Rarement aura-t-on vu un peuple s’autoflageller comme l’ont fait les Québécois quand les députés de l’Assemblée nationale ont voté jeudi une motion contre «l’islamophobie», une des grandes impostures intellectuelles de notre époque.

Si l’assemblée du peuple dénonce «l’islamophobie­­», c’est que nos représentants estiment qu’un nombre élevé de Québécois font de la haine du musulman une spécialité locale. C’est ce que croit Adil Charkaoui, du Collectif québécois contre l’islamophobie qui, sans surprise, voit de «l’islamophobie» partout.

En commission parlementaire sur le projet de loi 59 sur les discours haineux, Charkaoui a dit que «l’islamophobie» régnait­­ entre les murs du parlement, courtoisie de la CAQ et du PQ. C’est révoltant­­.

Il va sans dire qu’Adil Charkaoui suinte­­ de reconnaissance envers Françoise­­ David, porteuse de cette motion honteuse, et envers Philippe Couillard qui, le premier, a ouvert la porte de l’État à cette imposture.

Pas de tsunami

Selon la dernière enquête de Statistique Canada, la majorité des crimes haineux continue de viser les Juifs et les Noirs. Il est vrai que les musulmans sont de plus en plus souvent la cible de paroles et de gestes détestables, surtout depuis qu’a été libérée la parole raciste au Québec, mais seulement 48 crimes contre des Arabes ont été rapportés au Canada en 2013.

On ne peut parler d’un tsunami «d’islamophobie­­»! Et pourtant.

Selon Haroun Bouazzi de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec (organisme dont je cherche la composante laïcité depuis longtemps), il y a dans notre société un réel problème de haine envers les musulmans. De la haine? De l’inconfort, de l’ignorance, de l’intolérance, de la peur, sans doute. Mais de la haine? Foutaise.

Quelques ados excités ne font pas des Québécois des racistes. Pas plus que les musulmans ne sont tous des terroristes.

Détournement de sens

Deux jours avant d’être assassiné, Charb, le directeur de Charlie Hebdo, a terminé l’écriture du livre Lettre aux escrocs­­ de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, 89 pages de sagesse brute.

L’islamophobie, croit-il, est un terme inventé qui devrait signifier «peur de l’islam» et non pas «haine des musulmans». Un concept fumeux sorti d’on ne sait quelle filière islamiste et qui veut dire on ne sait trop quoi.

Le rôle de cette soi-disant «islamophobie» dans le débat sur le vivre ensemble est aussi pervers que perfide. Une manipulation. Charb demande pourquoi on n’a pas choisi le terme «musulmanophobie» au lieu d’«islamophobie». C’est tout simple. Parce que ce mouvement ne cherche pas à défendre les personnes de religion musulmane, mais la religion musulmane elle-même. Autrement dit, c’est une façon déguisée de combattre toute critique de l’islam.

Pourquoi enfin «islamophobie» au lieu de racisme? Selon Charb, «les militants communautaristes qui essaient d’imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d’“islamophobie” n’ont pas d’autre but que de pousser les victimes de racisme à s’affirmer musulmanes».

Je ne sais pas si madame David a lu ce bouquin avant d’introduire l’islamophobie à l’Assemblée nationale, traitant ainsi les Québécois de racistes, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Lise Ravary – Journal de Montréal

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