La frontière irako-syrienne est ouverte, ce qui facilite la liaison entre les milices iraniennes, le Liban et les frontières israéliennes

Omar Abu Laila, un militant syrien de la province de Deir el-Zour, dans l’est du pays, qui borde l’Irak, lui-même basé en Europe, a déclaré à l’agence Associated Press que l’ouverture du terminal profiterait principalement à l’Iran et aux milices qui lui sont alliées.

L’Irak et la Syrie ont ouvert, lundi, un poste frontalier important entre les deux pays voisins, sept ans après sa fermeture, pendant toute la durée de la guerre civile en Syrie et la bataille contre le groupe État islamique. Mais cette réouverture constitue un renforcement de l’influence de l’Iran dans la région, permettant aux milices soutenues par l’Iran en Irak un accès plus facile à la Syrie orientale et à la Méditerranée.

Ceci se déroule à un moment de forte tension dans la région entre Téhéran et Washington, après l’effondrement de l’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales. La région a été un point de friction entre les combattants kurdes soutenus par les États-Unis, les troupes du gouvernement syrien et leurs alliés soutenus par l’Iran.

L’ouverture du poste-frontière reliant la ville irakienne de Qaim à (Al) Boukamal en Syrie devrait (entre autres) renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays arabes.

Dans un geste symbolique, le ministre syrien de l’Intérieur, le général Mohammed Khaled Rahmoun, accompagné de troupes syriennes, a traversé le côté irakien de la frontière, où les troupes des deux pays se sont embrassées et ont pris ensemble des selfies. Des dizaines d’Irakiens et de Syriens vivant dans les villes frontalières ont également assisté à la cérémonie.

« L’ouverture de ce poste frontière est le résultat de victoires remportées par notre peuple en Syrie et en Irak contre des organisations terroristes », a déclaré Rahmoun.

Le point de passage de Boukamal a été fermé en 2012, alors que les rebelles luttant pour renverser le président syrien Bashar Assad s’emparaient d’une grande partie de l’est de la Syrie.

Al-Qaim et Al-Boukamal ont ensuite été contrôlés par le groupe État islamique jusqu’en 2017, lorsque les troupes syriennes et irakiennes ont conquis les villes tombées aux mains des extrémistes. La défaite territoriale du groupe a été annoncée en Syrie en début de cette année.

Kadhim Mohammed, qui représentait le Premier ministre irakien lors de la cérémonie, a déclaré que l’ouverture de la frontière « ouvre une nouvelle page qui représente la  phase de reconstruction ».

L’ouverture de la frontière apporte un soulagement supplémentaire au gouvernement d’Assad, après la réouverture des frontières avec la Jordanie et les hauteurs du Golan sous contrôle israélien, tenues par les soldats de la paix de l’ONU, l’année dernière. Après huit années de guerre, Assad – avec le ferme soutien de la Russie et de l’Iran – a repris la majeure partie du pays aux rebelles et la réadmission au sein de la Ligue arabe lui apporte un soutien croissant.

Les autorités irakiennes avaient installé des tentes pour la cérémonie de lundi, dans des conditions de sécurité strictes, avec des troupes déployées autour du passage. Malgré leur défaite officielle, les cellules dormantes de l’EI sont toujours tenues pour responsables d’attaques meurtrières des deux côtés de la frontière.

« L’ouverture du terminal de Boukamal-Qaim est une victoire de l’amitié syrienne et irakienne contre le terrorisme takfiri », lit-on sur une bannière placée du côté syrien de la frontière, faisant référence à l’idéologie extrémiste de l’EI. Le groupe contrôlait autrefois de grandes parties de la Syrie et de l’Irak, où son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, a proclamé un soi-disant califat en 2014. Le groupe a perdu son dernier lambeau de terre dans l’est de la Syrie en mars.

Irak Syrie gardes-frontières à l'ouverture du passage

Irak Syrie gardes-frontières à l’ouverture du passage

 

L’ouverture des frontières pourrait toutefois profiter à l’Iran qui cherche à sécuriser une route terrestre vers la Méditerranée via l’Irak, la Syrie et le Liban. Téhéran jouit d’une large influence par le biais de ses alliés dans les trois pays.

Omar Abu Laila, un activiste syrien basé en Europe, originaire de la province de Deir el-Zour, dans l’est du pays, qui borde l’Irak, a déclaré à The Associated Press que l’ouverture du terminal ne profiterait pas principalement aux habitants de la région, mais à l’Iran et aux milices qui lui sont alliées.

« L’ouverture du terminal permettra aux Iraniens, aux milices chiites et au Hezbollah de renforcer leurs activités », a-t-il déclaré. « L’ouverture du terminal constitue un défi iranien à l’Amérique et à la communauté internationale ».

Quelque 800 camions de fret devraient traverser la Syrie après l’ouverture de la traversée, a annoncé l’agence de presse officielle syrienne.

Al-Qaim était autrefois une escale florissante sur l’autoroute reliant Damas à Bagdad. Bien avant qu’une frontière dure ne se matérialise dans la seconde moitié du XXe siècle, les tribus envoyaient leurs époux et épouses à travers la frontière pour se marier, prolongeant les branches de leurs familles des deux côtés.

L’ouverture du passage a été reportée à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Au début septembre, la Syrie a accusé Israël d’avoir organisé une attaque aérienne nocturne contre un dépôt d’armes et un avant-poste de milices soutenues par l’Iran à Al-Boukamal qui, selon l’activiste de l’opposition, aurait tué au moins 18 combattants.

Ouverture du passage frontalier Irak-Syrie

Ouverture du passage frontalier Irak-Syrie

 

Israël considère l’Iran comme son plus grand ennemi et, alors que la guerre civile en Syrie se termine, il a répété à plusieurs reprises qu’il ne permettrait pas aux troupes iraniennes – qui combattent aux côtés des forces d’Assad – de maintenir une présence permanente dans la Syrie d’après-guerre.

La Syrie et l’Irak ont trois points de passage frontaliers importants, Boukamal étant le seul contrôlé par le gouvernement d’Assad. Le second est contrôlé par des combattants dirigés par les Kurdes et soutenus par les Américains, connus sous le nom de Forces démocratiques syriennes, tandis que le troisième point de passage, à proximité d’Al Tanf, est tenu par des rebelles syriens soutenus par les Etats-Unis.

Adaptation : Marc Brzustowski

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Bonaparte

@  » L’ouverture de la frontière Syrie-Irak facilite “l’autoroute” iranienne  » .

Israël et les EU pourraient installer un poste de péage .

christopher.dee

En bonne et due forme.