Point de vue – Premières conclusions à l’issue des élections en Israël, par Daniel Haïk

L’électorat est parvenu à la conclusion que la Justice avait injustement persécuté Netanyahou

Alors que les sondages semblaient immortaliser l’impasse politique entre le bloc des « Bibistes » et celui des « anti-Bibistes », les urnes ont parlé et, au lendemain de cette 5ème consultation électorale en moins de quatre ans, on peut déjà dégager à chaud quelques conclusions non exhaustives

1. La sortie de crise, enfin

Les résultats sont sans appel : pour la première fois depuis près de quatre ans, Israël sort de la crise politique dans laquelle Avigdor Liberman l’a plongé en quittant le gouvernement Netanyahou, en novembre 2018. Fini donc les gouvernements de parité, les Premier ministres d’alternance et les coalitions hétéroclites. Le mérite en revient exclusivement à l’électorat israélien : on disait les Israéliens désabusés et indifférents. Ils ont fait montre de maturité politique.

Dans un sursaut civique inattendu, ils sont allés massivement voter avec la ferme intention de sortir enfin le pays de cette crise constitutionnelle. Le fort taux de participation enregistré mardi (71%) en a été la plus vibrante des expressions. Mais, au-delà, ce vote permet de remettre les pendules politiques à l’heure et, à la droite, de retrouver ses marques traditionnelles après l’expérience pour elle traumatisante du gouvernement Bennett.

Tomer Neuberg/FLASH90Tomer Neuberg/FLASH90

2. Netanyahou, encore et toujours…

Benyamin Netanyahou remporte, pour la première fois depuis qu’il a été inculpé par la Justice, les élections législatives. Ce qu’il n’a pas réussi à faire entre mars 2019 et mars 2021,alors qu’il était Premier ministre, Netanyahou a su le faire alors qu’il était ancré dans l’opposition. Pourquoi ? Tout simplement parce que, durant ces 18 mois de traversée du désert, son électorat traditionnel a suivi de près son procès. Il a pris conscience des vices de formes et autres irrégularités qui l’ont émaillé jusqu’à présent. Et cet électorat est parvenu à la conclusion que la Justice avait injustement persécuté Netanyahou. D’une certaine manière, cette victoire électorale s’inscrit comme un véritable réquisitoire contre le Parquet israélien. La Cour suprême devra en tenir compte lorsqu’elle devra, dans quelques jours, étudier les recours d’ONG qui lui demanderont d’empêcher la formation d’un gouvernement par un candidat au poste de Premier ministre empêtré dans un procès.

Yonatan Sindel/Flash90Yonatan Sindel/Flash90Benyamin Netanyahou participe à la conférence Kikar HaShabbat à l’hôtel Waldorf Astoria de Jérusalem, le 12 septembre 2022.

3. L’incroyable succès de Ben Gvir et Smotrich

Avec 14 mandats, le mouvement  »Sionisme religieux » s’inscrit comme la principale nouveauté de ce scrutin. Un succès que l’on doit en très grande partie à la popularité d’Itamar Ben Gvir. Une popularité qui n’a cessé de grimper au rythme des attentats ayant ponctué la vie des Israéliens ces derniers mois. Pourquoi ? D’abord parce que Ben Gvir a donné le sentiment de parler vrai. Très habilement, il a réussi à séduire un électorat jeune qui exige, de l’Etat, plus de sécurité mais aussi plus de liberté pour les soldats dans leur confrontation avec les terroristes palestiniens. Pour forger ce succès, Ben Gvir est allé glaner des voix au Likoud, dans les rangs de feu Yamina et enfin dans le secteur orthodoxe. La présence de Ben Gvir dans une possible coalition gouvernementale effraie à gauche. Mais il convient de rappeler qu’au cours des derniers mois, Ben Gvir a mis beaucoup d’eau dans son vin. Et qu’il pourrait persévérer sur cette voie en prenant, par exemple, soin de s’exprimer avec plus de compassion et de nuances.

Olivier Fitoussi/Flash90Olivier Fitoussi/Flash90

4. Le pari manqué de Yaïr Lapid

Yair Lapid avait pourtant bien commencé cette campagne électorale. Son prestige en tant que Premier ministre avait fait grimper progressivement Yesh Atid dans les sondages. Mais Lapid a peut-être voulu être trop gourmand et trop vite : au cours des deux dernières semaines, il s’est focalisé sur un défi, faire de Yesh Atid le parti de centre gauche capable de rivaliser avec le Likoud de Netanyahou.

Lapid avait estimé que l’impasse politique allait se prolonger et donc qu’il se présenterait à de sixièmes élections en tant que Premier ministre, qui plus est à la tête d’une grande formation. La démarche était périlleuse, car même si elle faisait grimper Yesh Atid autour de 28 mandats, cela risquait aussi de faire chuter au moins l’un des deux partis de gauche, Travaillistes et Meretz en deçà du seuil d’éligibilité et ainsi accorder la victoire au camp Netanyahou. Ce qui s’est apparemment produit, mercredi avec le parti Meretz qui reste en deçà de ce seuil.

Concrètement, non seulement Yesh Atid n’a pas atteint 28 ou 30 mandats, mais seulement 24, mais il a précipité le Meretz dans les oubliettes politiques ! Lapid est un marathonien : il calcule soigneusement son parcours et progresse a son rythme. Mais là, il n’a pas prévu la mobilisation de l’électorat israélien. Et il sera certainement le chef d’un puissant Yesh Atid mais il se retrouvera aussi dans l’opposition…

AP Photo/Oded BaliltyAP Photo/Oded Balilty

5. L’incroyable score des partis orthodoxes

Là encore, on disait le Shas mais surtout le Judaïsme de la Torah en crise, luttant contre une fuite de leurs mandats en direction de Ben Gvir. Là encore, les sondeurs ont mal lu la carte politique. Les orthodoxes sont allés voter en masse ce mardi. Et la raison essentielle porte un nom qui suscite colère et condamnation: Avigdor Lieberman. Durant le gouvernement Bennett-Lapid, Lieberman puissant ministre des Finances s’en est pris avec obsession aux haredim les rendant responsables de tous les maux de la Terre. Cela a eu pour effet de doper ce public et de le mobiliser comme jamais. Autre explication: les orthodoxes ont souffert économiquement durant ces 18 mois d’opposition. Ils ont compris la leçon: et on ne les y reprendra plus! Réaction: avec 20 mandats, 12 à Shas et 8 au Judaïsme de la Torah, les formations orthodoxes ont fait quasiment le plein de leurs suffrages et c’est rarissime!

Yonatan Sindel/Flash90Yonatan Sindel/Flash90

6. Le score mitigé des partis arabes

« Qui sème le vent récolte la tempête ». En décidant de se scinder, le 15 septembre dernier, de la Liste arabe unifié, Samy Abou Shhadé, leader du parti ultra nationaliste arabe Balad, a scellé le sort de ces élections et offert à Netanyahou cette victoire électorale sur un plateau d’argent. De facto, le prochain Premier ministre doit absolument cette semaine envoyer à Abou Shhadé un beau bouquet de fleurs pour le remercier d’avoir provoqué cette scission. Sans elle, le secteur arabe aurait pu réitérer son score fleuve de 15 mandats et avoir un poids déterminant dans la formation de la prochaine coalition. Les partis arabes se sont donc eux-mêmes sabordés. Et même si, au bout du compte, les partis Hadash Tal et Raam passent le seuil, cette réélection restera traumatisante pour la communauté.

Daniel Haïk – i24NEWS
Analyste politique i24NEWS
L’ex-premier ministre israélien et chef du parti Likoud, Benyamin Netanyahou, s’adresse à ses partisans au quartier général de sa campagne à Jérusalem, le 2 novembre 2022. RONALDO SCHEMIDT / AFP

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Franck DEBANNER

Il serai bon, et sain, pour le peuple juif dans son ensemble, que des patriotes juifs, fassent ce que les vermines de gauche israéliennes ont hélas souvent fait, contre des patriotes juifs, à savoir, pousser et aider des déchets nazislamsites, à liquider plusieurs, à défaut de tous, rats de palais du bagats, afin d’en finir proprement avec cette tumeur antijuive au coeur du pays.