L’Iran couronné grande puissance régionale au seuil de la bombe atomique. Un triomphe pour Obama, un fiasco pour Netanyahu. 

Dans ses grandes lignes, l’accord nucléaire finale, obtenu mardi 14 juillet, entre les six puissances et l’Iran – après une décennie de négociations sporadiques et de suspensions répétées – récompense Téhéran par une levée des sanctions en l’échange de la réduction dans son rythme d’application de son programme nucléaire. La façon dont les sanctions seront levées et la nature exacte des inflexions du programme nucléaire seront détaillées dans la version finale de l’accord nucléaire, quand il sera rendu public.

Du point de vue des analystes de Debkafile, cet accord est une étape importante dans les menées du Président Barack Obama qui cherche à orienter la politique étrangère américaine vers un rapprochement avec l’Iran (suivi par un autre, vis-à-vis de Cuba), tout en tournant le dos aux deux alliés traditionnels des Etats-Unis au Moyen-Orient : Israël et l’Arabie Saoudite. Il consacre Téhéran comme la puissance dominante dans la région, qui se tient au seuil de l’obtention de la bombe nucléaire.

Les ministres des affaires étrangères des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Chine, de France, d’Allemagne et de Russie se sont réunis, à une heure du matin, pour tenter une dernière percée pour s’accorder sur le texte final. Les derniers points d’achoppement correspondaient aux conditions de dernière minute exigées par l’Iran : une levée immédiate de l’embargo aux Nations-Unies sur l’achat et les ventes d’armes de l’Iran et l’interdiction de son programme de missiles balistiques.

Lever l’embargo permettra à l’Iran d’armer librement des groupes terroristes désignés comme tels par l’Amérique, comme le Hezbollah et le Hamas, ou encore les rebelles yéménites. La Russie et la Chine, en tant que fournisseurs d’armes de Téhéran, soutenaient l’Iran sur ce point.

L’accord imposait une limite de dix ans aux travaux nucléaires de l’Iran et il a été calculé pour reporter d’un an [NDLR : en réalité, guère plus de 3 mois] toute percée nucléaire.

Une source diplomatique a déclaré à Reuters qu’on chercherait, ce mois-ci, une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui confirmerait les inflexions iraniennes pour réduire son programme nucléaire et la levée des sanctions à mettre en oeuvre, dans la première moitié de l’année 2016.

Cette source a affirmé que l’Iran et l’Agence Internationale à l’Energie Atomique se sont mis d’accord sur un plan permettant de répondre aux questions en suspens, concernant les dimensions « suspectes » du domaine militaire, dans l’activité nucléaire « passée » de l’Iran, d’ici la fin de l’année 2015. Il a déclaré que certains allégements de sanctions sont conditionnés à la résolution de ces problèmes par Téhéran.

Selon l’un des derniers projets de rédaction de cet accord, l’Iran a accepté une seule visite du complexe militaire de Parchin, où on soupçonne l’Iran de procéder à des tests de détonation de bombe atomique, et des entretiens éventuels avec des scientifiques nucléaires iraniens. Le Guide Suprême de l’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei, a fermement interdit ces deux mesures. Il n’est pas encore clarifié de quelle façon cette question a pu s’affiner dans le texte final.

L’accord va maintenant passer devant les corps législatifs des pays signataires. Le Congrès américain dispose de 60 jours pour examiner l’accord, le Président Barack Obama étant confronté à un dur marchandage devant le Sénat, alors que lui-même et le Secrétaire d’Etat John Kerry ont combattu sans quartier pour le faire valider, et que de nombreux représentants américains, à l’instar du Premier Ministre Binyamin Netanyahu, l’ont dénoncé comme un « mauvais accord ».

Les Iraniens maintiendront les Etats-Unis sur le feu bouillant, même après la cérémonie de signatures. Le Majlis à Téhéran demandera d’acter une loi requérant que l’accord soit réexaminé toutes les périodes de quelques mois et de pouvoir l’annuler si les USA ne passent pas le test de conformité édicté par les députés iraniens.

Cette semaine, Khamenei a dénoncé l’Amérique  » comme l’incarnation de l’arrogance planétaire » – sans le moindre égard pour les mois d’étroite collaboration avec l’Administration Obama, dans le cadre des guerres iraniennes en Irak, en Syrie et au Yémen.

En effet, des officiers américains dirigent la guerre contre l’Etat Islamique-Daesh en étroite synchronisation avec les Commandants des Gardiens de la Révolution iranienne. De plus, Washington a suspendu des livraisons d’armes à grande échelle aux rebelles syriens, pour des considérations tenant compte des intérêts de l’allié de Téhéran, Bachar al Assad. Lorsque des civils saoudiens sont obligés de prendre la fuite sous les tirs de missiles des rebelles houtis appuyés par l’Iran, l’Administration Obama préfère regarder dans une autre direction.

La situation dans ces zones de guerres pose une menace plus grande, même, que cet accord signé à Vienne, mardi.

Même si l’Iran donne effectivement suite aux inspections de Parchin et même si les toutes dernières sanctions ne sont levées qu’en 2016, l’impact de cet accord reste une pâle comparaison de cette tourmente largement déclenchée par Téhéran et la promotion de l’Iran sur la scène internationale. Quoi qu’il en soit, beaucoup de ces sanctions ont déjà été levées en douceur, afin d’obtenir le consentement de l’Iran pour qu’il participe aux discussions. L’Iran n’a jamais interrompu son développement de missiles balistiques intercontinentaux.

Pour Obama, c’est une grande victoire, autant que c’est un fiasco majeur pour Binyamin Netanyahu. Les manoeuvres du Président américain depuis 6 ans sont parvenues à reporter sine die toute action militaire israélienne pour paralyser les capacités d’armement nucléaire de l’Iran. Désormais, après la conclusion d’un accord international qui laisse intact le programme nucléaire de l’Iran, l’option militaire est vouée à l’échec – au moins dans un avenir proche.

DEBKAfile Reportage Spécial 14 juillet 2015, 12:15 PM (IDT)

Adpation : Marc Brzustowski.

 

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