Migrants : quand Menton enterre Schengen

FIGAROVOX/ANALYSE – Deux cent migrants ont traversé la frontière à Menton avant d’être renvoyés en Italie. Pour Alexis Théas, si les Etats ont certes rétabli des frontières, ils n’ont aucune solution à long terme pour contrôler la Méditerranée.


Alexis Théas est universitaire et juriste.


La crise des migrants en Europe se poursuit et les arrivées ne semblent pas se tarir. Du 6 au 8 août, 200 étrangers en situation irrégulière, après être entrés en Italie, ont franchi la frontière franco-italienne. La plupart ont été interpellés par la police et réadmis, c’est-à-dire remis aux autorités italiennes.

Cet événement reflète la faillite de la politique européenne de libre circulation de Schengen, au coeur des politiques de l’Union européenne depuis le début des années 1990. En principe, les pays de l’Union ont aboli les contrôles aux frontières entre eux, pour assurer la libre circulation, et ont engagé une coopération pour mettre en place une frontière commune avec le reste du monde.

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En 2015, cette frontière commune, fragilisée depuis fort longtemps, a achevé de voler en éclats avec l’arrivée de plus d’un million de migrants clandestins et de réfugiés en Europe, attirés par les coups d’éclat intempestifs de la chancelière allemande Mme Merkel et du président de la Commission M. Juncker, qui ont appelé le continent à «ouvrir les bras aux migrants».

Ce flux soudain et massif a bouleversé les consciences sur le continent européen: noyades, foules d’hommes de femmes et d’enfants en perdition, multiplication des bidonvilles et des squats, graves incidents de Cologne, poussées de violence.

Même si personne n’a le courage et l’honnêteté de le reconnaître, Schengen est mort sur ce champ de ruine. Dès lors que la frontière extérieure européenne a sombré, les Etats ont rétabli spontanement leur contrôles aux frontières intérieures, c’est-à-dire entre eux: Allemagne, Danemark, Autriche, Suède, Pays-Bas, Belgique, France, etc.

Le sommet du mensonge et de la manipulation consiste à invoquer le droit européen pour justifier le rétablissement de ces contrôles. De fait, les articles 23 et 24 du règlement européen du 15 mars 2006, dit «code des frontières Schengen», autorisent le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, mais uniquement en cas de «menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure», excluant explicitement le motif de maîtrise de l’immigration (considérant 5). Cette mesure peut être décidée de manière unilatérale par un Etat pour une période de trente jours renouvelable, mais dans la limite maximale et impérieuse de six mois.

Le 26 juillet dernier, le ministère de l’Intérieur français a notifié à la Commission qu’il avait décidé de prolonger à nouveau pour six mois les contrôles aux frontières intérieures rétablis à la suite des attentats du 13 novembre. Cette décision est doublement illégale au regard du «code frontière Schengen». D’une part, elle porte sur un objectif de contrôle de l’immigration. D’autre part, la perspective de prolonger au-delà de six mois les contrôles aux frontières intérieures est rigoureusement exclue par le droit européen. Nous en sommes à huit mois et nous en serons à quatorze mois à la fin de la nouvelle période…

L’attitude du gouvernement socialiste s’explique par l’état de l’opinion publique, accablée à la suite de la vague d’attentats terroristes. Elle prend acte de l’effondrement de l’Europe de la libre circulation et à travers elle, de l’Union européenne. A quelques mois des élections présidentielles, le parti socialiste au pouvoir opte pour une stratégie de fermeté dans la maîtrise des frontières. On peut lui rendre hommage, dans un tel contexte, d’avoir choisi le réalisme contre le respect d’un droit européen exagérament pointilleux et contraignant. Cependant, cette décision s’habille d’un manteau d’hypocrisie en se présentant comme respectueuse de la libre circulation. On peut dire aussi qu’elle contraste avec le laxisme avéré de la politique d’immigration du parti socialiste, dont témoigne la loi du 6 mars 2016. La prise de conscience est donc bien tardive.

Mais surtout, imposée par l’urgence, l’état de l’opinion publique et l’approche des élections, cette décision ne règle rien sur le fond et sur le long terme. La crise des migrants prendra fin le jour où les Etats européens décideront d’unir leurs forces pour reprendre le contrôle de la Méditerranée par une action militaire commune, de frapper les passeurs esclavagistes et criminels, de secourir les migrants dans le zones de départ et de transit, avant qu’ils n’embarquent, de se donner les moyens d’une politique commune d’aide au développement et à la stabilisation des pays d’origine. Nous en sommes bien loin à l’heure où l’Europe, en voie de désintégration, se déchire plus que jamais.

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germon

1° les « migrants » ne sont ni des émigrants ni des réfugiés mais simplement des gens bien nourris qui veulent profiter des pays de l’UE pour être nourris, logés et soignés gratuitement, c’est leur droit mais c’est NOTRE DROIT le plus strict de dire que nous ne voulons pas d’eux car nous avons 5 millions de chômeurs et que leur mode de vie ne convient pas au nôtre.
2° c’est la faillite de l’UE et de ses bureaucrates antisémites
3° il faut une pétition au niveau national pour exiger la démission des eurocrates que nous engraissons
4° il faut exiger de toutes les instances de l’UE la publication de leurs dépenses.