Laurent et l’Hôtel Dieu, vivaient en grande majorité des italiens, depuis la fin du XIXe siècle. Les Allemands désignaient le quartier Saint-Jean comme le chancre de l’Europe. Il était réputé abriter des délinquants et les résistants pouvaient trouver refuge dans ce dédale de rues étroites.

Pourtant, seuls les voyous, avertis par des autorités locales corrompues, ont échappé à la rafle.

Le 1er février 1943, les Allemands mettent à exécution la dernière phase du « plan Sultan ». Le dynamitage du quartier, 1 500 immeubles ont été détruits.

Aujourd’hui, beaucoup de Marseillais ont oublié la violence de ce déplacement de population. Soixante-quinze ans plus tard, une dizaine de témoins portent plainte pour crime contre l’humanité.

Il faut que l’histoire reconnaisse que 20 000 personnes ont été évacuées, ce n’est pas rien… C’est un crime

conclut Robert Barone, témoin vivant de la « rafle du Vieux Port ».

Reportage : Valérie Chénine et Malik Karouche

Par Ludovic Moreau

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yacotito

la justice aurait du attendre encore quelques decades pour etre sure que les coupables passeront au travers des mailles