Poitiers : l’enseignant soupçonné d’apologie du terrorisme ne sera pas poursuivi

 
 
Près de la mosquée de Poitiers, le 12 janvier.
Près de la mosquée de Poitiers, le 12 janvier. GUILLAUME SOUVANT/AFP

L’enseignant d’un lycée pictavien, mis à pied à titre conservatoire pour quatre mois après avoir été suspecté d’apologie d’actes de terrorisme en classe, ne sera pas poursuivi en justice, a indiqué vendredi le procureur de la République, Nicolas Jacquet.

« Les propos imputés n’apparaissent pas, en eux-mêmes, constitutifs du délit d’apologie d’actes de terrorisme prévu par l’article 421-2-5 du code pénal qui impose de présenter des actes de terrorisme sous un jour favorable. Ils ne pourront donc pas faire l’objet de poursuites pénales », a expliqué le procureur.

Cependant, M. Jacquet estime que « les propos tenus par cet enseignant, le jour même d’un deuil national décrété à la suite d’un attentat terroriste ayant particulièrement ému l’ensemble de la communauté nationale, peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants ».

En conséquence, l’ensemble des auditions et éléments recueillis dans le cadre de l’enquête pénale ont été communiqués au recteur d’Académie « afin qu’une réponse adaptée puisse être donnée dans le cadre de la procédure disciplinaire en cours ».

Depuis les attentats en région parisienne au début de janvier, les procédures pour apologie d’acte terroriste se sont multipliées. Les tensions ont particulièrement été vives à l’éducation nationale, où 200 incidents ont été officiellement recensés.

Jean-François Chazerans, professeur de philosophie du lycée Victor-Hugo de Poitiers, avait été suspendu quatre mois. Une enquête avait été ouverte contre lui par le parquet de Poitiers pour « apologie d’acte de terrorisme », à la suite d’un courrier de parent d’élève dénonçant ses propos.

OPINIONS PERSONNELLES ET MILITANTES

Le 8 janvier, au lendemain des attentats en France, il avait accepté à la demande de certains de ses élèves de terminale d’animer un débat sur les attentats. Au cours dudit, deux groupes d’élèves s’opposaient, l’un défendant la liberté totale d’expression, l’autre prônant une expression limitée et considérant que les journalistes de Charlie Hebdo étaient allés trop loin en caricaturant le prophète Mahomet.

Selon l’enquête pénale confiée à l’antenne de police judiciaire de Poitiers, le professeur avait orienté le débat en exprimant des opinions personnelles faisant le lien entre le terrorisme et ce qu’il qualifiait d’« impérialisme de l’Occident », en assimilant les militaires français engagés dans des opérations extérieures à des terroristes.

Ces propos avaient provoqué de vives réactions, notamment auprès d’élèves ayant des parents militaires, dont certains avaient été engagés dans des opérations extérieures. Et l’audition des élèves a confirmé que leur professeur avait l’habitude lors de ses cours de faire part de ses opinions personnelles et militantes.

Les élèves ont cependant affirmé qu’en dépit des propos tenus, à aucun moment le professeur n’entendait légitimer ou soutenir l’action des terroristes.

« FAUX PROCÈS »

L’association Droit au logement (DAL) s’est dit vendredi « satisfait d’apprendre qu’il n’y aura[it] pas de poursuite » contre M. Chazerans, l’un de ses militants, qui, selon elle, était victime d’un « faux procès, au vu des informations portées à [sa] connaissance ». DAL appelle le rectorat, à la lumière des éléments du parquet, à « réintégrer » l’enseignant qui, souligne-t-il, « a reçu le soutien de syndicats, de collègues, et de nombreux élèves ».

Décrit par le quotidien régional La Nouvelle République comme un militant d’extrême gauche, l’enseignant avait reçu de nombreux soutiens. Une page Facebook a été créée, où les commentaires ont afflué pour décrire un « enseignant qui sait inculquer à ses élèves les méthodes leur permettant une pensée autonome ». Un rassemblement de soutien a eu lieu mercredi 28 janvier, et une pétition avait été lancée pour demander la réintégration de M. Chazerans dans ses fonctions.

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le

Source : lemonde.fr

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