La clarté des bougies de Hanoucca éloigne la noirceur des ténèbres.

La lumière est la Torah et les ténèbres sont les impies qui sans cesse nous pourchassent, tout au long de notre histoire et, de même que nous avons coutume de le lire lors du récit de la Haggada de Pessah : והיא שעמדה לאבותינו ולנו « vehishéâmeda, laavoténouvelanou », nous voyons aujourd’hui que ceux qui cherchent à nous nuire jusque dans nos principes les plus secrets, sont toujours là pour tenter d’empêcher que notre héritage spirituel n’éclaire le monde.

La parasha de Mikets revêt une importance didactique incroyablement forte car elle vient prouver à l’être humain que les bas sentiments éprouvés par l’homme, s’ils nuisent à l’homme, ne changent en rien les desseins divins.

Joseph n’était qu’un enfant lorsqu’il se piquait d’être l’informateur de Jacob et il n’en comprenait sans doute pas toute la portée, en revanche, ses frères qui étaient beaucoup plus âgés que lui n’ont pas fait taire leur ressentiment contre ce jeune rapporteur sans savoir où cela les mènerait.

En désirant perdre leur frère ils ont contribué à modifier le cours de l’histoire sans modifier la réalisation des rêves de Joseph et, ils vont tous bel et bien saluer profondément celui dont la destinée sera de préparer sur terre la base du peuple désigné pour toujours les « enfants d’Israël ».

Bien que Jacob ait toujours su en lui-même que son fils bien-aimé n’avait pas pu mourir comme le lui ont laissé entendre ses autres fils, dès ce moment, il perdit en quelque sorte son sens prophétique et c’est la raison pour laquelle la Torah indique que Jacob « vit » qu’il y avait du blé en Egypte (Bereshit XLII, 1). Jacob pensait vraiment que Joseph était encore vivant (עוד יוסף חי) car la bénédiction de devenir un grand peuple s’adressait à l’ensemble des douze fils de Jacob.

Jacob, au moment de cette famine, était âgé de 130 ans et Joseph avait dépassé les 30  ans, (il avait 17 ans au moment de sa disparition, il avait passé 2 ans chez Putiphar et 12 ans en prison) ; il avait laissé pousser sa barbe, avait mûri et, aux yeux de ses frères il était méconnaissable en revanche, eux, étaient déjà adultes lorsqu’ils avaient commis leur « crime » et, de la sorte, Joseph put les reconnaître aisément.

A deux reprises, le texte de la péricope, emploie la même tournure pour « il vit » il est en effet écrit וירא ce qui fait penser au verbe « craindre » ceci permet de comprendre que, fidèle à son père, Joseph avait conservé la crainte de D bien que se trouvant en un lieu où l’impureté était à un point très élevé et dans le premierוירא c’est ce que Jacob comprit par prophétie sur son fils.

Un autre indice vient faire comprendre à Jacob que son fils bien-aimé est vivant : on emploie dans le sens de distributeur et d’emmagasineur de nourriture le mot shever qui a plusieurs significations : distribution, partage,  mais aussi destruction.L’Egypte s’était transformée en distributeur de blé ou en un immense  silo de blé pour l’Egypte et toute la région, ce qui a fait dire יש שבר  et, Jacob a pu comprendre que dans ce grand pays voisin : יש בר c’est-à-dire : il y a le fils et il eut donc le sentiment que Joseph s’y trouvait.

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Une question s’interpose et l’on se demande comment un garçon qui avait été chéri par son père et qui avait été si près de lui, comment ou pourquoi, dès qu’il a eu la possibilité de travailler et de côtoyer des  voyageurs, pourquoi n’a-t-il pas cherché à rassurer son père ?

Joseph partageait-il d’autres sentiments reprochant pratiquement et indirectement le fait que son géniteur n’ait pas lancé des personnes à sa recherche ? Il savait encore ce qui avait provoqué la haine de ses frères envers lui et il était en droit de savoir quels étaient les sentiments de ses frères et s’ils étaient prêts à le rencontrer, le revoir…. Peut-être chercheraient-ils encore à se venger de lui ?

Ainsi étaient les pensées de celui qui était devenu non pas seulement un gouverneur mais encore le préposé à la vente du blé. Le texte nous fait comprendre par sa progression que, profitant du fait qu’ils ne l’ont pas reconnu, Joseph a pu les observer en toute quiétude et, de par leur discours, il a compris, lors de la première vente de blé qu’ils n’étaient pas encore prêts aux retrouvailles.

Sans doute, d’autre part, valait-il mieux procéder par étape et tenter de placer ces frères dans un même contexte que celui dans lequel s’était déroulé le fait qu’ils avaient poussé le jeune Joseph dans ce puits empli  de serpents et de scorpions. C’est la raison pour laquelle, Shimon fut retenu comme prisonnier……..

Joseph et Jacob vont enfin se retrouver dans ce pays qui va devenir le premier ghetto comme nous le verrons dans les parashiot à venir.

HAFTARAT MIKETZ: JUSQU’OU MÈNE LA JALOUSIE ? (JUGEMENT DE SALOMON)

La haftara de cette semaine nous conduit vers la tragédie représentée par la perte d’un bébé et vers la faculté d’un roi à rendre un jugement équitable.

Salomon, succédant à son père, empreint d’humilité, et conscient du fait qu’il n’est qu’un être humain appelé au dur devoir de diriger un peuple au passé difficile, demande et supplie l’Eternel de l’aider à remplir son rôle selon ce que D attend de lui et dans une voie  de justice et d’équité.  D répond positivement à la requête et concède à ce jeune souverain le pouvoir et l’intelligence aux diverses facettes qui va rendre ce roi célèbre sous toutes les latitudes et en faire l’être le plus intelligent et le plus sage de la Terre entière.

Ce récit contenu dans le livre des Rois (livre I, chapitre III) rapporte la triste histoire de deux jeunes mères  de deux beaux nourrissons dont l’un meurt étouffé par sa mère qui, dormant d’un sommeil profond, se retrouva sur le corps du bébé privé de vie. S’éveillant avant la deuxième mère, elle saisit le bébé mort et le met à la place de l’autre bébé vivant. Il s’en suit des discussions et, Salomon que D a doté d’une très fine sagesse, décèle dans l’argumentation des deux mères qui dit vrai et il en vient à trancher en ordonnant le partage de l’enfant de manière à provoquer le véritable instinct maternel. C’est-à-dire que la jalousie de la mère dépossédée de son enfant peut arriver à tuer un être innocent au mépris des sentiments licites d’une mère acculée.

Je ne m’étendrais pas ici sur les circonstances diverses qui ont pu obliger la femme dont l’enfant est mort de se conduire ainsi mais, notre propos est de constater à quel point la jalousie peut être meurtrière témoin la vente de Joseph par ses frères ou ici d’un bébé qui eût pu être sacrifié injustement.

Caroline Elishéva REBOUH

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