Les forces russes s’emparent des bases nord-américaines, de l’espace aérien syrien et des préoccupations des Kurdes

 

Le président russe Vladimir Poutine reçoit son invité turc Recep Erdogan à Sochi le mardi 22 octobre en tant que maître du nord de la Syrie, après que ses forces spéciales ont commencé à s’installer sur des positions américaines évacuées, notamment la grande base aérienne de Tabqa. Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a déclaré samedi que les 1 000 soldats américains qui se retireraient de Syrie resteraient dans l’ouest de l’Irak. Il n’a pas exclu des opérations de contre-terrorisme contre l’Etat islamique d’Irak en Syrie, « une fois les détails réglés ».

Esper n’a fait aucune référence aux démarches militaires négatives turques ou syriennes ni à la situation des Kurdes. Washington a manifestement renvoyé ces problèmes au nouveau pouvoir en place dans l’est de la Syrie, à savoir Moscou.

La réunion Poutine-Erdogan a lieu à l’issue des cinq jours de cessez-le-feu négociés entre les Etats-Unis et la Turquie pour permettre aux forces kurdes de se retirer d’une zone de sécurité convenue le long de la frontière syro-turque.

Les sources militaires de DEBKAfile rapportent que la base aérienne de Tabqa, reprise par les forces russes après l’armée syrienne, est suffisamment grande pour accueillir des bombardiers et des cargaisons aériennes russes. Situé à proximité du plus grand barrage syrien sur l’Euphrate et à 40 km de Raqqa, il offre à Moscou le contrôle total de la Syrie orientale, y compris les régions kurdes du nord-est et de la frontière syro-irakienne, à l’exception de la grande garnison américaine d’Al Tanf qui se situe à l’intersection des frontières syrienne, irakienne et jordanienne.

Le réalignement radical des forces dans ces régions a, presque certainement, été coordonné entre Washington et Moscou, à l’instar des autres mesures militaires découlant de l’incursion turque de la Syrie contre les Kurdes.

Après avoir appelé Moscou et Damas à mettre fin à l’intrusion turque sur leurs terres, les dirigeants kurdes syriens comprennent que la responsabilité de leur sort est passée de Washington à Moscou. Leurs plaintes amères de trahison et d’abandon par l’Amérique, et d’appels à l’aide d’Israël, visent donc à susciter la sympathie de l’opinion publique en Occident, sachant que Moscou est leur seule adresse réaliste pour demander de l’aide.

Poutine se trouve donc dans une situation similaire à celle du président Donald Trump au début de l’opération turque (le 9 octobre). Il doit échapper au même type d’accusations que celles portées contre le gouvernement Trump pour avoir abandonné les Kurdes de Syrie à une armée turque génocidaire, après leur courageux combat contre l’État islamiste, un ennemi partagé par les États-Unis et la Russie.

Le dirigeant russe devra donc faire face à la demande d’Erdogan d’occuper une «zone de sécurité» dans le nord de la Syrie, à laquelle Washington a adhéré, et s’appuyer fermement sur le président turc pour qu’il commence à retirer toutes ses troupes de Syrie et mette fin à son occupation. Les forces kurdes se sont entre-temps conformées aux dispositions de la trêve américano-turque et ont commencé à se retirer de la ville frontalière assiégée de Ras al-Ayn avec leurs civils, leurs combattants blessés et les dépouilles des hommes morts au combat. C’est un signe de leur volonté de compromis, tant qu’une des deux grandes puissances leur offre une protection militaire.

Suite au retrait des Etats-Unis, le contrôle militaire et aérien accru exercé par Moscou sur le nord-est de la Syrie appelle à une extension de l’accord de coopération militaire israélo-russe qui limite les frappes aériennes israéliennes contre l’Iran, déjà appliqué au nord et à l’ouest. Des ajouts à ces accords devront être négociés. Par conséquent, on peut supposer que le Premier ministre Binyamin Netanyahu se rendra bientôt à Sochi pour discuter de la coordination avec Poutine et ses chefs de la défense, grâce à laquelle l’armée de l’air israélienne est autorisée à frapper l’Iran et ses milices supplétives au-dessus de certaines parties de l’est de la Syrie et à partir de quelles autres parties ce même type de frappes lui sont déniées par Moscou.

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Adaptation : Marc Brzustowski

Russian forces take over America’s N. Syria bases, E. Syrian airspace, and concern for Kurds

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Damran

Nous avons beau tourner le canard dans tous les sens, nous n’arrivons pas à comprendre la décision de TRUMP, aussi brutale qu’inattendue, de quitter les lieux sans motif recevable, et encore moins, d’avoir abandonné les Kurdes qui ont été livrés aux mains du Sultan d’Istanbul qui commet des atrocités.
La Russie va augmenter son implantation en Syrie, et installer/créer de nouvelles bases.
Ce renforcement de la présence russe aux portes d’Israël n’est pas une bonne nouvelle sachant que les matériels d’écoute, d’observation et autres joujoux militaires de brouillage et de protection, risquent de rendre plus difficile le travail de l’aviation israélienne, en cas de coup dur.
Maintenant, les troupes américaines qui ont quitté la Syrie, sont parties en Irak pour protéger le pétrole, sauf qu’ils ne sont pas du tout les bienvenues, et qu’ellels risquent de partir la queue entre les jambes si des attentats sont commis contre eux, comme ce fut déjà le cas.
Décidément, chaque président américain commet des énormités géostratégiques hallucinantes au Moyen Orient, en le rendant encore plus chaotique et plus instable.
Pendant ce temps, en silence, l’Iran continue sa course vers l’arme nucléaire en accélérant son programme.
A moins que l’on nous explique en quoi la décision de TRUMP de quitter la Syrie est un acte génial de haute envergure, nous sommes en droit de ne pas l’apprécier et encore moins de le soutenir ….