Le premier gouvernement israélo-palestinien change la nature de l’État.

Qui gère véritablement Israël avec ce présent gouvernement? Mansour Abbas approuve le budget… il y a un gouvernement. S’il n’approuve pas… plus de gouvernement.

Un «État bédouin» est en train de se mettre en place dans le Néguev!

Et le ministère de la Justice n’essaie même plus de cacher qui dirige vraiment les affaires! Bennett, Shaked et Saar ont vendu à la gauche non seulement les électeurs qui ont voté pour eux, mais aussi la licence d’établir en Israël un État progressiste au lieu [et à la place] d’un État juif.

Le budget, Gil Limon, l’auto-nomination des juges, de la commission de nomination des juges et de nomination des ambassadeurs: ce gouvernement travaille à l’instauration du règne de la gauche [sur toute la ligne]. Faisons le point:

Cliché de la semaine: Le président du parti arabe RA’AM, le député Mansour Abbas, propulsé dans le bureau qu’il a reçu à l’étage du gouvernement à la Knesset, de là, il a suivi les discussions budgétaires au sein du gouvernement. Avec ses assistants, il a fait le calcul. Quand il est d’accord, il acquiesce d’un signe de tête.

C’est lui qui a approuvé le budget, et sans lui ‒ Bennett n’aurait pas pu monter sur le podium de la Knesset et fièrement annoncer qu’il avait réussi. Voilà à quoi ressemble le premier gouvernement israélo-palestinien. Bennett et Lapid sont les remplaçants ‒ Abbas est celui qui remplace. Et un substitut, il n’y en a qu’un.

Ce n’est pas une curiosité mais un symbole de la vraie histoire dans le budget de ce gouvernement, ce qui signifie un changement dans les priorités de l’État d’Israël. Ce n’est pas seulement un budget avec des coupes. Il s’agit d’un changement dans le caractère sioniste-juif de l’État d’Israël: la formation des enclaves bédouines dans le Néguev et l’établissement d’un État bédouin dans le sud et en Galilée; la réforme de la kasheroute; création de la Division de la réforme au ministère de la Diaspora; la soumission par contrainte aux desideratas du ministre des Finances Lieberman; suppression du statut des juges.

La ligne évidente est claire: Israël change de visage dans un esprit progressiste de gauche à l’américaine. L’étendue de l’impact historique de ce budget sur l’éthique nationale d’Israël est plus grande et plus profonde que celle d’Oslo et du désengagement territorial.

Et ce qui ne change pas radicalement, s’intensifie radicalement. Avec l’approbation de la nomination de Gil Limon au poste de médiateur adjoint, le groupe Salah a-Din a achevé sa prise de contrôle de la forteresse, celle dans les pièces intérieures de laquelle se trouvent les coffres forts où est stockée toute la mémoire organisationnelle du Dr Avichaï Mandelblit.  Tout le tissage des liens des hauts fonctionnaires de l’Etat, toutes les prises de gorge. Gil Limon est le meilleur ami de Mandelblit, et cela est bien connu de tous les membres seniors de Salah a-Din.

Ce n’est plus de la loyauté professionnelle. Un assistant personnel en position de confiance depuis une dizaine d’années n’est pas qu’un «lieutenant». Il l’a représenté dans les médias, il l’a défendu lorsqu’il s’est impliqué et interrogé avec un avertissement. Dans tout autre contexte, cette adhésion aurait nécessité une disqualification pure et simple, mais quelqu’un devait conserver les enregistrements. C’est la vraie cérémonie de transfert de canne au bureau du procureur de l’État, la remise de la clé du coffre-fort. Pour Mandelblit, le niveau de tension qui a précédé la nomination du prochain ombudsman a miraculeusement baissé.

Mais il n’y a jamais trop de pouvoir, et le pouvoir judiciaire a reçu un autre coup de pouce cette semaine, sous la forme d’un projet de loi interdisant à une personne mise en examen de se présenter et d’être également Premier ministre. Les mains qui ont soumis la loi étaient les mains du député Michal Shir, dont on se souvient de la nuit des parkings. Mais elle l’a fait au nom d’un expéditeur, Gideon Saar, dont les photos ornent aujourd’hui les ruelles d’Ayalon.

C’est un projet de loi qui vise à abattre ceux qui peuvent encore mettre en danger la « bonne nouvelle » du changement. Et il est en effet étonnant que même maintenant, alors qu’il est faible et dans l’opposition, Netanyahou et sa présence charismatique soient perçus comme la plus grande menace pour le changement de gouvernement en général, et pour Gideon Saar en particulier. Mais celui qui va vraiment profiter de cette loi n’est pas Saar, mais la gauche ‒ et surtout Yaïr Lapid, qui a besoin d’envoyer des fleurs aux bureaux de Tikva Hadasha de Guideon Saar.

La semaine de vote pour les représentants de la Knesset au Comité des nominations judiciaires a clôturé la meilleure semaine qu’elle pouvait demander. Quatre juges de la Cour suprême seront élus au cours de la prochaine année. C’est peut-être l’étape révolutionnaire la plus importante, surtout après la mise en œuvre de la loi norvégienne, lorsque la Knesset se remplit d’un flot de travailleurs temporaires sous la forme de députés semi-anonymes venus d’endroits irréalistes, et perd la capacité de représenter authentiquement le souverain, c’est-à-dire le peuple. Son statut de véritable monarque dans le royaume, ce sera le législatif, ce sera l’autorité qui accordera les approbations au pouvoir exécutif.

La nomination de quatre juges pour décider du caractère d’Israël est une autre dimension du changement radical mené par ce gouvernement. Shaked et Bennett sont fiers d’avoir remporté une majorité à droite au sein du comité de nomination, avec l’élection de Simcha Rotman du Parti Sionisme religieux, aux côtés de Shaked et Saar. Mais la vérité est que Shaked est un fidèle soldat du bloc de gauche: on se souvient de ses années au ministère de la Justice principalement pour avoir défendu Shai Nitzan, pour ses amitiés avec Esther Hayout, pour être proche de Mandelblit et pour avoir défendu Amy Palmor. Dans la pratique, elle était et reste au service des intérêts et de l’agenda du groupe Salah a-Din, et elle servira de bras exécutif de Gil Limon, Mandelblit et Esther Hayout au sein du Comité des nominations judiciaires.

À propos de Gideon Saar ‒ une création forcée du système judiciaire, qui a grandi avec Edna Arbel, a été éduqué par Zamir et a grandi aux côtés de son amie proche Dina Zilber ‒ il n’y a rien à exagérer. Un droit conservateur et légal n’est pas son fort. La gauche en Israël aura également le droit de nommer quatre juges suprêmes, législateurs suprêmes, qui continueront à fortifier la Chambre des Lords israélienne et à pousser les pieds du souverain.

Et presque sans que nous le remarquions, sous le radar, le prochain Premier ministre, Yaïr Lapid, élargit les frontières de son futur royaume et occupe des postes clés dans son peuple de foi. Ronen Hoffman aspire à un avenir, pour l’ambassade au Canada. L’ancienne ministre Yaël German [non-francophone] nommée ambassadeur à Paris.

Non seulement dans le service diplomatique, mais aussi dans l’autorité des membres et dans tous les domaines du service public, Lapid construit son empire, son infrastructure humaine à une vitesse qui ne fait pas honte au changement de gouvernement en Amérique. Tsunami de rendez-vous. Les seniors et les titulaires qui sont maintenant absorbés, positionnés, adaptés, gagnant du pouvoir, commenceront bientôt à nommer des responsables dans leur environnement et construiront, en fait pour Lapid, l’administration et la bureaucratie les plus pratiques qu’un premier ministre de gauche puisse demander lors de son entrée en fonction. Le Lapid 2023 est déjà là.

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