Ingvar Kamprad, le fondateur du numéro un mondial de l’ameublement Ikea, est mort à 91 ans « après une courte maladie », a annoncé dimanche 28 janvier la branche suédoise du groupe. « Ingvar Kamprad est parti calmement chez lui dans la province du Småland. Il était né en 1926 dans le Småland et avait fondé Ikea à 17 ans », a écrit IKEA Suède.
« Entrepreneur unique », selon le Premier ministre suédois Stefan Löfvén, Kamprad, fils de paysans d’une province pauvre et pieuse du sud de la Suède était devenu l’un des hommes les plus riches du monde en proposant des meubles originaux prêts à monter et pas chers.
En 2017, sa fortune était estimée à 43,3 milliards CHF (37,3 milliards d’euros), le plaçant au troisième rang des milliardaires européens, selon le magazine économique suisse Bilan. Entrepreneur novateur, Ingvar Kamprad est aussi pionnier de l’optimisation fiscale. En 1973, il quitte la Suède pour le Danemark, puis s’installe en Suisse en 1977 où il vivra jusqu’en 2014 avant de venir finir ses jours dans sa région natale.
L’organisation nébuleuse de son entreprise interpelle. Les fonctions exécutives, la stratégie, la conception des produits sont en Suède, mais d’un point de vue juridique et comptable, Ikea se répartit entre fondations et sociétés aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Suisse et au Liechtenstein. La commission européenne a ouvert en décembre 2017 une enquête contre Ikea. Bruxelles entend procéder à un examen minutieux du traitement fiscal que les Pays-Bas applique au groupe.
L’entrepreneur n’en n’était pas à son premier scandale. En 1994, un journal révèle les liens du jeune Kamprad avec un groupuscule nazi suédois pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Il admet dans une lettre à ses collaborateurs « la plus grande erreur de sa vie », qu’il met sur le dos des accointances national-socialistes de sa famille paternelle, d’origine allemande.
« Je n’avais pas conscience qu’il s’agissait de nazisme »: quand le fondateur d’Ikea justifiait son passé sulfureux
En 1956, un employé a l’idée de démonter les pieds d’une table…
L’histoire d’Ikea – acronyme qui signifie Ingvar Kamprad, Elmtaryd et Agunnaryd, son adresse natale – commence en 1943. Peu intéressé par les études, le jeune Ingvar préfère se lancer dans le commerce à 17 ans. Dans une région où un sou est un sou, il se démène pour vendre moins cher que la concurrence. Des allumettes notamment, qu’il livre à vélo, puis des stylos, cadres, articles de décoration, machines à écrire…
En 1947, il offre ses premiers meubles, fabriqués par des artisans locaux et, quatre ans plus tard, diffuse son premier catalogue, aujourd’hui imprimé à 200 millions d’exemplaires. En 1956, un employé a l’idée de démonter les pieds d’une table pour la faire entrer dans un coffre de voiture. Le concept du meuble en kit, plus facile et moins cher à stocker et transporter, va le travailler jusqu’à devenir un art.
Pour contrer l’idée que des meubles aussi bon marché et à assembler soi-même sont de mauvaise qualité, il ouvre un premier magasin dans la petite ville d’Älmhult en 1958 pour les exposer. Cinq ans plus tard, il lance une expansion internationale effrénée. Ingvar Kamprad est persuadé que la recette peut fonctionner partout: prix bas, chasse aux coûts, standardisation, autofinancement et design scandinave.
À partir des années 1970 il conquiert la Suisse, l’Australie, le Canada, la France, les États-Unis, la Russie après la chute du Rideau de fer, l’Asie, le Moyen-Orient. Le groupe Ikea compte aujourd’hui 403 magasins sur tous les continents, emploie 190.000 personnes dans le monde et génère un chiffre d’affaires annuel de 38 milliards d’euros.