Programme nucléaire iranien: l’administration Biden a-t-elle une politique ?
par Majid Rafizadeh
La réticence de l’administration Biden à appliquer les sanctions existantes contre l’Iran – le principal État sponsor du terrorisme au monde, selon le département d’État en 2021 – ressemble étrangement à un apaisement total face au pouvoir des mollahs en Iran.
Depuis 2021, l’administration Biden s’est rapprochée de l’Iran d’une manière qui a souvent semblé terriblement embarrassante pour le ramener à l’ accord nucléaire désastreux « JCPOA » de 2015 de l’administration Obama. Heureusement, ces efforts n’ont pas abouti : le nouvel accord aurait encore très probablement permis à l’Iran, après quelques années, de disposer légitimement de toutes les armes nucléaires qu’il souhaitait.
Pendant ce temps, en Israël, le 22 mai, l’ambassadeur américain en Israël, Thomas Nides, a été interrogé : « Israël peut-il attaquer l’Iran sans les États-Unis ? Qu’en est-il du manque de rencontres entre le président Biden et le Premier ministre Netanyahu ? Nides a répondu
« La coordination entre Israël et les États-Unis vis-à-vis de nos ennemis mutuels, nos menaces communes dans la région, est solide comme le roc. L’une des choses que le président Biden a assurées aux Premiers ministres Bennett et Lapid, ainsi qu’à Netanyahu, était qu’il y aurait une transparence totale. concernant la coordination sur l’Iran… Et ce n’est pas seulement l’Iran, ce sont ses mandataires. Nous sommes ici pour soutenir Israël et travailler avec lui pour nous assurer que l’Iran n’atteindra jamais l’arme nucléaire.
Le problème, c’est qu’on peut le croire ?
Jusqu’à présent, le manque de stratégie de l’administration Biden envers le régime iranien est également devenu évident lors du récent briefing sur l’Iran qui a déçu les sénateurs américains. Selon le sénateur Josh Hawley :
« D’après ce que j’ai entendu… ils n’ont vraiment pas grand-chose à dire sur le sujet, et je n’ai pas pensé que c’était un briefing particulièrement utile. Je ne sais pas s’ils ont vraiment une stratégie cohérente s’il y en a une Je n’ai pas entendu. »
Le sénateur Jim Risch avait un message similaire; il a publié une brève déclaration le 16 mai, disant:
« Cela fait plus de six mois que le président Biden a déclaré le JCPOA » mort « et nous ne sommes toujours pas plus près d’une politique iranienne plus globale. L’ambiguïté stratégique sur la politique iranienne ne sert qu’à enhardir le régime et à rapprocher nos partenaires de la Chine. »
Non seulement l’administration Biden a abandonné la politique de « pression maximale » sur les mollahs, mais depuis que le président Joe Biden a pris ses fonctions, l’Iran a librement enrichi l’uranium à des niveaux juste en deçà de l’éruption nucléaire – des niveaux non nécessaires à la technologie nucléaire pacifique – et violation des sanctions. Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Iran est devenu un important trafiquant et exportateur d’armes vers les agresseurs. La Russie a épuisé l’approvisionnement en drones d’attaque qu’elle achetait auparavant à l’Iran et, selon un rapport publié le 15 mai 2023, cherche à en acheter davantage.
Selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby :
« L’Iran continue également de fournir à la Russie des drones d’attaque à sens unique (véhicules aériens sans pilote). Depuis août, l’Iran a fourni à la Russie plus de 400 drones, principalement de la variété Shahed… La Russie a dépensé la plupart de ces drones, les utilisant pour cibler les infrastructures critiques ukrainiennes à l’intérieur de l’Ukraine. En fournissant à la Russie ces drones, l’Iran a directement permis la guerre d’agression de la Russie en Ukraine.
L’administration Biden n’exerce également aucune pression sur l’Union européenne pour qu’elle cesse de commercer avec l’Iran. En fait, s’est vanté le Tehran Times ,
« La valeur des exportations de l’Iran vers les États membres de l’Union européenne (UE) a augmenté de 28 % au cours des neuf premiers mois de 2022… L’Iran a exporté des marchandises d’une valeur de 799 millions d’euros vers l’Union au cours de la période de neuf mois de cette année, alors que le chiffre était de 623 millions d’euros au cours de la même période de l’année précédente… la valeur totale des échanges entre l’Iran et l’Union européenne a atteint 3,947 milliards d’euros en janvier-septembre 2022, alors que le chiffre était de 3,025 milliards d’euros au cours de la même période période de 2021. »
L’augmentation du commerce et des exportations de l’Iran avec l’UE augmente également les revenus du régime et l’aide à fournir plus d’armes à la Russie. Le régime iranien, favorable à l’invasion russe depuis le début, a salué la décision de la Russie d’envoyer des troupes en Ukraine. Les exportations d’armes de l’Iran vers la Russie ne se sont pas limitées à l’exportation de drones. selon un récent rapport de Sky News :
« L’Iran a secrètement fourni de grandes quantités de balles, de roquettes et d’obus de mortier à la Russie pour la guerre en Ukraine et prévoit d’en envoyer davantage, a déclaré une source de sécurité à Sky News.
« La source a affirmé que deux cargos battant pavillon russe ont quitté un port iranien en janvier à destination de la Russie via la mer Caspienne, transportant environ 100 millions de balles et environ 300 000 obus.
« Des munitions pour lance-roquettes, mortiers et mitrailleuses auraient été incluses dans les cargaisons.
« La source a déclaré que Moscou avait payé les munitions en espèces. »
Enfin, l’Iran produit maintenant plus de pétrole et le vend à des niveaux proches de l’ère pré-sanctions à des pays comme la Chine, qui a désespérément besoin de plus de pétrole, tandis que l’administration Biden a suspendu de nouveaux baux pétroliers et gaziers sur les terres et les eaux publiques.
Les politiques d’apaisement de l’administration Biden dynamisent directement le régime iranien. Nous devons nous rappeler ce contre quoi Winston Churchill a mis en garde concernant l’apaisement des agresseurs :
« Chacun espère que s’il nourrit suffisamment le crocodile, le crocodile le mangera en dernier. Tous espèrent que l’orage passera avant que leur tour ne vienne d’être dévoré. Il fera rage et il rugira, de plus en plus fort, de plus en plus largement. Il s’étendra au Sud, il s’étendra au Nord.
JForum avec Majid Rafizadeh www.gatestoneinstitute.org
Le Dr Majid Rafizadeh est stratège et conseiller en affaires, universitaire formé à Harvard, politologue, membre du conseil d’administration de Harvard International Review et président de l’International American Council on the Middle East. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’islam et la politique étrangère américaine. Il peut être contacté à Dr.Rafizadeh@Post.Harvard.Edu
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