Il est intéressant de voir qu’en déclarant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, même sans y déplacer l’ambassade, les Russes ont eu une longueur d’avance sur les Américains. En outre, le président russe Vladimir Poutine, avec sa politique de realpolitik, a les deux pieds sur terre en ce qui concerne les développements au Moyen-Orient. Moscou, si on se souvient, avait annoncé en avril que Jérusalem (bien que faisant seulement référence à la partie ouest de la ville) et non Tel-Aviv était la capitale d’Israël.

Les déclarations de Poutine ont du poids parce qu’il est perçu comme la personne la plus forte de la région. Les dirigeants arabes, des présidents de Syrie et d’Egypte au roi d’Arabie Saoudite, font des pèlerinages au Kremlin pour le rencontrer.

Il y a quelques semaines à peine, dans son lieu de villégiature à Sotchi, Poutine accueillait un sommet entre les présidents iranien et turc. Aucun de ces dirigeants n’a protesté contre la déclaration de Poutine selon laquelle Jérusalem était la capitale d’Israël, et cela n’a en  affaibli la position de la Russie dans la région, bien au contraire.

C’est peut-être la leçon que Trump doit apprendre de Poutine. Si un leader a confiance en lui et en sa position de superpuissance, il doit agir en conséquence et tout le reste se met en place.

En attendant, au-delà des protestations prévisibles mais relativement mineures des Palestiniens et du roi jordanien, qui craint pour la stabilité de son régime, la déclaration d’intention de Trump de reconnaître Jérusalem n’a pas particulièrement eu d’écho dans le monde arabe. Il semble que les pays arabes ne prennent même pas la peine de se prononcer publiquement sur la question palestinienne, et encore moins de lever le petit doigt pour aider les Palestiniens à donner suite à leur ultimatum aux Américains de ne pas toucher à Jérusalem avant qu’un accord sur le statut final ne soit négocié à Ramallah.

Les Etats du Golfe Persique sont en train d’accélérer – un processus surprenant, il faut le dire – de normalisation avec Israël. En tout cas, ils accordent clairement la priorité au blocage de l’expansion de l’Iran dans la région, qu’ils considèrent comme la principale menace pour leur stabilité et leur sécurité, et non Israël. On peut en dire autant de l’Egypte, qui lutte contre les extrémistes islamiques qui n’exigent pas, semble-t-il, une excuse pour continuer à commettre des atrocités, comme en témoigne le massacre massif de fidèles dans une mosquée du nord du Sinaï il y a deux semaines.

En fin de compte, reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël ne s’éloigne pas fondamentalement de la politique américaine traditionnelle, pas même des politiques mises en place par des administrations perçues comme dures pour Israël, comme celle George H.W. Les administrations Bush et Barack Obama. Tous deux ont reconnu Jérusalem comme la capitale de facto d’Israël. Il serait préférable, bien sûr, que cette reconnaissance fasse partie d’une politique américaine et même de la stratégie globale au Moyen-Orient, fondée sur la position avec les alliés régionaux contre les menaces auxquelles ils sont confrontés. Dans l’absence malheureuse d’une telle politique, cependant, même un acte isolé est le bienvenu.

L’administration Trump est en fonction de près d’un an, avec des points forts, mais aussi des imperfections sur plusieurs dossiers. La Corée du Nord n’est pas particulièrement perturbée par les avertissements de l’administration, et l’Iran soumet méthodiquement de larges pans du Moyen-Orient. Les amis de Washington dans la région ont applaudi les tons durs émanant de la Maison Blanche mais attendent toujours des actions. Plus que cela, ils attendent, avec le monde entier, de voir une personne à la Maison Blanche dont les promesses et les déclarations méritent d’être prises au sérieux.

 

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Masca38

Il serait fonctionnelle que le Responsable Français se joignent au Responsable Russe et au Responsable Américains. Il serait également salutaire, pour notre sécurité, et pour la sécurité de l’ensemble des Pays Européens que les différents Responsables du Monde entier, se rejoignent et soutiennent de A jusqu’à Z le Responsable Israélien et le Peuple d’Israël. Cessons d’enfouir nos cervelles dans le sable.