Les manifestations populaires visent pour la première fois le système politique libanais. Est-ce une révolution?

Lebanese demonstrators stand with a national flag behind a make-shift barricade amidst clashes with security forces during a mass protest at Riad al-Solh Square in the centre of the capital Beirut on October 18, 2019 against dire economic conditions. – Thousands of Lebanese blocked major highways and burnt tyres for a second day to protest corruption and proposed tax hikes, as dozens of people were injured in clashes with security forces that threatened the country’s fragile coalition government. (Photo by – / AFP)

Les manifestations qui se sont déroulées dans tout le Liban en sont à leur troisième journée, ce samedi 19 octobre, animées par des slogans tels que «Révolution!» Et «Le peuple veut faire tomber le régime». Le peuple est-il prêt à aller jusqu’au bout, cette fois-ci, comme l’ont fait certaines masses arabes au printemps 2011? Leur colère face à la réticence de l’élite dirigeante de leur pays à renoncer à une partie de ses richesses et de leur pouvoir, au milieu d’une économie en ruine l’emportera t-elle?

Les précédentes manifestations de rue au Liban se sont estompées sans entacher la structure du pouvoir, comme la «révolution du cèdre» de 2005 et la révolution des ordures ménagères de 2018 (lorsque la rupture des services gouvernementaux a laissé des montagnes de déchets dans les rues jusqu’à aujourd’hui). Les nouvelles taxes, notamment une taxe gouvernementale sur les SMS de WhatsApp, sur les téléphones portables, ont déclenché les manifestations qui ont mené au verrouillage du centre de Beyrouth, des écoles, des magasins, de l’aéroport international et des autoroutes du pays.

Le Premier ministre Saad Hariri a déclaré, vendredi soir, dans un discours à la nation, que son programme de réforme économique devait être approuvé et mis en œuvre dans les 72 heures. Il n’a pas dit ce qui se passerait si ce n’était pas le cas. Ce signe de faiblesse a encore attisé la colère populaire.

Hariri ne peut pas faire grand chose dans un régime dont les principaux postes sont divisés en groupes religieux-ethniques-tribaux, entre son propre groupe de musulmans sunnites, les chrétiens du président Michel Aoun et le Hizballah chiite musulman de Hassan Nasrallah. Le Liban fait faillite depuis que les gouvernements du Golfe ont suspendu leurs échanges avec les banques de Beyrouth dans le cadre d’une action contre le puissant supplétif libanais de l’Iran, le Hezbollah. En conséquence, la moitié des 6 millions d’habitants du Liban sont déconnectés du réseau électrique et le taux de chômage a dépassé les 30% chez les jeunes.

Cette fois, le ressentiment populaire ne se déverse pas contre un seul dirigeant ou son groupe, mais, pour la première fois dans l’histoire libanaise moderne, contre le système dans son ensemble, où trois dirigeants rivaux dirigent le pays dans le cadre d’un consensus élaboré au préalable pour mettre fin aux guerres civiles endémiques du pays. Cependant, ni Aoun, ni Hariri, ni Nasrallah ne montrent aucun signe d’abandon ni de dissolution de leurs milices privées pour créer un nouvel ordre politique au Liban.

C’est ainsi que la colère des manifestants, qui s’est tournée vers la violence et le vandalisme, s’est dispersée contre tout le système au pouvoir à Beyrouth, dans un élan qui pourrait être le prologue d’une nouvelle guerre civile. Jusqu’à présent, les émeutes et les affrontements avec les forces de sécurité n’ont pas révélé de dirigeant capable de mener une révolution populaire pour renverser les élites au pouvoir. Le triumvirat au pouvoir peut donc compter sur le fait que les manifestants finissent par céder lentement et se résignent à continuer de s’installer au milieu des piles de déchets – ou refusent cet état de fait.

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Popular protests target Lebanon’s political system for the first time. Is it a revolution?

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LACHKAR Norbert

IL EST GRAND TEMPS QUE LE LIBAN SE DEBARASSE DE AOUN ,DE TOUTE SA CLIQUE ET SURTOUT DU HEZBOLLAH QUI EST CHITE ET N’A RIEN A VOIR DANS CE PAYS.LES LIBANAIS ONT COMPRIS QUE LORSQUE LA PROCHAINE GUERRE ECLATERA ENTRE LE HEZBOLLAH ET ISRAEL, QUI SERA CERTAINEMENT TRES VIOLENTE, TSAHAL NE POURRA PAS FAIRE LA DIFFERENCE ENTRE LES LIBANAIS ET LES TERRORISTES CHITES ET DE CE FAIT C’EST UNE GRANDE PARTIE DU LIBAN QUI RISQUE D’ETRE ANEANTIE..LA SEULE SOLUTION,QUE LE HEZBOLLAH DEGAGE ET AILLE REJOINDRE SES COMPARSES IRANIENS QUI VONT BIENTOT AVOIR BESOIN D’EUX CONTRE TSAHAL

Moshe

Nous on est d’accord, mais il faudrait convaincre les Libanais…

Shlomo Khalifa

Les Libanais qui manifestent ont l’air bien convaincus, mais les Musulmans sunnites et les Chrétiens anti-Hezbollah (chiite) auront-ils le courage d’exiger la dissolution du parti des milices chiites, lequel parti constitue en fait un Etat dans l’Etat ?