Adonis: «Il n’y a pas pires destructeurs de l’islam que les musulmans eux-mêmes»

Adonis, Ali Ahmed Saïd de son vrai nom, était l’invité de l’édition 2023 du Salon international de l’édition et du livre à Rabat. Dans cet entretien avec Le360, l’illustre écrivain et poète syrien dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Plusieurs intellectuels arabes ont foulé les allées du Salon International de l’édition et du livre (SIEL) à Rabat. Adonis, Ali Ahmed Saïd de son vrai nom, en fait partie. Cet écrivain et poète syro-libanais, qui vit et travaille en France, y a présenté son recueil «Ainsi parle Adoniada», réalisé en collaboration avec l’artiste peintre Ahmed Jarid. «J’ai apprécié cette collaboration, car je me suis toujours dit que l’artiste arabe doit sortir des frontières qui ont été dessinées par la Renaissance», confie Adonis dans un entretien avec Le360.

L’auteur de «Toucher la lumière» (1997) et de «Prends-moi Chaos dans tes bras» (2015) publie des recueils de poèmes qui sont souvent accompagnés de dessins ou de gravures d’artistes. Une expérience presque artisanale qu’il réédite à chaque fois qu’il en a l’occasion tout en imposant ses points de vue et ses opinions qui sont souvent mal interprétés. Donner au mot une portée plastique, pour tisser un lien entre la vue et la conscience spirituelle, se trouve au centre des préoccupations artistiques et littéraires d’Adonis.

Aujourd’hui considéré comme étant l’un des plus grands poètes arabes vivants, surtout après la disparition en 2008 de Mahmoud Darwich, Adonis est un artiste influent. En tant que critique contemplateur tel qu’il aime à se définir lui-même, il opère une sorte de réévaluation critique de la tradition poétique arabe vis-à-vis des pressions intellectuelles et religieuses du monde arabe actuel.

À ce propos, il dira dans cette rencontre avec Le360 que le problème n’est pas la religion, mais plutôt la manière dont elle est interprétée et comprise. «Le problème de l’islam, c’est qu’il est devenu pour beaucoup une sorte de capital politique et social. Il faut absolument sortir de l’institution religieuse», décrypte Adonis, avant de poursuivre sur un ton affirmatif, et sans concession: «Je respecte la religion. C’est un droit parmi les droits de l’homme. Mais il n’y a pas pires destructeurs de l’islam que les musulmans eux-mêmes».

JForum.fr et 360

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