Plus aucune élection israélienne à l’horizon, juste après l’accord budgétaire et la percée diplomatique avec les EAU

Le mot d’ordre, dans les cercles politiques du dimanche 15 août était que les deux partis au pouvoir, le Likud et Kahol Lavan, sont proches d’un accord pour sauver leur gouvernement de coalition. Le Premier ministre Binyamin Netanyahu aurait cédé à son partenaire, la demande du ministre de la Défense Benny Gantz pour que le gouvernement dépose un budget biennal 2020-2021, au lieu du budget abrégé pour le reste de 2020, que Netanyahu aurait préféré.

Le gouvernement était sur le point de tomber, s’il omettait de présenter un budget de l’État avant la date limite du 24 août, lorsqu’il a obtenu un sursis de 100 jours grâce à un projet de loi reportant cette date. Le projet de loi devrait être porté à sa lecture finale par une majorité de la Knesset.

Ce qui compte avant tout, c’est de savoir si une élection en ce moment est jugée opportune par un homme, Netanyahu, dont le silence sur la question laisse tout le monde deviner (que non). Par conséquent, les experts ont tendance à évaluer tous les événements actuels sous cet angle en se demandant s’ils lui donnent une incitation quelconque à démanteler le gouvernement pour se lancer vers des élections anticipées. Ils essaient de savoir si cela l’aiderait à surmonter les exigences de son procès pour corruption. Va-t-il utiliser un sondage anticipé pour arracher la perspective d’un poste de premier ministre à Benny Gantz à mi-mandat? Et miserait-il sur le soutien des électeurs, tout en portant la responsabilité de la pandémie rampante de coronavirus et d’une économie liée à la récession, sombrant à un PIB de 26,7%?

Une façon bienvenue de détourner le poids de cette anxiété primordiale a soudainement frappé à la porte, le jeudi 13 août. Netanyahu a prouvé qu’il pouvait encore tirer un lapin de son chapeau, lorsque la Maison Blanche a annoncé la décision historique des Émirats arabes unis et d’Israël de normaliser les relations, la première Nation du Golfe à franchir cette étape. Tout le monde était ravi, et même les opposants les plus déterminés du Premier ministre l’ont félicité pour avoir provoqué un tremblement de terre géopolitique à l’échelle nationale et régionale.

À première vue, d’après les sondages, Netanyahu et son parti Likud étaient en position de pouvoir marcher vers une élection réussie, avec la possibilité même de gagner suffisamment de voix pour transcender le tiers environ de l’électorat qu’ils ont recueilli lors des trois premières élections sans issue durant ces 20 derniers mois.

Mais l’excitation suscitée par le coup de théâtre des Émirats arabes unis a été de courte durée, rapidement remplacée par l’humeur désespérée générée par l’urgence sanitaire insoluble et une crise financière sans fin à l’horizon, l’une comme l’autre imputées à Binyamin Netanyahu.

Au moment de son triomphe, il a, en outre, subi les assauts d’une révolte contre l’accord avec les Émirats arabes unis par le noyau dur de son soutien de droite. Le lobby pro-implantations l’a accusé d’avoir trahi leur cause au nom de cet accord et d’avoir manqué à trois promesses électorales solennelles d’annexer les (ou plutôt d’imposer la souveraineté aux) zones juives de Cisjordanie.

Les déclenchements d’incendies dans le sud d’Israël, suite à une offensive du Hamas pour faire chanter le Qatar afin d’obtenir plus d’argent, ont encore alimenté les critiques.

Le soutien populaire potentiellement défaillant a souvent entravé le long règne de 13 ans de Netanyahu à la tête du gouvernement israélien, et l’a fréquemment forcé à faire des concessions aux partenaires de la coalition pour consolider une majorité stable à la Knesset. Pourtant, chaque fois que le public est interrogé par les sondeurs sur leur choix de Premier ministre, ils répondent invariablement : Netanyahu.

Pourtant, la cote de son parti le Likud, dans les récents sondages, est en baisse constante – 30 sièges dans le dernier sondage de dimanche, trois jours après l’annonce de la normalisation avec l’émirat du Golfe, tandis que Yémina (nouvelle droite) a bondi à 18, bénéficiant de l’érosion de la base des partisans de Netanyahu. Benny Gantz ne peut compter sur pas plus de 12 sièges pour le segment qui s’est séparé de l’opposition de Kahol Lavan afin de rejoindre le gouvernement dans la crise du coronavirus. L’autre portion, qu’il a laissée sur les bancs de l’opposition, dirigée par Yair Lapid a obtenu 16 sièges dans le même sondage.

Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient satisfaits de la façon dont le gouvernement avait géré la crise de la covid-19, 65% de l’échantillon ont répondu non et 34% oui.

Mais interrogé sur le meilleur candidat au poste de Premier ministre, Netanyahu est de nouveau arrivé premier avec 46%, suivi de Naftali Bennett de Yamina, l’ancien ministre de la Défense, avec 24%.

Ces chiffres et les tendances qui les produisent ne présagent pas d’élections de sitôt. Premièrement, la pandémie de covid-19 devrait être maîtrisée et l’économie devrait commencer à prendre un virage plus entraînant pour restaurer une certaine confiance du public. Amener l’électeur à l’isoloir au milieu des quarantaines et des confinements partiels serait d’ailleurs un cauchemar logistique.

Aucun des partis de la coalition ne voit quoique ce soit à gagner à un vote prématuré – Gantz perdrait sa chance d’être Premier ministre ainsi que la parité disproportionnée qu’il a obtenue dans les nominations ministérielles de la coalition. Sa campagne serait un match d’échanges de mauvais procédés et d’insultes en argot avec ses anciens collègues. Les partis d’opposition peuvent gagner mais pas assez pour espérer égaler le bloc de droite et le leader du Likoud. Les partis de gauche et centristes ont fondu et la scission de Kahol Lavan a laissé le mouvement voué au renversement de Netanyahu sans aucun point de convergence.

Pour l’instant, Netanyahu semble s’être plongé dans ses prochains plans, tout en consolidant son triomphe diplomatique – surtout si davantage de gouvernements arabes comme le royaume de Bahreïn, Oman… suivent la démarche des Emirats. Il peut garder l’option électorale en réserve pour un autre jour. En cédant à Kahol Lavan sur le budget, il gagne plus de temps et fera sans doute pression pour obtenir des concessions en retour, comme celle d’avoir son mot à dire dans la détermination des nominations aux forces de l’ordre dans le but de bousculer le système qui l’a poursuivi – et prétend-il, traqué -. Certains de ses associés disent qu’il envisage toujours l’option de rompre avec Kahol Lavan et de former un gouvernement alternatif, bien qu’avec une majorité de seulement trois sièges.

Lorsqu’on demande à des manifestants mécontents en faveur des implantations, s’ils ont un autre leader pour remplacer Netanyahu, qui les a laissés tomber, aucun nom ne surgit facilement. Les manifestations flamboyantes devant sa résidence de Jérusalem et sa maison privée à Césarée font une forte impression. Netanyahu a, non seulement, résisté aux mouvements de protestation auparavant, mais en a souvent profité, au cours d’une décennie de croissance économique. Personne d’autre n’est considéré comme capable de répéter cet exploit et de sortir Israël de la récession, un défi qui se pose fortement à de nombreux autres pays affligés.

Adaptation : Marc Brzustowski

No Israeli election seen soon after budget deal and UAE breakthrough

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