Des frappes russes ont visé, la semaine dernière, les campements d’un groupe rebelle proaméricain « Jaich Souria al-jadid » (« l’Armée nouvelle de Syrie »), à al-Thanaf, point de passage à la frontière avec l’Irak. Si cette information a été démentie par le porte-parole du ministère russe de la Défense, Sergueï Choïgou, plusieurs sources concordantes sur le terrain confirment qu’il s’agit de la seconde offensive aérienne sur cette zone dirigée contre une force pourtant marginale dont les effectifs ne dépasseraient pas trois cents hommes.

Cette nouvelle au premier abord surprenante, au regard de l’entente tacite russo-américaine (garantissant qu’aucune action des forces rebelles de Washington ne serait dirigée contre l’armée syrienne), n’est pourtant pas dépourvue de sens. Sur le plan symbolique, ces frappes aériennes aux conséquences très réduites pourraient accentuer la pression sur Washington dans un contexte où les États-Unis refusent toute coordination directe avec Moscou sur des opérations militaires sur le terrain

En réponse à la proposition faite par Sergueï Choïgou en mai dernier de lancer des frappes aériennes conjointes sur les cibles jihadistes en Syrie, notamment sur les troupes et les convois transportant des armements, qui franchissent la frontière turco-syrienne, le porte-parole du Pentagone Matthew Allen a rappelé le refus de Washington de coordonner avec les Russes sur le terrain.

Cette démonstration de force contre « Jaich Souria al-jadid » semble donc une piqûre de rappel de la capacité de nuisance des forces russes si Washington refuse d’accéder à cette demande. Mais ces raids pourraient également être une mise en garde face au rôle ambigu des forces proaméricaines qui apparaissent comme le meilleur exécutant du plan américain pour contrôler l’axe Bagdad-Damas.

La formation Jaïch Souria al-jadid (fusion entre d’anciens combattants de Jabhat al-assala wal-tanmiya, et de Katibat al-chahid), en reprenant pendant quelques jours (début mars dernier) le point de passage d’al-Thanaf des mains de l’EI, avait déjà suscité la méfiance des Russes qui découvrent avec stupeur qu’un groupe entré depuis la Jordanie se déploie au point stratégique d’al-Thanaf, quelques jours avant le début de l’offensive sur Palmyre, zone opérationnelle des forces russes.

Pour Moscou, il n’est pas exclu que ces combattants majoritairement issus des tribus de Deir ez-Zor pourraient être utilisés par Washington pour empêcher l’armée syrienne de reprendre la route vers Bagdad-Téhéran.

Après l’offensive de Fallouja et la reconquête des territoires controlés par l’EI, l’objectif de Washington pourrait bien être d’atteindre la ville d’al-Qaem, objectif opérationnel qui suppose la reprise d’al-Thanaf. Mises sur pied dans le cadre du programme jordano-américain (conçu il y a un an pour créer une force armée réunissant des tribus de Syrie, de Jordanie et d’Irak) Jaïch Souria al-jadid doit agir comme fer de lance de la reprise de l’axe Bagdad-Téhéran, ce que Moscou entend à tout prix éviter.

Lina Kennouche

OLJ

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winston

les americains prennent les russes pour des aveugles et meme des imbeciles alors qu’ils oubli que ces memes russes memes s’ils pensent qu’ils sont aveugles,ont poutant depuis leur arrivé en syrie maintenant de grandes oreilles parce qu ‘eux les russes les ecoutes en continu et qu’ils savent maintenant tout ce qui se complote dans la region .c’est meme pour cette raison qu’israel se mefi.les russes sont vraiment des crânes brulés et ont vraiment des capacités de nuisances qui est connue par Les americains que par les isaraeliens.