Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz avaient été condamnés avec Abballa en septembre 2013 lors du procès d’une filière d’envoi de djihadistes au Pakistan.

Ils sont trois à avoir été placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur Larossi Abballa, l’auteur du meurtre d’un couple de policiers à Magnanville. Alors qu’un homme est ressorti libre, Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz, 27 et 29 ans,ont été mis en examen samedi soir par les juges antiterroristes pour « association de malfaiteurs terroriste » criminelle, les juges ne retenant pas à ce stade une complicité directe dans le double assassinat. Ils ont été placés en détention provisoire.

Tous deux connaissaient bien Larossi Abballa. Ils ont été condamnés et incarcérés en même temps, évoluant clairement dans les sphères djihadistes. La cartographie relationnelle d’Abballa se dessine peu à peu. Elle indique que l’auteur des deux assassinats entretenait des liens directs avec des membres de la filière des Buttes-Chaumont, Forsane Alizza ou encore des attentats de Casablanca. La théorie du « loup solitaire » semble de moins en moins probable.

Charaf-Din Aberouz est un proche de Larossi Abballa. Les deux hommes ont fait partie d’un groupe de sept Français soupçonnés d’entretenir des liens avec des talibans et Al-Qaïda. Deux d’entre eux avaient été interpellés à Lahore par les services secrets pakistanais en 2011, juste avant d’atteindre le Waziristan, où ils prévoyaient de s’entraîner au djihad. Charaf-Din Aberouz est alors âgé de 25 ans. Il est condamné à cinq ans de prison en France pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste. Il sera libéré le 12 novembre 2015 au motif d’une réduction conditionnelle de peine.

« Violent dans ses rapports avec les mécréants »

Selon les informations que nous avons pu consulter, il est loin d’avoir été un détenu modèle. L’administration pénitentiaire le qualifie de « radicalisé » se comportant « en recruteur » et note : « démarche les détenus arrivants, fait la promotion de l’islam et débute l’enseignement des individus qu’il prend sous sa tutelle ». Ainsi, le 21 février 2012, Charaf-Din Aberouz organise un rassemblement d’une quarantaine de détenus lors de la promenade et prononce un discours pendant 10 minutes « dans le plus strict silence des détenus présents qui semblaient conquis et admiratifs », notent les services, inquiets. Le 27 janvier 2013, il prononce un appel à la prière en pleine nuit. Le 6 juin, ses gardiens rapportent un comportement « violent dans ses rapports avec les mécréants », le 31 décembre 2014, il se réjouit à l’annonce de l’exécution d’Hervé Gourdel en Algérie. Afin d’éviter qu’il ne radicalise tous ses camarades de détention, il changera cinq fois d’établissement sur une période de trois ans et demi.

Ce voyage dans les prisons françaises sera aussi l’occasion de se lier d’amitié avec des figures du terrorisme islamiste. Il fait la connaissance de Maximilien Thibaut, membre du groupe Forsane Alizza – qualifié de pieds nickelés du djihad –, ainsi que de Teddy Valcy, relation bien connue des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier. Plus troublant encore, l’administration pénitentiaire note que Larossi Abballa est ami avec Rachid Aït El Hadj, un terroriste lui aussi originaire des Mureaux, condamné en 2007 pour les attentats de Casablanca. Ce dernier a été déchu de sa nationalité française en octobre 2015. Ce n’est d’ailleurs pas le seul membre du réseau des attentats de Casablanca que connaît Abballa : comme l’expliquaient nos confrères de RTL, Fouad Charouali (lui aussi déchu de sa nationalité), logisticien des attentats de Casablanca, était un voisin de la famille Abballa. Ils habitaient le même immeuble.

Imam autoproclamé

Autre relation déférée devant le parquet, Saad Rajraji. Lui aussi fait partie de la filière djihadiste pakistanaise démantelée en 2011. Condamné à 5 ans de prison, il est libre depuis novembre 2014. Lui aussi s’aventure vers des fréquentations qui suscitent l’attention des services. Dans le téléphone saisi par l’administration pénitentiaire on retrouve, sous différents noms, quatre numéros de téléphone correspondant à Thamer Bouchnak, un imam autoproclamé et considéré comme responsable du processus de radicalisation de nombreux codétenus. Ce dernier organise la lecture de textes religieux lors des promenades et bénéficie de l’attention de nombreux comparses « en raison de sa maîtrise des textes religieux », note l’administration.

Thamer Bouchnak a été membre de la filière des Buttes-Chaumont et a entraîné… Cherif Kouachi. Bouchnak connaît lui-même très bien Djamel Beghal, un ancien du GIA et d’Al-Qaïda. D’après une source proche du dossier, Thamer Bouchnak était jusqu’alors considéré par les services de renseignements comme « le plus susceptible de passer à l’acte ». L’enquête est en cours et devra déterminer si Larossi Abballa a agi sur ordre et bénéficié d’éventuelles complicités.

Le Point.fr

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