Mais où est donc passé Jared Kushner, gendre et ancien conseiller spécial de Donald Trump ?

À la tête d’un fonds d’investissement étroitement lié aux puissances du Golfe, le quadragénaire pourrait conseiller de manière informelle son beau-père sur le Moyen-Orient.

Donald Trump (à gauche) aux côtés de son gendre Jared Kushner, lors de la soirée électorale du 8 novembre 2016. Mandel Ngan/AFP

Près de quatre ans après son retrait de la vie politique, les récents propos publiés par Jared Kushner ont attiré les suspicions sur ses intentions. L’homme d’affaires disparu des radars s’apprêterait-il à reprendre son rôle de conseiller spécial auprès de son beau-père Donald Trump, réélu mercredi à la tête des États-Unis, et notamment le dossier israélo-palestinien dont il avait la charge ? Dans une rare déclaration publique suivant l’assassinat de Hassan Nasrallah par Israël, fin septembre, le businessman a clamé sur son compte X que le jour de la frappe ayant coûté la vie au chef du Hezbollah était « le plus important au Moyen-Orient depuis la percée des accords d’Abraham », en allusion aux traités de normalisation entre l’État hébreu, d’une part, les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Maroc et le Soudan de l’autre, pour lesquels il avait activement participé à la négociation. « La raison pour laquelle les installations nucléaires (iraniennes) n’ont pas été détruites, malgré des systèmes de défense aérienne faibles, est que le Hezbollah était une arme pointée sur Israël », a-t-il poursuivi, estimant également que Tel-Aviv « ne peut plus faire marche arrière » dans la poursuite de la guerre.

Des propos interprétés comme un exposé de sa vision pour le Moyen-Orient, interrogeant sur sa volonté de revenir sur le devant de la scène à l’heure où le nouveau locataire de la Maison-Blanche s’apprête à former son administration en pleine guerre à Gaza et au Liban. Pourtant, Jared Kushner, qui semble s’être largement distancié de Donald Trump depuis la fin de son premier mandat à la tête du pays, a déclaré publiquement à plusieurs reprises durant la campagne électorale ne pas être intéressé par un poste à la Maison-Blanche. Selon des sources proches du dossier récemment citées par le Financial Times, l’homme d’affaires ne rejoindra pas la future administration républicaine mais pourrait la conseiller sur la politique au Moyen-Orient. « Je pense qu’il sera une sorte de conseiller informel, suggère Mark Katz, professeur émérite en sciences gouvernementales et politiques à l’Université George Mason. Il ne semble pas vouloir occuper une fonction officielle dans le cadre de laquelle il ne sera pas autorisé à mêler affaires personnelles et affaires gouvernementales. Il ne veut sûrement pas avoir affaire à des restrictions imposées par un poste au sein du gouvernement. » 

Conflits d’intérêts

Des préoccupations qui s’expliquent par le rôle qu’il occupe depuis l’été 2021, soit quelques mois après la défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine. Jared Kushner fonde alors la société américaine de capital-investissement Affinity Partners, dans laquelle l’Arabie saoudite investit notamment 2 milliards de dollars tandis que des fonds souverains émiratis et qataris en investissent des centaines de millions. De quoi pousser certains observateurs à y voir une sorte de récompense pour la rhétorique pro-Golfe tenue par l’ancien conseiller à la Maison-Blanche. « Kushner œuvrera d’abord dans ses intérêts et dans l’intérêt de ses clients. Et il est au service commercial de l’Arabie saoudite », affirme Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS. « S’il s’apprête à prodiguer des conseils informels, les questions de conflit d’intérêts ne se poseront peut-être pas », soutient pour sa part Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute, alors que le président démocrate de la commission des Finances du Sénat a demandé en octobre au procureur général des États-Unis de nommer un avocat spécial pour déterminer si Jared Kushner fonctionne en tant qu’agent étranger non enregistré pour l’Arabie saoudite, selon l’agence Reuters. Des soupçons qui interviennent à l’heure où de récents efforts poursuivis par l’administration Biden et Riyad viseraient à conclure un accord sécuritaire entre les États-Unis et l’Arabie saoudite avant le départ du pouvoir du président démocrate, conscients que Donald Trump durcirait les conditions d’un tel deal pour y inclure Israël. 

Jared Kushner a pourtant de solides arguments à présenter aux Saoudiens. Lors du dernier mandat de Donald Trump, le gendre avait nourri des liens étroits avec de hauts responsables du Golfe, s’évertuant à atténuer les critiques internationales concernant les violations des droits humains perpétrées par Riyad, comme l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 orchestré selon la CIA par le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS), que le nouveau président américain considère comme un « ami ». « Ses relations d’influence personnelle avec les dirigeants saoudien et émirati sont telles que Trump pourrait s’appuyer sur Kushner pour transmettre des messages et le charger de missions diplomatiques sensibles, explique Aaron David Miller, ancien conseiller au département d’État. C’est généralement ainsi que les choses fonctionnent, en particulier si Trump, comme il l’a fait par le passé, s’appuie sur sa famille. »

« Il pense uniquement aux affaires »

Mais cette question n’est pas la seule pierre angulaire de sa vision pour la région, alignée sur celle de Donald Trump. En ce qui concerne la poursuite de la guerre menée par Israël à Gaza, qu’il qualifie de « situation un peu fâcheuse », et le devenir de l’enclave, Jared Kushner semble avoir les idées bien arrêtées. En février dernier, lors d’une intervention à l’Université de Harvard, il a estimé que s’il était chef du gouvernement israélien, sa priorité serait d’expulser les habitants de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et de les déplacer en Égypte « avec diplomatie ». Une diplomatie qu’il entend impulsée à coups de « bulldozer » passés sur le Néguev pour y créer une zone de sécurité dans laquelle il verrait bien s’installer la population gazaouie. « Selon moi, c’est la meilleure option pour terminer le travail », avait-il ajouté, reprenant la formule de son beau-père. Un nettoyage ethnique qui servirait ses considérations commerciales, l’ancien promoteur immobilier (à l’image de Donald Trump) estimant que le réduit palestinien pourrait être « très précieux » pour y développer des « propriétés en bord de mer ». « Jared Kushner fonctionne par intérêt commercial, soutient Romuald Sciora. Comme Trump, c’est une personnalité qui déteste la guerre, non pas parce qu’il est pacifiste, mais parce qu’il pense uniquement aux affaires. »

Craignant de voir Washington s’impliquer en cas de guerre directe entre Israël et l’Iran, l’ancien conseiller devrait concentrer ses efforts à éviter l’escalade avec la République islamique. « Il sait très bien qu’une guerre contre l’Iran aurait des répercussions géopolitiques, économiques et financières désastreuses pour la communauté internationale, le pétrole, etc. Et donc il n’y trouve aucun intérêt pour ses propres projets au Moyen-Orient ou même pour ses projets aux États-Unis », poursuit le spécialiste. Car l’homme d’affaires aura besoin d’une stabilité régionale pour parvenir à son objectif premier : sceller la normalisation entre l’Arabie saoudite et l’État hébreu. Une perspective qui finaliserait en beauté les accords d’Abraham. Reste toutefois que Riyad conditionne pour le moment toute normalisation avec Israël à une résolution politique du dossier israélo-palestinien comprenant l’établissement d’un État pour les Palestiniens de Gaza et des territoires occupés, option que Jared Kushner semble écarter. Il pourrait du moins autoriser quelques concessions. « Bien qu’il soit personnellement favorable à l’annexion de la Cisjordanie, il est également favorable à un accord avec les Palestiniens. Il se peut donc qu’il ne souhaite pas une annexion à grande échelle ou agressive au cours des quatre prochaines années, considère Hussein Ibish. Mais si cela se produit, il défendra les Israéliens lorsqu’ils le feront et essaiera de convaincre Donald Trump d’aller dans ce sens. »

Frustration nourrie par Donald Trump ? 

Reste à savoir si Jared Kushner, établi à Miami avec sa famille depuis 2021, ne préférerait pas gérer ses affaires commerciales avec ses partenaires sans s’impliquer sur le plan politique. L’homme s’était retiré de l’arène à la fin du mandat de son beau-père, qui s’était conclue avec fracas par l’assaut de ses partisans sur le Capitole le 6 janvier 2021, révoltés par la défaite de leur leader. Une crise institutionnelle qui aurait fortement déplu à la fille aînée et favorite de Donald Trump, Ivanka. « Le couple Jared-Ivanka craignait que dans le cas d’une défaite de Trump, celui-ci appelle à nouveau à des manifestations, des violences, et qu’être identifié à cette campagne violente pourrait nuire à ses projets commerciaux », estime Romuald Sciora. Selon le New York Post, Donald Trump aurait « supplié » après sa défaite sa fille et son beau-fils de rejoindre sa campagne pour 2024. Des rumeurs qualifiées de « fake news » par Donald Trump, affirmant être celui qui aurait conseillé au couple de ne pas s’impliquer dans sa campagne.

« Le Trump de 2024 est un homme beaucoup plus préparé, entouré d’une équipe beaucoup plus professionnelle, qui sait ce qu’elle veut et qui préférerait ne pas vivre d’interférences familiales », suggère le spécialiste. Un sentiment que pourrait partager le nouveau locataire de la Maison-Blanche, quelque peu gêné par les prouesses diplomatiques passées de son gendre. « Il a eu une petite frustration de le voir occuper la première place, notamment en ce qui concerne la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu ou les accords d’Abraham. Il a eu l’impression qu’on lui a un peu forcé la main dans le dossier, que Kushner lui a volé sa place de star du show à l’origine d’un succès diplomatique », observe Romuald Sciora. Reste que Jared Kushner et sa femme étaient bien présents lors du discours de victoire de Donald Trump, laissant planer le doute quant à un éventuel retour du couple dans les affaires politiques. Geste involontaire ou non, le tailleur bleu électrique que portait Ivanka, la couleur du camp démocrate, a vite été perçu par les commentateurs comme un pied de nez à la politique de son père.

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Jacques

Jared Kushner est l’equivalent moderne de la reine Esther. Il reviendra finir le travail des accords d’Abraham.

marco darmon

CA VA PAS LA TETE JACKOT TU DECONNES FAUT PAS AVOIR CONFIANCE AUX ETATS ARABES QUI CHERCHE A CE QU ISRAEL CREE POUR LEUR FAIRE PLAISIR UN ETAT FATAH AVEC JEERUSALEM COMME CAPITALE LES ARABOS PALESTINIENS REVENT MAIS JAMAIS ILS AURONT CET ETAT PARCE QU EN ISRAEL DEPUIS LE 7/10/23 LES ISRAELIENS ONT COMPRIS QU ISRAEL EST SI PETIT ET A BESOIN DE FRONTIERES STRATEGIQUES DE SECURITE SUR LE JOURDAIN A L EST AU NORD AU SUD LIBAN ET AU SUD EN ANNEXANT GAZA A ISRAEL …

TOUT CA PARCE QUE LES ETATS ARABES NE VEULENT PAS PRENDRE LEURS FRERES ARABES PALOS QUI SONT UN PEUPLE INVENTE AU TEMPS DE L URSS AU SOMMET DE KHARTOUM EN 1965 ET CES ARABES LA SE FONT PAS CHIER EN DEMANDANT A ISRAEL DE CREER UN ETAT PALOS COMME CA ISRAEL N EXISTERAIT PLUS MAIS EN ISRAEL DEPUIS LE 7/10/23 LES ISRAELIENS OTN OUVERT LEURS YEUX ET ONT COMPRIS QUE CE PEUPLE PALOS EST UN PEUPLE QU IL FAUT PAS AVOIR CONFIANCE A PART LES GAUCHISTES JUIFS QUI SE C/O SUR LES DOIGTS PAS BESEF …LA MAJORITE DES JUIFS D ISRAEL A LA KNESSET ONT VOTE A 95/120 UNE LOI COMME QUOI JAMAIS IL Y AURA UN ETAT PALOS ICI .. SI LES PALOS VEULENT CET ETAT LA ILS DEVRONT ALLER EN JORDANIE ALORS QUE LA JORDANIE FAIT PARTIE DU FOYER NATIONAL JUIF DE BALFOUR EN 1920 MAIS APRES LES ANGLAIS ONT CHANGE POUR PRENDRE UN ARABE D ARABIE ET LE NOMMER ROI DE JORDANIE TOUT CA POUR EMMERDER ISRAEL ET MOI J ACCUSE QUE LA GB QUI A FOUTI LE BORDEL AVEC LA PALESTINE EN SOUTENANT PLUS LE SHEIKH ANTISEMITE HUSSEIN AL HUSSEINI DE JERUSALEM ET EN DETESTANT LES JUIFS DE PALESTINE ..

FAUT PAS AVOIR CONFIANCE AUX ARABES QUI VEULENT QU ISRAEL N EXISTE PLUS …POUR CELA ISRAEL A BESOIN D UN DUR FAUCON INTRANSIGEANT QUI FERA COMPRENDRE AUX ARABES ..QU ILS PRENNENT EUX MEMES CES ARABES CHEZ EUX ET COMME CA LE PROBLEME ISRAELO ARABE SERA TERMINE MAIS EUX NE VEULENT PAS DE CELA §§

MOI JE N AI NI CONFIANCE EN LA GAUCHE TRAITRE NI AUX ARABES NI A L ISLAM NI AUX USA NI A L EUROPE QUE JE SOUHAITE QU ELLE EXPLOSE OU IMPLOSE PARCE QU ELLE SOUTIENT TROP LA CAUSE PALOS ///

AM ISRAEL CHAI ET VIVE BEN GVIR PM D ISRAEL §§

Dernière modification le 20 jours il y a par marco darmon