ANALYSE | Le Néguev, territoire perdu de l’Etat d’Israël

Chez certains Bédouins, la vengeance est une tradition qui prévaut sur la loi du pays et celle de l’islam

La fusillade entre deux clans rivaux lundi soir devant l’hôpital Soroka de Beer Sheva a remis sur le devant de l’actualité un problème dramatique: celui de la criminalité grandissante au sein de la communauté des Bédouins du Néguev.

Ben Gourion, qui rêvait de voir prospérer le Néguev aurait été certainement peiné de découvrir que « son » désert est devenu, au cours des dernières années, une immense zone de non-droit, dans laquelle de nombreux Bédouins israéliens font régner un véritable terrorisme social: contrebande, vols, trafic d’armes, rackets permanents sur les routes, règlements de comptes meurtriers, regain du nationalisme palestinien, et par-dessus tout, implantation illégale sur des milliers d’hectares de terres domaniales.

Au lieu de devenir le paradis dont rêvait Ben Gourion, le Néguev, qui représente 60% de la superficie d’Israël, s’est ainsi transformé en un véritable Etat dans l’Etat, un « territoire perdu » d’Israël, sur lequel ne règne ni Dieu, ni Loi…

Comment en est-on arrivé là ? Comment cette minorité arabe, admirée par le passé pour l’excellence de ses pisteurs qui servaient fièrement dans Tsahal, est-elle devenue un vivier de délinquance, de violence et de mépris de l’Etat de droit ?

Une démographie galopante

On peut avancer trois facteurs majeurs. Tout d’abord, la démographie galopante dans ce secteur de la population. La population bédouine du Néguev compte environ 282.000 âmes – soit plus d’un tiers de la population du Sud d’Israël – dont plus de 50% ont moins de 18 ans. Son taux de natalité est tel qu’elle double tous les 16 ans !

L’une des raisons essentielles de ces données démographiques est la polygamie, demeurée pratique courante dans cette communauté. Des milliers de Bédouins du Néguev ont plusieurs épouses dont certaines sont, d’ailleurs, des Palestiniennes venues de Gaza qui profitent de l’aubaine pour se doter d’une précieuse nationalité israélienne. Ces femmes donnent naissance à des dizaines d’enfants et petits-enfants, qui souvent se radicalisent.

Au bout de deux ou trois générations, la cellule familiale s’élargit et se transforme en une véritable tribu, la « hamoula ». De plus en plus de jeunes Bédouins plongent très jeunes dans le monde de la pègre et dans de multiples trafics. Ces derniers détiennent des armes qu’ils utilisent pour racketter tout ce qui se dresse devant eux: on peut les apercevoir sur certaines routes régionales du sud, en train de réclamer des droits de passage à des automobilistes effrayés.

A cela, il faut ajouter le développement illégal de la culture très juteuse du cannabis que ces Bédouins ont choisi d’installer… sur l’immense base d’entraînement militaire de Tséhilim ! Face à l’ampleur de la tâche que représente la lutte contre cette délinquance, la police israélienne semble avoir, depuis longtemps, baissé les bras…

Sans toit ni loi

L’autre problème réside dans le caractère nomade persistant de cette population. Si 80.000 Bédouins sédentarisés sont installés à Rahat, capitale bédouine du Néguev, et que 120.000 habitent dans des conseils locaux ou localités reconnues, plus de 80.000 d’entre eux  ont conservé leur nomadisme et leur mode de vie tribal: ils vivent dispersés à travers le Néguev sous la tente ou dans des « bidonvilles » sans eau courante ni électricité. Ces Bédouins se sont ainsi « étalés » illégalement sur des milliers d’hectares de terres qui appartiennent à l’Etat sans même payer la moindre taxe foncière !

Qui plus est, cette répartition est faussée par le fait que de nombreux Bédouins sédentarisés en apparence, continuent à occuper, dans le désert, des terres dont ils revendiquent la propriété sans pouvoir la prouver. Pour tenter de résoudre ce problème-clé, la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked a présenté un vaste programme impliquant la création d’une nouvelle ville bédouine et le développement de localités existantes, mais à la condition sine qua none d’un renoncement par ces nomades aux terres sur lesquelles ils se sont installés.

Culture de la violence

L’autre facteur de ces violences réside dans les traditions et les rivalités inhérentes à cette communauté, dont le grave incident qui a eu lieu devant l’hôpital Soroka est révélateur. La rixe qui a éclaté est née d’un « post » méprisant rédigé par un jeune bédouin membre d’une « ‘hamoula » à l’adresse de membres d’un clan rival. Peu après, ce jeune a été molesté par la famille adverse et admis à l’hôpital.

Les deux familles rivales se sont donc retrouvées face à face à l’entrée des urgences du centre hospitalier et, comme au Far West, une fusillade a éclaté… Une scène à l’image de ce qui se produit en permanence dans cette communauté.

Tous les prétextes y sont bons pour déclencher des batailles rangées entre clans rivaux, motivées par un seul mot d’ordre: la vengeance. Des vengeances souvent sanglantes qui, selon l’aveu de beaucoup de Bédouins, font partie intégrante de leur culture et qu’ils brandissent comme une tradition suprême, prévalant non seulement sur la loi israélienne mais également sur la loi de l’Islam !

Face à ces données inquiétantes, un espoir subsiste : la présence au sein de la coalition de Raam. Dans le sud, on espère que ce parti, très populaire au sein de la communauté bédouine du Néguev, parviendra à utiliser une partie conséquente des 30 milliards de shekels qu’il a obtenus pour le secteur arabe, afin de venir à bout des fléaux multiples qui frappent la région. En espérant que ces budgets ne soient pas détournés par la pègre…

Daniel Haïk – i24NEWS  Analyste politique i24NEWS

Lior Mizrahi/Flash90De jeunes Bédouins près du village de Mitzpe Ramon dans le désert du Néguev

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Merci

Faut les renvoyer dans le Sinaï les égyptiens s’en occuperont ils n’ont rien à faire en Israël leurs coutumes ancestrales et polygames ne sont pas compatible avec les lois actuelles d’Israel …