Relatives and colleagues hold a picture of Samuel Paty during the 'Marche Blanche' in Conflans-Sainte-Honorine, northwest of Paris, on October 20, 2020, in solidarity after a teacher was beheaded for showing pupils cartoons of the Prophet Mohammed. His murder in a Paris suburb on October 16 shocked the country and brought back memories of a wave of Islamist violence in 2015. - Paty, 47, was attacked on October 16 on his way home from the junior high school where he taught by 18-year-old Chechen man Abdullakh Anzorov, who was shot dead by police. Following the attack, tens of thousands of people took part in rallies countrywide to honour Paty and defend freedom of expression. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)

Les coups à fleurets mouchetés de la France face à la violence islamiste

Par Manfred Gerstenfeld

La France connaît des problèmes insolubles avec certaines franges marquées de la population musulmane. Il est probable  qu’il n’existe pas de mesures acceptables dans le cadre de la démocratie libérale, qui puisse régler de façon appropriée cette confrontation, même s’il y avait la volonté politique pour le faire.

Le Président Emmanuel Macron est au courant de ce problème depuis des années. Il s’est exprimé avec force pour dire que son gouvernement va traiter les questions induites. Pourtant, Macron a relativement peu fait sur le terrain au cours de cette période, depuis qu’il est au pouvoir. A présent, les problèmes majeurs provoqués  par la pandémie fournissent une excuse commode pour ne rien faire.

Au cours des dernières semaines, cependant, la réalité a pris le dessus. Un enseignant de lycée, Samuel Paty, a été assassiné le 16 octobre à Conflans- Sainte- Honorine, une banlieue au Nord-Ouest de Paris. Un jeune Tchéchène de 18 ans l’a décapité avec un grand couteau. La victime avait montré des caricatures « controversées » de Charlie-Hebdo du Prophète Mahomet à ses élèves[1].

Le père de l’une des élèves musulmanes a exprimé sa fureur sur Internet. Il a été contacté par le futur assassin, le fils d’immigrés tchétchènes qui étaient arrivés en France plus de dix ans plus tôt. Ce jeune homme a payé des élèves pour lui indiquer qui était le professeur pour qu’il sache qui il devait assassiner. L’assassin s’est ensuite fait tirer dessus et a été tué par la police.

Un tumulte s’en est suivi. Macron et son gouvernement onty compris qu’il fallait passer à l’action avec promptitude. On a annoncé un programme de gouvernement qui s’est traduit par des dizaines de descentes de police et d’arrestations d’individus et le démantèlement de quelques associations musulmanes ayant leurs racines dans l’Islam radical. L’une d’entre elles a été « Le Collectif Cheikh Yacine », qui a pris le nom du fondateur du groupe terroriste Hamas. Le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a déclaré que son président, Abdelhakim Sefrioui, avait apparemment lancé une fatwa contre le professeur[2] . En outre, s’est annoncée l’expulsion d’un certain nombre de demandeurs d’asile radicaux[3].

D’autres incidents ont eu lieu. Le principal concerne une attaque terroriste le 29 octobre dans une église de Nice. Un Tunisien a égorgé trois personnes[4]. Un autre épisode de violence s’est déroulé quand une organisation extrémiste turque, les Loups Gris a profané un mémorial arménien près de Lyon par des slogans pro-turcs. Le gouvernement français a bannis les Loups Gris à la suite de ces exactions[6].

En arrière-fond, au moment de la décapitation, il y avait déjà au moins une bonne raison pour que Macron entreprenne des actions significatives. Les prochaines élections présidentielles se dérouleront en 2022. Comme la question se profile à présent, il semble que la finale pourrait se jouer -comme en 2017 – entre deux candidats : Macron et Marine Le Pen, dirigeante du parti de droite populiste, le Rassemblement National.

Après le meurtre, Le Pen a donné une conférence de presse. Elle a déclaré que la France a besoin d’une législation de temps de guerre pour combattre « une force organisée et réellement installée ». Le Pen a ajouté que Macron avait proposé une stratégie de contention inadéquate et anachronique, alors que la situation en appelle à une stratégie de reconquête[7].

Macron a été l’élève vedette de l’élite universitaire française. Il est bien plus intelligent et mieux informé que Le Pen. Macron est aussi un bien meilleur débatteur comme c’est devenu clair comme le cristal lors du débat de fin de campagne pour les élections de 2017. Pourtant, dans un futur débat, Le Pen disposera d’un argument-massue : il existe une menace majeure contre les valeurs fondamentales de la France et la société, qui émarge d’une frange significative de la communauté musulmane vivant dans le pays. Elle est même capable de se passer de la précaution oratoire « frange » ou « partie » de cette communauté.

L’estimation fréquemment propagée concernant le nombre de Musulmans en France est souvent de 6%. C’est probablement l’évaluation la plus faible. Dans un débat, Le Pen peut dire : « Vous avez beaucoup parlé du problème des Musulmans radicaux, mais vous n’avez rien fait pour le faire baisser structurellement ». Elle peut donner beaucoup d’exemples d’un grand nombre de ghettos en France -presque entièrement peuplés de Musulmans. Un rapport de 2004 avait montré qu’approximativement 1, 8 million de gens  à travers la France vivaient dans des endroits qui étaient soit « déjà des ghettos ou sur la voie d’en devenir[8]« . Depuis qu’ils ont été créés, presque rien n’a été entrepris pour les éliminer. Les autorités ont des difficultés à pénétrer dans ces supposées « zones de non-droit ». Le Pen peut utiliser tout incident supplémentaire grave entre aujourd’hui et les élections  pour renforcer son dossier.

Il y a deux niveaux de considération qui surgissent, concernant les propositions de Le Pen et leur compatibilité avec la loi française. Le premier  est que dans le cadre des lois de la démocratie libérale, on ne peut probablement pas combattre efficacement les Musulmans violents qui ne respectent aucune règle. Plus en profondeur, le moment venu, il se peut très bien que dans le combat nécessaire contre les Islamistes radicaux, une majorité de Français soient en faveur de lancer des actions au-delà des limites admises de la démocratie libérale.

Depuis de nombreuses années en Europe, on a promu une idée en partie erronée qu’il y aurait une différence fondamentale entre Musulmans et Islamistes. Selon cette conception, les Islamistes sont définis comme les adhérents de l’islam politique. Les autres Musulmans religieux se concentrent sur les aspects spirituels de l’islam. Pourtant, en réalité, la différence est bien moins évidente que cela. Les populations musulmanes suivent un modèle continu. A une extrémité, on trouve les gens qui déclarent  qu’ils sont Musulmans parce qu’ils sont nés tels. Leur engagement envers l’islam se termine pratiquement là. A l’autre extrémité , on trouve ceux qui croient  que l’islam leur enseigne de conquérir le monde – que ce soit par la parole ou par l’épée.

Alors que la différence entre les deux extrêmes est énorme, cela bouge tout le long des lignes. L’assassin du professeur n’était pas un radical reconnu comme tel. Il n’avait jamais été identifié en tant que tel au cours des plus de dix ans que sa famille et lui-même ont résidé en France. Parmi les millions de Musulmans présents dans le pays, cela ne peut pas être un cas isolé. Certains de ceux qui ne sont pas violents aujourd’hui peuvent très rapidement se transformer en radicaux et l’inverse. Un facteur supplémentaire, qui joue probablement un rôle dans le processus de radicalisation concerne le chômage massif parmi les jeunes musulmans.

Le rôle des valeurs fondamentales françaises est aussi très important. La séparation entre l’Etat et la religion est un principe clé de l’identité de la société française. Ainsi, on accorde une haute priorité à la protection de l’Etat  laïc. L’auteur Caroline Fourest -une critique de longue date de bien des aspects de l’islam – a écrit récemment que la France a besoin de son Observatoire de la Laïcité :  » pour superviser  les campagnes d’intoxication au lieu de les promouvoir[9]« .

Si la France commence à agir plus activement  contre les Musulmans radicaux, cela peut déboucher sur une série de réactions encore plus fortes, de la part des pays musulmans. La Turquie  qui connaît déjà des relations tendues avec la France, est l’un des candidats probables, ici, pour endosser le rôle de leader. Le Président Recep Tayyip Erdogan a dit que Macron devait se faire examiner quant à sa santé mentale. Certains boycotts des pays français dans le monde musulman sont en route actuellement[10]. Une déclaration de l’ancien Premier Ministre malaisien, Mohamad Mahathir, est encore allée plus loin : « Les Musulmans ont le droit d’être en colère et de tuer des millions de Français à cause des massacres qu’ils ont commis dans le passé[11]« .

Divers auteurs dans des pays environnants ont souligné que l’impact de la décapitation de l’enseignant et la publicité qui lui a été offerte restaient mineurs. C’est un indicateur de la façon dont l’éveil limité de l’Europe agit, dans ce domaine importante. Le fait que les problèmes liés aux Musulmans radicaux et violents existent ailleurs dans plusieurs pays Européens apporte une perspective supplémentaire. Pourtant la France est à l’avant-garde du défi que les Musulmans radicaux représentent pour la démocratie libérale.

Les répliques superficielles que l’actuel gouvernement français contre les Musulmans radicaux ne seront guère perçues à long terme que comme une note de bas de page dans un combat d’une durée incommensurablement plus longue. C’est une lutte pour laquelle   la recherche fondamentale n’a même pas encore été menée. Jérôme Forquet, l’un des commentateurs sociopolitique dominants l’exprime succinctement : « Une course vient de débuter ; à cause de l’aveuglement idéologique, d’un manque d’évaluation ou de la peur de nommer les choses comme elles sont, on a perdu un temps gigantesque[12]« .

 

Cet article est d’abord paru sur le site du Centre Begin-Sadate

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

Adaptation : Marc Brzustowski

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[1] www.bbc.com/news/world-europe-54573356

[2] www.timesofisrael.com/head-of-pro-hamas-group-and-school-parent-said-behind-fatwa-on-beheaded-teacher/

[3] www.politico.eu/article/macron-brandishes-actions-against-radical-islam-in-face-of-criticism/

[4] https://www.bbc.com/news/world-europe-54729957

[5] www.bbc.com/news/world-europe-54787028

[6] www.dw.com/en/france-bans-turkish-ultra-nationalist-grey-wolves-group/a-55503469

[7] www.politico.eu/article/marine-le-pen-sees-political-opening-after-teacher-beheading-in-france/

[8] www.theguardian.com/world/2004/jul/06/france.ameliagentleman1

[9] www.marianne.net/agora/vous-naurez-pas-nos-tetes

[10] www.bbc.com/news/world-europe-54683738

[11] www.independent.co.uk/news/world/europe/muslims-france-malaysian-pm-mahathir-mohamad-

[12] www.lefigaro.fr/vox/societe/jerome-fourquet-comprendre-la-pyramide-de-l-islamisme-radical-20201021, www.crif.org/fr/revuedepresse/france-jerome-fourquet-comprendre-la-pyramide-de-lislamisme-radical

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patriote2020

C’est déjà trop tard.
Le fruit est dans le vers.
Il faudra émigrer ou s’adapter.
Isabelle la Catholique les a chassé aprés plus de 700 ans d’occupation.
Nos descendants attendront donc l’année 2700 pour les en chasser.
Et encore ce ne sera pas certain.
Et tout cà à cause de nos zobs politiques qui n’ont pas eu de c…

jamais existe que dans l'imaginaire

MALHEUREUSEMENT JE PENSE QUE LE VER EST ENTRE TROP PROFONDEMMENT DANS LE FRUIT ET QU’IL SERA TRES DIFFICILE DE L’EN DELOGER.CELA ME FAIT BEAUCOUP DE PEINE POUR UN PAYS QUE J’AIME BEAUCOUP MAIS AVEC DES GENS COMME MACRON,J’AI BIEN PEUR QUE CELA SOIT TROP TARD ET UN JOUR OU L’AUTRE IL FAUDRA RENDRE DES COMPTES AVEC PRES DE 300 MORTS DANS DES ATTENTATS !!!!!

Richard MALKA

Les attaques médiatiques et politiques contre Israël ont une grande responsabilité dans la manière dont les musulmans, parce qu’aussi de plus en plus nombreux se donnent le droit d’agir comme tel, ils testent sur les juifs avant de passer à l’action contre les non juifs.
La non réponse adéquate aux attentas du 11/9/2001 et les véritables coup de couteau dans le dos de Chirac à Bush, ceci accompagné de cette antiaméricanisme primaire n’a fait que renforcé l’islamisme.
Pire encore, ces scène de fleur et autres, bien qu’elles soient nécessaires, sans accompagnement d’action directe et FRACASSANTE, ne font qu’affaiblir et discréditer toute opposition et résistance à cette peste islamique, Cela peut s’assimiler à l’encouragement terrorisme.
Charles Pasqua nous disait: « il faut terroriser les terroristes » quand est-il aujourd’hui.
Quand on dit guerre il faut des règles de guerres ou alors on ferme sa gueule.
Nos dirigeants crachent-ils sur la mémoire de tous ces résistants qui se sont battus pour notre liberté?

Jg

Aucune issue possible ! Avec 20% de musulmans .l islam est d abord une secte qui diffuse ses lois largement acceptées . Les nouveaux convertis sont de plus en plus nombreux et occasionnent des dégâts dans la société française.

Avraham

Et les Juifs dans tout ça ?

Shématisons :

1. Soit Le Pen ne passe pas, et alors la conquête Musulmane se poursuit « comme dans du beurre » (verlan)
2. Soit elle passe, ce qui n’est pas que mauvais, la France a vraiment un gros problème ! Mais les stratégies de démantèlement de structures finiront probablement par des ricochets qui toucherons d’abord les plus pratiquants, puis à plus long terme les assimilés aussi.

Mais il est incontestable pour un vrai Français que son patrimoine est directement menacé (pas le nôtre).