L’étude réalisée par Marc Hecker, directeur des publications de l’Ifri, se base sur les jugements de 137 individus condamnés dans des affaires de djihadisme.

S’il n’existe pas de profil type du djihadiste français, il y a, en revanche, certaines tendances communes qui se dessinent. C’est ce que révèle une étude menée par Marc Hecker, directeur des publications de l’Institut français des relations internationales (Ifri) et dévoilée mercredi 28 mars par Franceinfo.

Marc Hecker s’est basé sur les jugements de 137 individus majeurs condamnés en France dans des affaires de djihadisme, entre 2004 et 2017.

52% d’entre eux ont un lien avec la petite délinquance

Son échantillon met en évidence plusieurs variables, qui tendent elles-mêmes à établir une liste de caractéristiques, une sorte de « profil type » fictif ou de portrait-robot du djihadiste. Ce sont ainsi plus fréquemment des hommes qui s’engagent dans cette voie : l’étude, qui sera publiée le 10 avril prochain, dénombre 131 hommes pour six femmes. L’âge moyen se situe autour de 26 ans. Au micro de la radio, Marc Hecker constate :

« Depuis 2016-2017, il a tendance à rajeunir [de deux ans]. »

Parmi les dossiers étudiés, 90% des djihadistes sont nés dans des familles nombreuses et « fréquemment disloquées », précise l’étude. 40% sont issus des quartiers défavorisés.

Comme Radouane Lakdim, 40% des individus étudiés ont en outre été condamnés au moins une fois pour violences, vols, escroqueries, trafic de stupéfiants ou délits routiers et 12% d’entre eux sont connus des services de police pour des faits de petite délinquance. Selon le chercheur de l’Ifri :

« On aime bien mettre en avant des cas spectaculaires avec des gens qui viennent de beaux quartiers, dont les parents sont des CSP+ mais le fait est que ces cas-là, statistiquement parlant, sont des exceptions. »

« Mener des actions de prévention plus efficaces »

Ceux qui passent à l’acte ont un faible niveau de connaissances religieuses, note en outre l’étude. Elle souligne par ailleurs que les jeunes étaient davantage instruits dans la première décennie des années 2000. Au sein de l’échantillon, 59% des personnes ont des parents originaires du Maghreb. L’enquête compte également 74% de musulmans de naissance, contre un peu plus d’un quart de convertis à l’islam. Enfin, 69% des cas examinés sont des Français et 22% des binationaux.

 

Les critères avancés permettent au chercheur de réfuter la thèse des « loups solitaires » :

« Des personnes peuvent passer à l’acte seuls mais on se rend compte après coup qu’ils avaient un réseau derrière eux, des proches au courant et qu’ils baignaient dans une mouvance avec une idéologie bien installée. »

Internet, maintes fois blâmé comme facteur prépondérant du processus de radicalisation, servirait en réalité davantage à la préparation d’actions, pointe l’étude.

Les causes sociales et démographiques ne justifient toutefois pas le terrorisme, souligne le chercheur, avant de reconnaître que seule une infime minorité passe à l’acte. Marc Hecker explique :

« Le risque politique [de reconnaître l’existence d’un profil type] est bien sûr celui de la stigmatisation, ce qui n’est pas mon but : l’étude essaye de mener des actions plus efficaces en termes de prévention. »

V. Z.

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