ENTRETIEN. Michel Polnareff : « L’intérêt de ce disque est qu’il est vrai » …

Dans un nouvel album, Michel Polnareff propose des versions piano-voix de ses grands succès, plaisantes à écouter, fidèles, mais avec de petites improvisations plutôt inspirées.

Après l’échec commercial de son précédent album (Enfin !, 2018), on n’attendait pas si vite un nouveau disque de Michel Polnareff, 78 ans. C’est dans un hôtel parisien que nous l’avons rencontré, fidèle à son image : cheveux platine ondulés mi-longs, teint bronzé, ses fameuses lunettes noires rectangulaires sur le nez. Sa chemise, ouverte sur le torse, laisse apparaître un pendentif. Au poignet, deux montres connectées. Il est 17 h. Il sirote une coupe de champagne, en propose une…

Pourquoi cet album piano-voix ?

Pour me mettre à poil, une nouvelle fois… Je me suis surtout demandé si c’était ça que le public attendait. C’était aussi un challenge. Avais-je toujours la voix ? Je suis très content du résultat.

Travaillez-vous le piano régulièrement ?

Pas du tout. Il faut se venger des huit heures par jour subies pendant cinq ans quand j’étais petit. Le piano, j’en joue de temps en temps. Pour la voix, je n’ai jamais fait de vocalises, jamais pris de leçon de chant.

A-t-elle changé ?

Elle a pris du médium, mais je la trouve plus pleine qu’avant et je n’ai pas perdu les aigus.

« Dans Mes regrets, je craque en plein milieu »

Pas de préparation spécifique donc ?

Non, ce sont des improvisations. L’intérêt de ce disque pour moi, c’est qu’il est vrai. Certaines des chansons ont été difficiles à chanter à cause de souvenirs personnels pas forcément gratifiants, pas forcément « happy ». Des choses sont remontées à la surface, personnellement ou artistiquement. Dans Mes regrets, je craque en plein milieu. Je ne savais pas s’il fallait le laisser car c’était un peu privé, mais on a décidé de montrer la vérité de l’émotion de l’album.

Le choix des titres, principalement des années 1966-1972, a été évident ?

Ce sont les incontournables.

Mes regrets ne fait pourtant pas partie de vos grands tubes…

C’est une belle chanson qui mérite d’être plus connue.

Dans Holidays, très réussi, il y a une vraie osmose entre le piano, les mots et la voix…

Pour moi, c’est le meilleur titre de l’album. Il dépasse les autres, c’est spatial. Je ne sais pas comment ça s’est passé.

Avec Tout, tout pour ma chérie en version beatbox, vous vous amusez. C’est venu comment ?

Aucune idée.

Vous n’êtes pas facile…

Ce n’est pas que je ne veux pas répondre. Un des secrets de cet album, c’est que j’ai un studio professionnel chez moi. J’y vais quand je veux. Une envie, une pulsion, qui vient d’où ? J’aimerais le savoir. Ce serait plus facile de connaître le secret de comment on fait.

« Ce n’est pas forcément le succès qui me fait les aimer »

Travaillez-vous la nuit ?

Il n’y a pas de règle. Je vis dans le désert où la vie nocturne est inexistante. Je me couche plutôt tôt et j’essaie de me lever plutôt tard.

Quelles sont, vous, vos chansons préférées ?

Ce n’est pas forcément le succès qui me fait les aimer. Une simple mélodie est l’une de mes favorites. Toi et moi aussi. Et pour moi, Y’a que pas pouvoir qu’on peut est un petit chef-d’œuvre de technique.

Avez-vous un piano favori ?

Mon piano, un Yamaha, c’est le meilleur au monde. À l’époque, il était dans un studio à Los Angeles. Quand j’y ai joué, j’ai ressenti un sentiment que je n’avais jamais connu. Je ne jouais pas, c’est le piano qui jouait. J’ai voulu l’acheter. Le patron du studio m’a dit qu’il ne pouvait pas me le vendre car on venait du monde entier pour ce piano : Bruce Hornsby, Elton John, Billy Joel… Un jour, j’ai appris que le studio fermait. Je me suis précipité.

Avez-vous écrit de nouvelles chansons ?

J’ai des tonnes de nouveaux thèmes, dont les paroles ne sont pas forcément écrites, donc ce ne sont pas encore des chansons.

Qu’aimeriez-vous comme épitaphe ?

Il était bronzé.

Vous n’êtes pas sérieux ?

Non. Je suis un nouveau-né…

Polnareff chante Polnareff, Parlophone, 12 titres. En concert à Nantes (Zénith) le 30 mai 2023, à Brest le 9 juin (Arena).

Recueilli par Michel TROADEC. Ouest-France  larochesuryon.maville.com

Une vingtaine de dates sont prévues. [©VALERY HACHE / AFP]

 

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