France's Prime Minister Elisabeth Borne attends a ceremony to mark the 80th anniversary of the wartime Vel d'Hiv round-ups of Jews, in Paris, on July 17, 2022. - The "Vel' d'Hiv Roundup" (Rafle du Velodrome d'Hiver) was a Nazi-directed raid and mass arrest of some 13,000 Jews in Paris by the French police on July 16 and July 17, 1942, to be sent to Nazi death camps. (Photo by Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)

La rafle du Vel d’Hiv, il y a 80 ans, est commémorée aujourd’hui par le président Emmanuel Macron sur le site de l’ancienne gare de Pithiviers.

« Notre pays doit regarder son histoire en face » (E. Borne)

La question des responsabilités

De Gaulle, à la Libération puis lors de son retour au pouvoir de 1958 à 1969, et ses successeurs à l’Élysée, jusqu’au socialiste François Mitterrand, se refusent à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs.

« Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français » Jacques Chirac

Pour eux, il n’y eut, durant l’Occupation allemande, qu’une seule France légitime, celle de la France libre représentée par De Gaulle, en exil à Londres.
Mais les travaux des historiens, la parole libérée des survivants et les procès d’Adolf Eichmann en Israël, de Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon en France, contribuent à faire progressivement évoluer l’attitude des autorités françaises. Le président François Mitterrand instaure, en 1993, une « journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite “gouvernement de l’État français”(1940-1944) ». Cette commémoration est fixée à la date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.
Puis, pour la première fois au plus haut sommet de l’État, un président, Jacques Chirac, reconnaît la responsabilité de la France dans les déportations de Juifs. « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français », dit-il le 16 juillet 1995.
En juillet 2012, le président François Hollande va plus loin : « La vérité, c’est que ce crime fut commis en France, par la France ». Il soulève les critiques de responsables de droite (Henri Guaino) et de gauche (Jean-Pierre Chevènement) tandis qu’au Front national, on appelle à « cesser de culpabiliser les Français ».
En juillet 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu Président, réaffirme, pour le 75e anniversaire de la rafle, la responsabilité de la France et prononce un plaidoyer contre l’antisémitisme et le racisme, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Après avoir affirmé, en avril 2017, que la France n’était « pas responsable du Vel d’Hiv », la patronne du Rassemblement national (ex-Front national) Marine Le Pen change radicalement de discours en juillet 2020, saluant la « mémoire » des victimes de la rafle du Vel d’Hiv et dénonçant « les nouveaux prêcheurs de haine » qui « s’en prennent à nos compatriotes juifs ».

2022: le 80e anniversaire de la Rafle du Vél d’Hiv

La station à la porte des enfers aura duré deux jours, c’est donc en deux jours que la France commémore le 80e anniversaire de la Rafle du Vél d’Hiv, une plaie toujours vive dans l’histoire de France. Ce dimanche matin, la Première ministre s’est rendue à l’emplacement de l’ancien vélodrome, rue Nélaton, dans le XVe arrondissement de Paris. C’est là, au n° 17, que se trouvait l’entrée du stade où furent rassemblés, dans des conditions innommables, une grande partie des près de 13 000 juifs arrêtés les 16 et 17 juillet 1942 avant d’être déportés. C’est là aussi qu’un jardin a été aménagé au pied d’un grand immeuble récent (qui accueille une partie de la rédaction du Parisien-Aujourd’hui en France). Tout en symboles, le lieu initié par l’historien Serge Klarsfeld rend hommage aux 4 115 enfants juifs raflés, séparés de leurs parents, puis tués dans les camps de la mort nazis.
Aujourd’hui, la Première ministre Elisabeth Borne a déclaré:« Ces phrases que nous prononçons paraissent presque sans force face à la violence et à l’horreur dans sa cruelle réalité ». « Ce sont bien nos lois, c’est bien notre police qui a arrêté des milliers de familles, c’est bien notre pays qui les a laissées suffoquer ici », poursuit-elle, accusant le régime d’alors d’être « allé plus loin » que les demandes de l’occupant nazi.

« Oui, ces jours de juillet, la France a perdu un peu de son âme. (…) Notre pays a attendu 1995, il y a moins de 30 ans, pour reconnaître sa responsabilité. Ce fut un soulagement immense, un de ces moments-là où les mots mettent enfin une réalité sur l’indicible. Pour garder son honneur notre pays doit regarder son histoire en face ».

Chronologie des faits historiques

À l’aube du 16 juillet 1942 débute à Paris la rafle « du Vél d’Hiv ». Ce crime contre l’humanité qui a inspiré le film « Monsieur Klein », avec Alain Delon, voit l’arrestation par surprise de 12 884 Juifs parisiens. La plupart sont déportés au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Seules quelques dizaines en reviendront
Dans ses atroces et délirants projets à l’origine de la Seconde Guerre mondiale, Hitler, autoproclamé Führer en 1934, avait celui d’exterminer les Juifs. Le 30 janvier 1939, dans un discours prononcé au Reichstag, le chancelier du Reich lie la guerre imminente à l’anéantissement des Juifs d’Europe. Sous la haute responsabilité de Reinhard Heydrich et Heinrich Himmler, les deux maîtres d’œuvre de la Solution finale mise au point à Wansee le 20 janvier 1942, un véritable plan d’extermination sera mis en place par les nazis, avec l’instauration de camps de la mort, et, côté français, la collaboration du régime de Vichy.

La rafle du « billet vert », première rafle de Juifs en France

Le 27 septembre 1940, une première ordonnance allemande ordonne le recensement des Juifs en France, en zone occupée, jusqu’au 20 octobre. Le 3 octobre, la loi de Vichy portant statut des Juifs, exclut ces derniers de tout poste dans la fonction publique, dans la presse et dans le cinéma, et prévoit leur exclusion des professions libérale. Le lendemain, les préfets sont autorisés à interner les Juifs étrangers dans des camps spécifiques.
Après la rencontre du 24 octobre entre Pétain et Hitler à Montoire, où la France s’engage officiellement dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne, Vichy créée le Commissariat général aux Questions juives, le 29 mars 1941. Dirigé par Xavier Vallat, il est chargé de préparer les dispositions législatives antijuives et la liquidation des biens appartenant aux Juifs. Le 14 mai 1941, 3 700 Juifs étrangers sont arrêtés à Paris dans la rafle du « Billet vert ».
Suite à leur arrestation, ils sont internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Les Juifs de France pensaient être intégrés dans la société française et protégés par la République. Ils avaient tort. En juin, l’État français promulgue un deuxième statut des Juifs. C’est l’une des lois antisémites du régime de Vichy qui ont servi de base juridique à la « collaboration » de la police française à la déportation des Juifs et à l’ouverture du camp d’internement de Drancy, le 20 août 1941. Et cette première rafle du « Billet vert » sera suivie d’une longue série d’arrestations massives, notamment durant l’été 1942.

1942, l’année des grandes rafles de Juifs en France

En mars 1942, le camp d’Auschwitz II, ou Birkenau, dont la construction a commencé en Pologne en octobre 1941, commence à fonctionner également en tant que centre de mise à mort. Le 27 mars, le premier des 74 convois de Juifs de France déportés part de Drancy et Compiègne vers Auschwitz.
En France, le port de l’étoile jaune pour les Juifs de plus de 6 ans devient obligatoire en zone occupée le 7 juin.

Le Vélodrome d’Hiver, fournaise abominable et mortelle

Après avoir été parqués dans les dépôts de commissariats parisiens de quartiers, les deux tiers des raflés vont être acheminés en bus au Vélodrome d’Hiver : les familles, soit plus de 8 000 personnes dont la totalité des 4 115 enfants raflés, 2 916 femmes et 1 129 hommes. Haut lieu de loisirs sportifs avant-guerre, l’enceinte de la rue Nélaton, à quelques centaines de mètres de la Seine et la tour Eiffel, devient un véritable enfer au cœur de Paris.

La météo caniculaire de notre été 2022 correspond à celle de l’été 1942. Les internés sont « assis ou couchés sur des gradins, sans eau sans nourriture sans toilettes sans hygiène sans presque aucun personnel soignant ».

Les pompiers doivent arroser les gradins avec leurs lances pour tenter d’atténuer la fournaise. Le lieu est rempli de cris, de pleurs et d’actes de désespoirs. Comme certains ont ouvert le gaz lorsque la police a toqué à leur porte, d’autres se jettent du haut des tribunes du Vel d’Hiv pour se suicider. Des évasions ont aussi eu lieu, comme celle de Léon Fellmann, rescapé décédé en 2020.

La rafle du Vélodrome d’Hiver.

La rafle du Vélodrome d’Hiver.  Archives AFP

Jforum avec www.sudouest.fr,  actu.fr et www.leparisien.fr

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VINCENT

Bonjour,
Je vous comprend très bien, sans même le comprendre, étant né dans la région de Bordeaux, je fut traiter de salle pied-noir, à 14 ans, j’ai quitter ma grand-mère pour m’installer à paris, chez une tante. J’avais toujours ce regard inquisiteur, y compris chez certains proches, j’ai compris aussi qu’il n’y avait pas que ma bâtardise qui faisait jaser, mais l’origine, certes incertaine pour moi, a l’époque mais pas pour les autres. Nous sommes nombreux dans ce cas !

Asher Cohen

La rafle du Vel d’Hiv a eu lieu en Juillet 1942, et jusqu’en 1995 l’ État Français a toujours refusé de reconnaître sa responsabilité des crimes commis par le régime de Vichy. Ainsi, pendant plus de 50 ans, les Juifs nés après la guerre, et vivants en France, ont baigné dans l’ hypocrisie d’ État, l’ histoire mensongère et la propagande de ce pays de ratés, lâches, et irresponsables.

En 1962, venant de l ‘Algérie en flammes, je suis entré dans cette France antisémite que De Gaulle gouvernait par la force et la fraude, avec son coup d’ état permanent. Pendant plus de 20 ans, un Ministère de l’information a censuré la presse, la radio, les livres, etc.. En 1962, j’ignorais fortement ce qu’il s’était passé 20 ans auparavant, alors que je subissais un antisémitisme très violent que je ne comprenais pas. Nous avions été piégés à entrer dans la gueule du loup, et même le motto était d’ éviter de s’afficher en tant que juif. Bien sûr, je n’ai même pas su, en 1971, que Paul Touvier avait été amnistié par Georges Pompidou.

Merci donc à Jforum pour cet article et ces témoignages de la vidéo Ina, qui montrent la Réalité de ce pays d’ antijuifs psychotiques. Les allemands et les français ont fait une paranoïa criminelle vis à vis des Juifs. Si ce n’est pas de la psychose, qu’est-ce que c’est?

Je comprends mieux pourquoi après la guerre, les antijuifs de France pouvaient défouler, sur les Juifs, leur haine de ratés, en toute impunité. Voyant que l’ État pratiquait l’histoire mensongère et l’hypocrisie, et que même le tueur Paul Touvier avait été amnistié, ils pouvaient défouler leur antisémitisme sans crainte.

J’aurais aimé avoir vu cette vidéo Ina en 1972, elle m’aurait incité à rejeter ce pays plus vite et à organiser mes études et affaires ailleurs.

A titre d’exemple des buts recherchés par cette propagande, histoire mensongère et manipulations de l’ État Français, je cite une expérience personnelle. Les Juifs d’ Algérie présents en France ne pouvaient effectuer leur service militaire en Israël que s’ils avaient réalisé leur alyah avant l’ âge de 18 ans. faute de quoi ils étaient astreints aux obligations militaires françaises. Le problème est que baignant en France dans l’histoire mensongère, la propagande et les manipulations d’ État, il était difficile pour un adolescent Juif de prendre conscience de la Réalité de la France antisémite et de préférer émigrer avant l’âge de 18 ans. à fortiori s’il vivait dans un milieu social dont les parents n’avaient même pas le certificat d’études primaires. Il est évident que si, à l’époque, j’avais su que la France n’était qu’un pays de ratés, je n’aurais pas posé et immédiatement couru à la frontière.