L’Arabie saoudite crée la surprise en baissant les prix de son pétrole

Le premier exportateur mondial cherche ainsi à faire réagir les autres pays producteurs, sur fond d’inquiétude économique et géopolitique.

L’Arabie saoudite ajoute aux nombreuses incertitudes qui pèsent sur les cours du pétrole. Lundi, le premier exportateur d’or noir a annoncé une réduction de ses tarifs. La compagnie pétrolière publique Saudi Aramco diminuera ses prix de 2 dollars par baril en février pour ses clients asiatiques. Ses autres baisses de prix ramènent son produit phare, le pétrole brut léger arabe, à son niveau le plus bas depuis vingt-sept mois. Le royaume dit vouloir soutenir les efforts pour renforcer la stabilité et l’équilibre des marchés pétroliers et il félicite au passage les membres de l’Opep+, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, pour leur engagement en ce sens.

En fait, «cela ressemble à un coup de semonce, probablement à destination des autres producteurs, que ce soit la Russie ou les États-Unis». Cela vise aussi «ceux qui ont refusé des coupes de production lors de la dernière réunion de l’Opep ou qui ne tiennent pas leurs engagements de réductions», estime Robert Yawger, spécialiste de l’énergie du groupe financier Mizuho.

Ce mouvement pourrait rappeler celui de 2014, lorsque l’Arabie avait inondé le marché pour contrer l’émergence du pétrole de schiste des États-Unis
«Les Saoudiens en ont assez de faire tout le travail», ajoute-t-il. Le royaume a fait preuve d’une discipline sans faille en contractant sa production de deux millions de barils par jour depuis l’automne 2022 quand d’autres membres de l’Opep+ rechignaient à le faire.

Depuis cette période, soit un peu plus d’un an, les cours du brut ont reculé de près de 20 %. Après l’annonce de Riyad, lundi, le baril de brent fléchissait de 3,34 %. Il regagnait lundi dans l’après-midi 1,2 %, à 77,02 dollars le baril.

Ce mouvement pourrait rappeler celui de 2014, lorsque l’Arabie avait inondé le marché pour contrer l’émergence du pétrole de schiste des États-Unis. Mais il illustre surtout la crainte persistante d’un ralentissement de la demande. Selon les analystes de JPMorgan, celle-ci a atteint en décembre son plus faible rythme en neuf mois. La conjoncture économique mondiale s’affaiblit et l’inquiétude reste vive sur un risque d’élargissement du conflit en cours en Israël.

L’unité de l’Opep fragilisée

Dans le même temps, les observateurs soulignent l’augmentation de l’offre mondiale de pétrole en provenance des pays de l’Opep+ et de pays non membres du cartel pétrolier. Aux États-Unis, notamment, la production de pétrole a battu des records ces derniers mois.

Le revirement saoudien est un mauvais signal pour l’unité de l’Opep et de ses alliés de l’Opep+. Cette association de 22 membres emmenée par l’Arabie et la Russie affronte des difficultés.

L’Opep doit faire face au départ de l’Angola en décembre, ce qui réduit à douze le nombre de ses membres. Elle doit compter aussi avec les inquiétudes sur la production libyenne, comme avec l’afflux de barils iraniens et irakiens et avec la volonté de la Russie d’arroser en brut tous les pays qui l’acceptent, en particulier l’Inde et la Chine, pour augmenter son trésor de guerre.

Le marché du pétrole est également fragilisé par les attaques des houthistes du Yémen contre les navires circulant en mer Rouge, en soutien au groupe islamiste palestinien Hamas dans sa guerre contre Israël. Certaines compagnies maritimes ont enjoint à leurs navires d’éviter la mer Rouge. Mais le trafic des pétroliers est resté stable, seules quelques compagnies comme BP et Equinor optant pour le contournement de l’Afrique. Les houthistes, qui disent viser les navires à destination d’Israël, s’attaquent surtout aux cargaisons de produits non pétroliers. Et les flux sont peu modifiés. Mais si le passage par la mer Rouge reste beaucoup plus abordable qu’un tour d’Afrique, les attaques ont entraîné un bond des coûts de transport et de l’assurance. Et l’incertitude persistante en mer Rouge pourrait inciter les opérateurs européens à acquérir du brut en provenance des États-Unis plutôt que du Moyen-Orient, notent des observateurs.

JForum.fr avec www.lefigaro.fr Par Armelle Bohineust

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