Quand un pays se choisit un bourreau pour président.

L’Iran depuis sa révolution islamique plonge dans la barbarie. Celle-ci consiste à considérer l’humain comme une simple contribution à un projet divin qui exigerait la mort de ses croyants pour permettre la seule gloire de dieu « quoi qu’il en coûte ».

Cette vision de la vie, comme un simple instrument au service d’un dieu exclusif et totalitaire, à qui tout homme doit se soumettre, à commencer par ses fidèles, exige une soumission totale. La haine des autres, des infidèles, entraîne la haine de soi. C’est dans cette perspective que l’Iran a condamné ses habitants et conditionne le peuple, qui en arrive à élire son propre bourreau comme président.

C’est cette vision que l’Iran veut voire appliquée chez ses satellites : le Hezbollah qui a ruiné le Liban, le Hamas qui a détruit Gaza, les Houtis qui ont dévasté le Yémen. Partout l’Iran Chiite est source de mort et de destruction et de malheur.

Ce qui étonne, c’est que l’Europe et les États-Unis de Biden espèrent encore pouvoir avoir des relations civilisées avec un pays qui ne l’est pas. Comment peut comprendre autant d’aveuglement alors que tout démontre que l’Iran viole tous les accords, qui ne sont qu’autant de subterfuges pour aboutir à ses fins dévastatrices et suicidaires.

Si l’Iran a de lourdes responsabilités dans cette situation, qui engendre de nombreux conflits dans la région, les Occidentaux ont une grande part de responsabilité, en n’ayant jamais été ni clairvoyant, ni courageux, ni même honnêtes. Tout cela a un prix : le sang les larmes et la guerre.

Le «bourreau» devenu président

L’élection présidentielle en Iran, vendredi dernier, a fait remonter à la surface de bien mauvais souvenirs chez la dissidente iranienne Farideh Goudarzi, qui a quitté son pays en 2016, après avoir subi trente ans de répression sous la dictature islamiste en place.

« Le monde voit désormais Ebrahim Raïssi comme le nouveau président de l’Iran, laisse tomber la femme dans la jeune soixantaine à l’autre bout de la vidéoconférence et au lendemain de la victoire de l’ultraconservateur. Mais pour moi, c’est avant tout l’assassin de mon mari, de mon frère et de mes meilleurs amis d’université en 1980. C’est celui qui était là, dans la salle de torture, le visage plein de violence quand les Pasdarans [les militaires à la solde du régime] m’ont flagellée pendant des heures, avec des câbles électriques, alors que j’avais 20 ans et que j’étais enceinte. C’est un criminel. C’est un bourreau qui n’aurait pas dû être élu président, mais plutôt poursuivi par un tribunal international pour crime contre l’humanité. »

L’arrivée à la tête de l’exécutif iranien de ce proche de l’ayatollah Khamenei est loin de rassurer les militants pour la démocratie en Iran. Ils voient désormais dans cette élection jouée d’avance le signe d’une radicalisation du régime iranien qui, menacé de l’intérieur et de l’extérieur par des crises interminables, ne peut envisager, selon eux, rien d’autre désormais que la répression pour se maintenir en vie.

Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire, a récolté 62 % des voix lors d’un scrutin marqué par une abstention massive pour une présidentielle de plus de la moitié des Iraniens.

« Il ne fait aucun doute que la répression va s’amplifier en Iran, assure Mme Goudarzi, jointe lundi par Le Devoir en Albanie où elle vit désormais. Le choix de placer ce criminel à la tête du pays confirme que l’opposition va devoir désormais affronter une répression encore plus brutale. »

Lundi, lors de sa première conférence de presse tenue à Téhéran, le nouveau président iranien a assuré avoir « toujours défendu les droits de la personne » dans son pays et repoussé du revers de la main les accusations de ses détracteurs, dont les États-Unis, qui le tiennent pour responsable de tortures et d’exécutions sommaires lors de sa longue carrière au sein de l’appareil judiciaire iranien.

L’ultraconservateur et tenant de la ligne dure du régime iranien est, entre autres, considéré comme l’artisan du massacre de milliers de dissidents politiques emprisonnés en 1988. Ces exécutions extrajudiciaires et menées dans le plus grand secret se sont produites alors que Raïssi était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran cette année-là. Il a toujours nié son implication dans cette campagne d’épuration, mais en 2020, interrogé sur le sujet, il a rendu hommage à l’ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique d’Iran, pour en avoir « donné l’ordre ».

Le «vrai» visage du régime

Et cette sombre feuille de route, la communauté internationale ne peut plus faire semblant de l’ignorer, affirme Farideh Goudarzi. « Les pays du monde, dont le Canada, doivent clarifier leur position sur cet individu », dit-elle après avoir montré à l’écran une photo de son frère, Parviz, puis une de son mari, Benzhad Hafsaoui, tous deux battus et torturés à répétition dans les geôles du tribunal de Hamedan sous la supervision de Raïssi, assure-t-elle, puis pendu sous les yeux du nouveau président dans la cour du bâtiment administratif onze mois plus tard. Leurs crimes ? Avoir été membres de l’organisation prodémocratique des Moudjahidines du peuple d’Iran.

« Ebrahim Raïssi représente la vraie nature et le vrai visage de ce régime, ajoute la dissidente. Comme l’a dit la présidente de la résistance iranienne en exil, Maryam Rajavi, désormais, il n’y a plus rien qui justifie le maintien de relations avec l’Iran comme si de rien n’était. La politique de complaisance avec un régime dont le président est un des pires criminels de l’Iran ne peut plus continuer. La communauté internationale doit s’engager fermement contre cette dictature religieuse et se placer du côté du peuple iranien et de ses revendications pour la liberté et la démocratie. »

Lundi, la France a pris acte de l’élection de l’ultraconservateur tout en s’inquiétant des conséquences sur les droits de la personne dans ce pays. « Nous rappelons les préoccupations que nous avons régulièrement exprimées concernant la situation des droits de l’homme en Iran et de nos ressortissants emprisonnés dans ce pays, que nous continuerons de suivre avec attention », a indiqué une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Le Canada n’a pas encore officiellement réagi.

Pour Mme Goudarzi, qui, 41 ans plus tard dit se souvenir de chaque minute qu’elle a passée au contact de Raïssi et de ses tortionnaires, le successeur de Mahmoud Ahmadinejad doit être tenu responsable « du massacre de 1988 » et « traîné devant le tribunal pénal international » pour être « condamné pour ses gestes », dit celle qui a fui son pays il y a cinq ans avec son fils, à qui elle a donné naissance en 1980, en détention, entre torture et interrogatoire. Un appel soutenu par Amnesty International qui samedi, depuis Londres, a qualifié cette victoire électorale d’une confirmation « sinistre que l’impunité règne en maître en Iran », a résumé l’organisme par voie de communiqué.

Amnesty a appelé les États membres du Conseil de l’ONU pour les droits de l’homme à prendre des « mesures concrètes » contre cette dictature islamiste qui, de toute évidence, ne veut plus laisser parler les modérés et a rappelé que le nouveau président était également « responsable de l’arrestation de milliers de manifestants et de centaines de disparitions forcées […] après les manifestations de protestation de novembre 2019 » en Iran qui ont été réprimées dans le sang.

Ebrahim Raïssi doit entrer en fonction en août, pour y poursuivre, dit Mme Goudarzi, « 42 ans de torture, d’arrestation et de répression ».

Avec l’Agence France-Presse

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