Les Erudits Musulmans refusent la normalisation avec Israël

Le 8 novembre 2018, l’Union Internationale des Erudits Musulmans a clôturé son assemblée générale annuelle, tenue à Istanbul. L’institution islamique (créée en 2004 à Dublin), a transféré son siège à Doha (capitale du Qatarie) en 2011. Elle comprend des membres des pays du monde musulman, mais également originaires de minorités ou de groupes islamiques vivant dans des pays démocratiques. En novembre 2018, pas moins de 1500 universitaires (originaires de 80 pays) ont participé à l’Assemblée, ce qui constitue un nombre record d’érudits musulmans dans l’histoire de cette organisation.

S’agissant de son objectif, l’Union s’est fixée d’incarner une référence fondamentale pour harmoniser le projet civilisationnel des musulmans, dans un contexte de coexistence pacifique avec le reste du monde. D’ailleurs, les conclusions adoptées par les Erudits, sont tout à fait novatrice dans la pensée islamique en ce qu’elles prônent la paix et l’entente entre les peuples.

De même, l’Union n’a pas manqué de saluer les Etats, en occident, qui accueillent les musulmans et « qui protègent leurs droits en Europe et ailleurs ». Inversement, elle a condamné « la violence, la ségrégation et le terrorisme, où qu’il se trouve », et dénoncé «l’incitation à des sentiments nationalistes, le racisme, la discrimination raciale et l’islamophobie »…

En termes de tolérance, les Erudits préconisent la nécessité de respecter le pluralisme culturel et religieux, le rejet de l’autre et les conflits hégémoniques, voire le recours à la force pour résoudre les conflits internationaux, tout en rappelant l’importance d’instaurer un dialogue entre les civilisations, plutôt que de laisser s’installer les conflits (mazal tov).

De même, l’Union Internationale des Erudits Musulmans insiste pour que soit respecté le droit à la différence, le principe de liberté et de justice, et l’équilibre des droits et des devoirs pour chaque individu. Elle condamne donc l’injustice, les moyens tyranniques et l’absence de droit des peuples à la liberté, à la dignité et à l’autodétermination. Dans un élan humaniste, l’organisation rappelle que si les peuples ont le droit de résister à  l’injustice, à l’arrogance et à l’exploitation, ils se doivent de respecter les méthodes pacifiques pour atteindre les buts (discours peu coutumier s’agissant de penseurs de l’Islam).

L’institution islamique a donc appelé au respect de la liberté de conscience, notamment pour ce qu’il en est des libres penseurs en Égypte, en Arabie saoudite et aux Emirats Arabes Unis, tout en soulignant la nécessité de parvenir à une réconciliation globale au sein de la communauté islamique qui souffre de divisions sévères entre toutes ses composantes (discours empreint de mesure et de bon sens).

Sur le plan politique, l’Union a donc exhorté les musulmans à s’unir, à s’orienter vers une transformation globale des systèmes politiques, une amélioration du système éducatif (de manière à mettre un terme au sous-développement), une réforme du système jurisprudentiel, une modernisation du système économique pour éliminer la pauvreté et le chômage, et la fin des divisions entre musulmans.

Il convient donc de féliciter l’Union Internationale des Erudits Musulmans pour son courage et sa conscience de la nécessité de transformer la société musulmane afin de lui permettre d’accéder à la modernité et de vivre en bonne intelligence avec les sociétés non musulmanes. A priori, cette structure s’est fixée de faire sauter tous les blocages de la société musulmane, afin de la faire avancer dans la modernité.

Il convient toutefois de nuancer l’enthousiasme : les conclusions du rapport trouvent leurs limites, s’agissant de l’interdiction du meurtre : il n’est proscrit qu’entre les musulmans (sic). Pour l’Union, « le caractère sacré du sang doit être préservé des meurtres et attaques entre les musulmans » (les Erudits apparaissent donc moins regardant, lorsqu’il s’agit de meurtres ou d’attaques contre les non musulmans). De même, « doivent être criminalisées, les atteintes à la vie, à l’argent et à l’honneur », mais uniquement pour ce qu’il en est des relations internes aux musulmans. Les principes ne sont donc pas généralisés, s’agissant des communautés qui ne reconnaissent par Allah comme leur prophète.

Plus grave, les conclusions sont manifestement contradictoires, lorsqu’il s’agit des juifs qui ne font, hélas pas, partie du programme humaniste. Concernant Israël, il n’est plus question d’humanité, de coexistence harmonieuse et pacifique dans le respect de l’autre, ou même de simple droit à la différence. Pire, l’Union encourage explicitement l’hostilité et les combats virulents contre l’Etat juif et rejette tout projet de normalisation des relations entre les pays arabes et Israël.

Plus précisément, l’Union a appelé «les gouvernements arabes et islamiques, ainsi que les institutions scientifiques et civiles à assumer la responsabilité qui leur est confiée à l’égard du caractère sacré de la nation et de ses principaux problèmes, et à rejeter catégoriquement la normalisation».

L’Union peine d’ailleurs à se défaire du principe islamique selon lequel, Jérusalem présente un caractère exclusivement arabe. La capitale de l’Etat juif permet en fait de trouver une utilité aux palestiniens, en l’occurrence, de défendre les lieux de l’Islam, au moyen de la lutte armée. Pour l’Union, « résister à l’occupant est un droit légitime de toutes les lois célestes et les conventions internationales. » Plus précisément, « la fermeté légendaire est le début de la libération de la terre et des lieux saints palestiniens ».

Ainsi, et pour ce qu’il en est des juifs, il n’est plus question d’un dialogue pacifié, de rapprochement entre les peuples, mais juste une raison pour les musulmans de s’unir pour défendre Jérusalem, peu importe les moyens.

Les conclusions de la semaine de travail de « l’Union Internationale des Erudits Musulmans » illustrent donc les carences contemporaines du monde de l’Islam. Si les penseurs de l’Islam parviennent à pointer les problèmes inhérents au fonctionnement du système religieux, dans sa relation aux autres musulmans, aux non musulmans, ou encore tenant à la nécessité de mettre en place un système de gouvernance qui respecte les droits de chacun, dans leur diversité ou leur système de foin, il est toujours enfermé dans sa vérité islamique, tenant à l’absence.

Or, tant que l’Islam n’aura pas été réformé et que les pays musulmans n’auront pas procéder à une « séparation de la mosquée et de l’Etat », il restera enfermé dans ses blocages et de pourra pas libérer la pensée des Erudits musulmans. C’est bien dommage, d’autant qu’ils montrent une certaine bonne volonté pour faire avancer la doctrine.

La pluie de roquettes qui s’est abattue sur l’Etat juif le 12 novembre 2018 est une illustration de cet enfermement de l’Islam. Les terroristes de Hamas sont toujours convaincus que l’entité sioniste doit tomber, conformément au projet d’Allah. Qu’Israël tienne son cap, le Hamas disparaîtra le premier, naturellement.

Par ©Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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rudy

pas si érudits.

Rudy

Haroun le Rachid

érudits … grâce à quoi, leur livre, le coran, ou plutôt l’écoeurant !
Près de cinquante écrivains sont intervenus suivant le cahier des charges baassiste, ils ont mis plus de trois siècles pour le mettre en forme, un écrit plein de mensonges, de fausses recopies du canon juif et farci de récupération auprès des évangiles.
Ce qui navre le plus, ce n’est pas l’usage qu’ils veulent en faire, c’est qu’il y a tellement d’esprits faibles occidentaux, au plus haut niveau, pour croire et accepter ces textes au lieu de les censurer;
en conclusion, ces mêmes esprits faibles, le coran ou les musulmans, ils s’en fichent, ce qu’ils veulent : c’est la disparition d’Israël et des Juifs. Comme les musulmans, ils ne veulent pas des Juifs en vie.

hocdin

L’islam politique et la religion, cet amalgame a crée un phénomène désastreux dans les pays musulmans.
C’est la naissance de l’ OBSCURANTISME !
Si le Prophète Moïse avait voulu faire de la politique et prendre le pouvoir en Égypte, il aurait pu assassiné
celui qui la élevé (pharaon) quand il était bébé.

Rosa SAHSAN

J’ignorais qu’il y avait des érudits musulmans. Je pensais que c’étaient tous des ânes.
ROSA

Alex E. MERALI

Excellent, Rosa SAHSAN. Très bien vu, car les termes «musulman» et «intellectuel» ne peuvent être associés. Il y a incompatibilité absolue.